Du Soleil à la Lune ~ [Livaï x OC] ~

Bonus 4 - Tu te souviens de ce jour ?

Assise sur un banc, j'inspire douloureusement l'air frais par la bouche tout en fermant les yeux. En jouant avec mon bracelet d'unité à mon poignet, j'observe au loin le vent secouer les feuilles des arbres du jardin de l'hôpital. Ce n'est pas la première fois que je me retrouve hospitalisée, mais ça faisait une éternité que ce n'était pas arrivé. Depuis mes seize ans précisément. Ce n'est plus jamais arrivé après. Pourtant je me suis déjà retrouvée dans des états bien pire après avoir rejoint le bataillon d'exploration, mais j'ai toujours catégoriquement refusé n'importe quel séjour en milieu hospitalier. Je ne garde pas de bons souvenirs de ces séjours, dans ces lieux qui portent la mort, la maladie et le désespoir. Lorsque j'y étais, c'était bien souvent parce que mes jours étaient en danger. Combien de fois ai-je manqué de m'étouffer dans mon sommeil ?

Doucement, j'abaisse le regard vers les bandages qui recouvrent mon bras, et les brûlures de ma peau. Trois semaines ont passé depuis que nous avons arrêté Eren, et donc, depuis que lui, et Hanji, s'en sont allés. Et à moi, on ne sait encore une fois pas combien de temps il me reste. Je suppose que ma présence ici relève d'une chance. Les médecins se sont enfin attardés sur mon cas, et l'un d'entre eux m'a expliqué le sujet de ses recherches, qui se veut être exactement la maladie dont je souffre. Ce que nous savons maintenant, c'est que le père d'Eren, puis tous les autres médecins que j'avais vu à Paradis, se trompaient. Je n'avais attrapé aucune bactérie, ni aucun virus, je suis née comme ça, malade. Les six mois qui se sont écoulés entre ma naissance et la déclaration de l'état pathologique correspondent simplement au temps qu'il a fallu à la maladie pour se manifester. Ca aurait très bien être plus, ou moins. « Bronchopneumopathie chronique obstructive », c'est comme ça que ce médecin à désigné ce dont je souffre véritablement, en attendant qu'un véritable nom soit donné à cette maladie encore méconnue.

Je grelote discrètement lorsque le vent glacial de mi-novembre soulève mes cheveux dans ma nuque, pour laisser apparaître mes pansements la recouvrant jusqu'à l'implantation de mes cheveux. Je me demande combien de temps est-ce que ça prendra avant que nous puissions rentrer sur l'île. J'espère, et je prie fort, pour que ce soit avant que je m'en aille. Je donnerais tout, là, pour simplement rejoindre Mikasa, et me laisser m'en aller là où je suis née. Les autres m'attendent. Pourtant, au fond de moi, je sais que j'ai encore un rôle un jouer, ici-bas sur Terre. Pour Armin, Jean, Connie et Livaï. Je ne peux pas les quitter comme ça, si peu de temps après la fin de la guerre. J'ai envie de lutter encore un peu, les aider à se remettre de la guerre, la perte d'Eren, de Sasha, de leur ami Marco, d'Hanji, et de tous les autres. Pourtant, suis-je moi-même capable de m'en relever ? Si je ne peux pas m'aider moi-même, comment pourrais-je les aider eux ?

- Amélia... Tu ne devrais pas sortir aussi peu couverte... L'hiver arrive, ne vas pas chopper la mort comme ça.

Je tourne la tête, pour voir Livaï arriver vers moi, appuyé sur sa béquille. Je ne devrais pas sortir comme ça, mais lui, ne devrait pas marcher comme ça.

- Oui, désolée, je ne pensais sortir prendre l'air que cinq minutes à l'origine, répondis-je.

Il vient s'assoir juste à ma gauche. Il se dévêtit de son manteau, et le dépose sur mes épaules sans dire un mot. Un frêle sourire en visage, je m'y emmitoufle sans même essayer de le convaincre de le reprendre. Il a raison, ça ne serait pas bon d'attraper quelque chose maintenant. Mon corps ne serait pas capable de combattre une autre infection. Il lâcherait certainement dès le deuxième jour.

Quand un coup de vent violent vient manquer de faire tomber le perchoir de ma bombonne d'oxygène, je la rattrape de peu avant qu'elle ne nous assomme tous les deux.

- Ils m'ont dit que je sortirai à la fin de la semaine, m'annonce-t-il. Et toi ?

- On ne sait pas encore. Ils veulent me garder en observation encore quelque temps, pour essayer de voir si mon état s'améliore.