Des excuses

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La lumière de soleil me fit ouvrir doucement les yeux et ce sans même m'aveugler. Après toute une nuit à rêvasser sur mon canapé, je décide d'ouvrir les fenêtres pour laisser rentrer de l'air frais, et de partir prendre une courte douche pour me débarrasser de cette ignoble gueule de bois. Je rentre dans ma salle de bain : une combinaison propre et comme neuve est posée sur le petit meuble en bois adjacent à l'évier. La Valkyrie... Il n'y a qu'elle qui a pu faire ça. Mais quelle heure est-il ? Il doit être au minimum onze heures, heure terrienne. Oh non, ça craint ! J'ai promis à Korg de l'aider avec sa maison, et je dois vraiment m'excuser auprès de Loki pour hier soir. Je n'en reviens toujours pas. Non mais quelle cruche je peux être parfois ! Lorsque j'ai fini de me préparer, je m'attache les cheveux en plusieurs nattes et sors dehors, dans la rue en effervescence. Première étape : aller aider Korg.

+ + +

- Tu crois que ça tiendra comme cela ?

- J'en suis persuadée, Korg. Tu peux dormir tranquille, acquiesçai-je d'un coup de tête, admirant mon ouvrage.

- Merci bien Maddie !

- Je t'en prie !

Je sors de la maisonnette de Korg, une chaumière au toit de paille, juste au bord de la falaise. Il a une magnifique vue sur la mer, d'ici. Je descends le petit escalier de pierres qu'il a construit lui-même pour réaccéder à la rue. Parfait, maintenant, il ne reste plus qu'une seule chose à faire : trouver Loki.

+ + +

En attendant de trouver Loki, qui n'est apparemment pas là, je me balade dans les rues de la Nouvelle-Asgard. Thor lui a donné ce nom, en tout cas, c'est ce que tout le monde dit. Aujourd'hui, c'est jour de marché. Les Asgardiens ont instaurés cela un vendredi, et il se répètera toutes les semaines. Les meilleurs pêcheurs ont déjà attrapé de très belles prises, et pour le moment, les fruits, les légumes et la viande proviennent du village voisin. Il faudrait attendre une récolte prochaine et les bovidés d'Asgard n'ont pas pu être sauvés, alors nous attendons une livraison pour la ferme de Pezo, mon père. Je le crois parfois dans les rues d'Asgard, mais notre relation s'est détériorée depuis le départ de ma mère. C'était elle qui joignait les deux bouts. Nous n'avons jamais réellement été proches, c'est sans doute dommage, mais je ne l'ai pas mal vécu. Le village, comme tous les jours, fulmine de personnes voulant reprendre un cours de vie normal ou ayant simplement besoin de discuter. Pour ma part, j'avais besoin de prendre l'air. Je remarque que le regard des gens est différent depuis que j'ai revêtu ma tenue de Valkyrie. Il se fait plus respectueux, plus tolérant. Les dames de compagnies étaient considérées par certains comme les "lèches-bottes de la royauté Asgardienne", et ce même si nous ne faisions qu'assouvir les désirs de nos souverains. Une chose me conforte aujourd'hui. Thor n'est pas du genre à avoir ces personnes à ses côtés. Il est libre, sauvage et indépendant. Et même si le souvenir d'Odin est encore très présent dans ma mémoire et dans celle des Asgardiens, Asgard avait besoin du chef comme lui. Il avait besoin d'un coup de neuf.

- Mademoiselle la Valkyrie, comment allez-vous ?

Je me retourne. Depuis ce matin, trois personnes m'ont appelé "la Valkyrie", alors j'ai l'habitude...

- Très bien et vous ?

- Elle m'a répondue ! Je vais bien, merci !

L'autre Valkyrie m'a dit qu'auparavant, les autres Valkyries n'étaient pas du genre "polies". C'est pourquoi les gens sont si surpris que je leur répondes gentiment. D'ailleurs, je ne trouvais pas ça très cool, de l'appeler "la Valkyrie", alors au bout de quelques dizaines de tentatives, elle m'a enfin révélée son nom : Brunnhilde. Pas du genre facile à prononcer, mais ça lui va bien. D'ailleurs, je l'aperçois discuter avec Heimdall, tout au bout de la place. Je pars à leur rencontre.

- Brunnhilde ! Heimdall ! Comment allez-vous ?

- Et toi, jeune Valkyrie ? Me questionna Heimdall de ses yeux dorés.

- Ah, oui ça...

Je réprime un rire.

- ... Eh bien, je suppose que l'on s'y fait.

- Où étais-tu passé hier soir ? Renchérit Brunnhilde. Je t'ai cherché pour que nous rentrions ensemble.

Je souris et inventa un mensonge sur le coup. Je ne veux pas que tout le monde soit au courant de la nuit dernière. Ni Loki ni moi n'étions dans notre heure de grâce...

- Oh, je suis rentrée... J'étais fatiguée. Je n'ai jamais fait de soirées comme celles-ci avant.

Heimdall me toisa avec un regard suspicieux. Mince, j'avais oublié qu'il voyait absolument tout...

- ... Hem. Je dois y aller, excusez-moi. Contente de vous avoir vus !

Heimdall se retourna vers Brunnhilde et ils reprirent leur conversation. Mon Dieu, j'ai évité le pire... Je ferais peut-être mieux de partir me réfugier chez moi. En vérité, j'ai trop honte pour dire quoi que ce soit devant Loki. Il m'a vu saigner, complétement bourrée et vraiment pas dans mon assiette. Rien qu'en pensant à ce qu'il aurait pu se dire, j'en ai la nausée. Ma mère me disait toujours de "ne pas remettre à plus tard ce que l'on peut faire aujourd'hui". Et puis, qu'est-ce qu'il pourrait m'arriver de pire qu'hier soir ? Je regarde par la fenêtre. Les lumières de la dépendance de Loki sont allumées. C'est le moment où jamais d'aller lui présenter mes excuses. D'autant plus que j'ai vu Thor occupé pour un bon bout de temps, donc il ne sera pas présent si je m'humilie devant lui. Je sors en claquant un peu trop fort la jolie porte en bois et marcha d'un pas décidé vers la demeure du prince. Arrivé devant chez lui, je toque doucement à la porte pour prévenir de mon arrivée. Contrairement à Thor, Loki possède quelques servants, dont un qui m'ouvre la porte.

- Bonjour, que puis-je pour vous ?

- Bonjour madame, je viens voir L-

- Vous pouvez la laisser rentrer.

La servante ouvrit un peu plus la porte, ce qui me laissa le voir. Il attendait visiblement ma venue. Ou alors il m'avait vu arriver. Je ne sais pas vraiment ce qui était le pire entre les deux. Elle s'écarta pour me laisser passer et je la gratifiai d'un regard et d'un sourire. Elle s'éclipsa rapidement, nous laissant moi, Loki, et le malaise environnant.

- Je savais que tu viendrais.

- Il était impensable que je ne le fasse pas, après ce qu'il s'est passé hier soir, je vous-

- Je pense que, comme tu le disais, après ce qu'il s'est passé hier, nous ne sommes plus à un pronom près. Tutoie-moi, s'il te plaît.

Je fus désaxée par ses propos. J'avais envisagé pas mal de cas de figures, mais celui-ci est passé au travers de mon esprit... Je me perdis encore une fois dans mes pensées, et Loki dût me ramener à la réalité.

- Maddie ? Continue, tu disais... "Je vous"...

- Je vous... Pardon, je te dois une fière chandelle, Loki. Merci.

- Hum... Comment va ton pied ?

- Mon... Pied ? Oh, euh, il va bien, il ne va pas tarder à guérir complétement, c'est une d-

- Des capacités légendaires des Valkyries, oui je les connais, me coupa-t-il.

- Tant que tu ne me demandes pas d'exterminer une nouvelle armée de morts-vivants avec un seul pied, ça devrait aller, renchéris-je.

Loki souffla du nez et cela me fit sourire. Pour autant, ses réponses n'allaient pas dans le sens de mes attentes. Cet homme me déstabilise complétement, et il faut encore que je décide si j'apprécie cela ou non. Je pense partir, étant donné l'énorme blanc qui s'est créé entre nous.

- Eh bien, je... Je vais vous... Te laisser, tu dois être débordé, alors... Balbutié-je en me triturant le bout des doigts.

- ... À bientôt Maddie.

- Oui... C'est ça... À bientôt.

J'attrape le manche de la porte d'entrée comme si ma vie en dépendait et me dépêche de sortir de cet endroit. Arrivée dehors, je souffle un grand coup et reprend mes esprits. Ça ne s'est pas si mal passé, si ?

𝙻𝚘𝚟𝚎 𝚒𝚜 𝚊 𝚍𝚊𝚐𝚐𝚎𝚛Où les histoires vivent. Découvrez maintenant