𝙻𝚘𝚟𝚎 𝚒𝚜 𝚊 𝚍𝚊𝚐𝚐𝚎𝚛

Au fin fond des montagnes

- Ne vous arrêtez pas ! Continuez de marcher, nous y sommes bientôt !

Je cherche mes parents dans la foule d'Asgardiens gravissant la montagne. Heimdall m'a déjà dit de ne pas m'arrêter et de continuer, comme il le dit souvent, mais que voulez-vous : c'est ma famille, et c'est la seule chose que je puisse faire.

- Svildson ! Qu'est-ce que tu fais ! Continue d'avancer !

- Madame Sif ! Je cherche mes parents, est-ce que vous les avez vus ?

- Oui, ils vont bien, ne vous en faites pas. Ils sont un peu plus loin devant.

Je souffle, rassurée de les savoir à proximité.

- Savez-vous où se trouvent Thor et Loki ? Demandé-je d'une petite voix.

- Je ne le sais pas plus que vous, Svildson. Depuis quand les appelez-vous comme cela, d'ailleurs ?

- Madame Sif, je ne vous manque pas de respect, mais nous manquons à chaque instant de nous faire tuer par une déesse-sorcière-démoniaque, alors vous m'excuserez mais ce n'est pas la première de mes priorités de jouer sur les mots. Maintenant, je vais essayer de retrouver mes parents. Merci pour tout !

Je m'éloigne, la laissant seule avec sa pensée. Quelques minutes de montée plus tard, j'arrive à apercevoir mes parents, Valga et Pezo. Je me mets à courir frénétiquement pour les rejoindre, malgré ma toge de lin blanche, boueuse et déchirée. Lorsque j'arrive à leur hauteur, ils poussent un petit cri de surprise devant ma tenue, puis m'enlacent.

- Comment vas-tu, Maddie ?

- Je vais bien, rassurez-vous, répondis-je du tac au tac. Elle ne m'a rien fait.

- Tant mieux. Nous étions inquiets, intervint mon père.

Je leur souris et les quittes pour reprendre ma marche jusqu'en haut de la montagne avec mes amis. Je vois Heimdall leur tenir compagnie une partie de la route, et cela me fait chaud au cœur. Heimdall a toujours été proche de notre famille, mais je n'ai jamais su le pourquoi du comment ils étaient devenus amis.

+ + +

- Nous y sommes, acclama Heimdall d'une voix forte. Attendez que j'ouvre la porte. Ne vous précipitez pas, il y a assez de place pour tout le monde. Notre bien-aimé Odin a pensé à vous, Asgardiens.

Heimdall trace un cercle sur un sol poussiéreux, en face de deux imposantes portes composées d'un métal que je ne connais pas. Lorsqu'il finit de réciter une sorte d'incantation, les portes s'ouvrirent et laissèrent place à une salle, encore plus grande que celle située sous les appartements de Thor, creusée à même la roche.

- Madiana, le peuple va se précipiter dans la salle. Essaye d'éviter les mouvements de foules s'il te plaît.

- Bien sûr Heimdall. Tout ce que vous voudrez.

Je m'avance près de lui et m'adresse à la foule, essayant de prendre une voix aussi claire que possible.

- S'il vous plaît ! Heimdall m'a chargé de vous faire rentrer dans la grotte sans mouvement de foule. Avancez de vingt personnes en vingt s'il vous plaît, et ne vous arrêtez pas !

Les premières personnes rentrèrent sans difficultés, mais le peuple commençait à s'impatienter et à s'inquiéter, si bien que je dus faire quelques rappels à l'ordre. Lorsque la moitié de la population Asgardienne fût en sécurité, J'entendis Heimdall marmonner des bribes de mots dans sa barbe.

- ... L'âme d'une meneuse.

- Qu'avez-vous dit, Heimdall ?

- Oh, rien qui ne te concerne, Madiana. Continue de faire rentrer les citoyens, et nous pourrons fermer les portes. Oh...

- Que se passe-t-il ?

Heimdall s'éloigne dans la forêt adjacente à la porte, sans un mot de plus. Je fronce les sourcils et continue mon travail, curieuse de savoir où Heimdall est parti.

+ + +

- Madame Sif ? Heimdall est parti et n'est toujours pas revenu... Nous avons besoin de lui. Je compte aller voir où il est parti, veillez sur le peuple pour moi.

Sif hocha la tête et se dirigea vers la population, avant de rajouter à mon attention :

- Soyez très prudente. On ne sait pas ce qui a pu lui arriver, s'inquiéta-elle.

- C'est promis. Je ne prendrais pas de risques inconsidérés. Merci, madame.

Je lui souris respectueusement et m'enfonce dans la forêt, exactement là où est entré Heimdall. En chemin, je trouve une branche de bois coupée en deux, je décide alors de m'en servir pour raccourcir ma toge à hauteur des genoux. Et puis, à la guerre comme à la guerre. Je me demande ce que font Hela et Skurge, en bas, dans la vallée. Heimdall a récupéré l'épée du Bifröst bien avant notre départ, donc il n'a pas pu aller la récupérer. Et il n'avait pas l'air de se sentir bien.

- Heimdall ? Heimdall !? Où êtes-vous ? Crié-je le plus fort possible, même si je savais que cela me valait une terrible indiscrétion.

Des murmures résonnèrent dans mes oreilles, alors je continuai à avancer. Comme prévu, les murmures devinrent des mots, puis des phrases, et je reconnus la voix d'Heimdall, assis contre un tronc d'arbre.

- Dépêchez-vous de revenir, vous et Loki, Thor. Je ne peux faire grand-chose de plus que cela. Je dois vous laisser à présent. On m'appelle.

Heimdall se releva et j'écartai une fougère de mon visage pour qu'il puisse voir son interlocuteur. En dépit de son expression faciale, je décidai de ne pas poser de questions inutiles. Je savais qu'Heimdall avait la capacité de parler à n'importe qui, où qu'il se trouve, et le transmettre sa vision du monde qui l'entoure. C'est sans nul doute ce qu'il s'est passé, et je crois qu'il était en contact avec Thor.

- Puis-je vous poser une question, Heimdall ?

- Tu peux, Madiana.

Nous étions à présent sur le chemin du retour, et il ferait bientôt nuit. Il ne faudrait pas trop tarder, surtout en pleine forêt. J'hâtai mon pas.

- Où sont Thor et Loki ?

- Retenus prisonniers sur Sakar, la planète des mal-aimés. Ils cherchent un moyen de s'enfuir, mais tu connais Loki aussi bien que moi, je suppose.

- En effet, il me semble qu'il avait déjà la forme d'Odin lorsque j'ai commencé à servir Sa Majesté. Cela fait cinq ans maintenant.

Heimdall croisa ses mains derrière son dos, semblant totalement calme, et je fis de même.

- Ne vous en faites pas pour ça, ils trouveront un moyen de revenir nous aider. Thor tient à son peuple et à Asgard.

- Je l'espère, affirmé-je dans un relent d'espoir.

+ + +

Nous arrivons à la grotte alors que la nuit est déjà présente. Les trois quarts de la population sont silencieuses, soit ils dorment, soit ils ont peur. La journée a été éprouvante, je suis d'accord, mais bizarrement je ne ressens aucune fatigue. Je me dirige vers mes parents, trouve une couchette de libre et m'endort cependant instantanément.

Le lendemain, seule la lumière des torches éclaire la grotte. Nous sommes enfermés, des deux côtés, les portes sont verrouillées. Tous les Asgardiens sont déjà en effervescence pour subvenir aux besoins des uns et des autres. Asgard est une planète riche et agréable, pratiquement sans pauvreté, et tous ses habitants sont serviables et s'entraident autant que possible. J'adore cette planète. J'espère qu'Hela ne gâchera pas tout.

+ + +

- ASGARDIENS ! Il faut partir ! Hela est à nos trousses ! Il faut partir au plus vite, direction le Bifrost, nous allons vous évacuer ! Vous n'avez rien à craindre !

Malgré le ton calme qu'avait employé Heimdall, une panique générale s'empara de la salle. Les portes arrière s'ouvrirent et tout Asgard sortit dans un flot de cris et de pleurs d'enfants. Je les suis de près, attendant les dernières instructions d'Heimdall. La journée ne vient que de commencer et nous revoilà en danger de mort...