- Livaï ! On sort deux heures avec Falco ! Dit la jeune brune.
De l'autre côté du mur, il n'adressa qu'un regard à la porte derrière laquelle la jeune femme lui a parlé. Il ne comprenait pas pourquoi, même encore à dix-huit ans, elle continuait de l'avertir de leurs sorties. Ils étaient adultes désormais, et pouvaient bien faire ce qu'ils voulaient de leurs journées, il n'avait pas à donner son avis. Il ne leur avait d'ailleurs jamais interdit de sortir prendre l'air. Peut-être était-ce la raison pour laquelle elle continuait de le tenir au courants de leurs sorties.
- D'accord, répondit-il.
Quelques instants plus tard, il entendit la porte d'entrée s'ouvrir puis se refermer, et le calme habituel du logement revint aussitôt. Il se remit à son rangement qu'il avait commencé une heure et demi plus tôt dans l'après-midi. Une soudaine envie de ménage lui avait pris ce matin-là, et il s'était décidé à faire du tri dans les affaires qu'il avait gardées. Il pensait qu'il était temps d'envoyer au vide grenier toutes ces choses qui l'encombraient quotidiennement. Il pensait avoir réussi à tourner la page. Il avait fini par refaire sa vie, comme il lui avait promis le soir où il avait quitté le cimetière, trois ans auparavant.
Il faisait chaud. Les volets étaient restés entrouverts, pour conserver la fraicheur dans l'appartement. En plein mois d'août, il espérait que l'été se termine vite pour rapidement retourner à des températures plus acceptables. Huit ans avant ce jour, il s'était brusquement mis à détester cette saison. C'était pourtant sa préférée. Elle adorait l'été, mais c'est justement parce que les beaux jours lui rappelaient bien trop la personne qu'il aimait qu'il s'était mis à les détester. Malgré tout, sa hantise envers la belle saison ne dépassait pas d'un millième sa haine envers la fin de l'hiver, qu'il avait assimilé malgré lui à la pire période de l'année. Ce moment de l'année où la neige est boueuse, les température plus froides que jamais, juste avant que les arbres ne commencent à bourgeonner, et les températures repartir vers la douceur. Il détestait les mois de février, bien plus qu'il détestait les mois de juin, juillet et août.
Après n'avoir gardé qu'un quart des livres qu'il avait gardés et n'avait pas pu ranger dans les immenses bibliothèques du salon, il ressortit un vieux carton poussiéreux qu'il n'avait pas touché depuis des années. Il avait bien conscience de tout ce qui s'y trouvait. Il savait pourtant que le moindre objet serait impossible à jeter, mais il avait espoir d'y trouver une broutille inutile qu'il pourrait confier à Gaby pour qu'elle l'envoie, comme tout le reste, à la prochaine brocante. Alors, il se mit à y fouiller, ranger le bazar qui s'y était installé sans raison, sans parvenir à ne pas s'attarder sur la moindre chose. Définitivement, il n'avait pas la moindre chance de trouver quelque chose dont il pourrait se séparer dans ce carton. Après tout, il ne se sentait pas capable de jeter les lettres de l'ancien ami d'Amélia à la poubelle, et il était encore moins envisageable de jeter les cadres portraits d'elle. Il en sortit l'ancienne cape de la blonde, dont la laine s'était abimée et froissée avec le temps. Elle n'avait certainement plus son vert éclatant d'autrefois. Les coutures de l'emblème s'étaient un peu défaites. Il l'observa, longuement, en se remémorant comme Amélia aimait la porter fièrement. Malgré tout, les choses avaient fait qu'elle n'avait pas pu l'emmener avec elle pour combattre Eren, et finalement, ce n'était pas plus mal. Il fallait avouer qu'elle pouvait parfois être gênante. Mais elle était chaude et protégeait de la pluie. Elle n'avait de sens qu'avant qu'ils ne découvrent que l'humanité prospérait en dehors de murs.
Il la replia proprement, et la déposa, comme tout le reste, au sol à côté du carton. Puis il reprit son rangement inutile de ce fourre-tout à souvenirs. Il perdait son temps, mais se replonger dans l'ancien temps lui faisait du bien. On était en été, il avait besoin de s'accrocher à des souvenirs concrets en plus de ceux que sa mémoire lui donnait. Il s'interrompit un instant, lorsqu'il attrapa parmi tous les souvenirs la lettre qu'elle lui avait laissée juste avant de s'en aller. Il ne l'avait pas relue depuis bien des années, mais pendant longtemps après son départ, il la lisait. Il avait fini par la ranger dans le carton avec le reste simplement avec l'espoir de ne plus jamais relire les adieux d'Amélia. Il savait, au fond de lui, que ce carton portait son mal en lui. Il avait enfermé tous les souvenirs de la jeune-femme pour se protéger. Il doutait encore de la raison qui l'avait poussé à le faire. Il ne savait pas vraiment si c'était bon. Il ne souhaitaient pas l'oublier, il ne l'oublierait jamais d'ailleurs, mais il voulait simplement que l'évocation de son nom ne soit plus synonyme de souffrance. Amélia était un rayon de soleil, il ne voulait pas que son souvenir devienne aussi sombre qu'une nuit sans lune.
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Du Soleil à la Lune ~ [Livaï x OC] ~
FanficOn a tous nos secrets, une vie, une histoire et un passé, et quand il est trop difficile de les affronter, on préfère les oublier. Et Amélia ne fait pas exception à la règle. En recherche d'aventures pour animer sa vie, elle restait malgré tout clo...