Mobius

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"J'ai fait un cauchemar, Loki... Tout était sombre, c'était un énorme couloir carrelé... Il y avait du marron, du gris et de l'orange, et les néons, incrustés dans le plafond, clignotaient, défaillants. Au fond, tout au fond de l'allée, une porte, semblable à celle d'un hôpital était entrouverte... Et j'entendais une voix... Je ne la reconnaissais pas, mais elle m'était terriblement familière, c'était horrible... Et elle ne disait que de simples mots sans queue ni tête... Il me semble qu'elle disait : Dossiers... TVA... Confidentiel... Danger... Svildson.... Asgard... Loki... Carnage... Et il y en avait un dernier, mais je ne l'ai pas entendu... Réi... Réi- quelque chose..."

- J'ai peur, Loki, je ne sais pas ce qu'il se passe... chuchoté-je, pour ne pas alerter les gardiens, qui faisaient des rondes.

Loki me regardait étrangement, comme surpris de ce rêve. Pour la première fois, je n'arrivais pas à lire dans ses yeux, ses émotions étaient floues et en désordre, une mer agitée traversait ses iris. Je ne pouvais absolument rien y voir. Il était complétement perdu dans ses pensées.

- J'ai aussi réalisé que Bruce connaissait le TVA bien plus qu'il ne voulait nous l'avouer... continué-je, sans attendre sa réaction.

Il tilta aussitôt et releva ses yeux verts vers mon visage.

- Bruce ? Comment ça Bruce ?

- Lorsque je lui ai demandé du renseignement sur le TVA, il apportait des dossiers au labo de... Oh, non de dieu, le labo de Tony... Personne n'y était entré depuis, pourquoi allait-il là-bas ?

Encore un mystère de plus à résoudre, d'autant plus que la porte était censée être définitivement condamnée...

- Sur les dossiers qu'il tenait, il y avait le logo du TVA. J'en suis sûre et certaine, c'est pourquoi il me paraissait si familier ! Je l'avais déjà vu. En revanche, je ne sais pas ce qu'ils contenaient. Mais ça peut éventuellement nous intéresser. Si compter que l'on sorte d'ici un jour, renchéris-je en regardant les barreaux de notre cellule, nous séparant du couloir.

Un prisonnier cria, au loin, et ce fût absolument insupportable. C'était un cri de douleur, et je le reconnaissais. L'homme de la file d'attente avait poussé exactement le même. On l'avait tué avec le bâton lumineux des soldats, cela ne faisait aucun doute.

- Bonjour !

Je sursautai et atterrit le long du mur, tout au fond de la cellule. Loki se retourna, sur la défensive, mais aucune de ses deux dagues n'apparurent dans aucune de ses deux mains. Sa magie était inefficace.

- Par Odin ! Crié-je. Qui êtes-vous ?

- Je m'appelle Mobius. Je viens vous sortir de là, expliqua l'homme.

Je fronçais les sourcils et m'approcha des barreaux.

- Vous travaillez pourtant pour le TVA, remarqua Loki, grâce à son costume de travail et la boucle de sa ceinture. Pourquoi nous aider ?

- Qui a dit que je venais vous aider ? Répliqua-t-il, tout à coup.

Il baissa d'un ton et passa son visage entre les barreaux de la cellule comme il le pouvait.

- Je crains tout de même de ne plus être employé du TVA après ceci, compléta-t-il, aussi faiblement que possible, car sa présence ici suscitait l'attention des gardes.

Loki se tourna vers moi, et je lui répondis d'un haussement d'épaules. J'étais aussi perdue que lui. Mobius montra un trousseau de clés, penchant à sa ceinture et attrapa celle correspondant au numéro de notre cellule, la 429. Qui sait combien y'en a-t-il d'autres, aux étages inferieurs... Cet endroit n'est pas un tribunal, c'est une prison. Mobius tourna la vieille clé dans la serrure et la porte s'ouvrit. Dès lors, un des gardes s'approcha de Mobius, mais il répliqua sans même tourner la tête :

- Ils sont avec moi, la Juge Renslayer réclame la suite de l'audience de la veille.

Le garde s'arrêta dans son élan et repartit discuter chiffons avec son collègue. Mobius souffla, rassuré, et nous sortîmes de cet endroit miteux. Cependant, nous ne faisions pas les fiers, nous n'étions pas encore libres. Nous suivions Mobius de près, comme des prisonniers lambdas le feraient. Il nous fit traverser des dédales de couloirs, plus ressemblants les uns que les autres, si bien que je me demandais comment il faisait pour se repérer ici. Il nous fit entrer dans une salle, bien plus sombre que toutes les autres et alluma quelques lumières orange, tapissant les murs. Loki semblait toujours aussi méfiant de Mobius, qui lui paraissait calme au possible, s'asseyant sur la première chaise venue.

- Nous voulons des réponses à nos questions, avant tout, ordonna Loki.

Mobius hocha la tête, en ouvrant une canette de soda, à moins que ce ne soit un café en conserve.

- Qu'est-ce qui vous fait nous aider, reprit Loki, le ton toujours aussi ferme.

- Vous voulez seulement des réponses à vos questions, n'est-ce pas ?

Loki tourna sa tête vers moi, confus. Bien sûr que nous voulions des réponses. Nous étions venus pour ça. Mais comment le savait-il ?

- Nous sommes au courant de toute l'histoire du TVA. Nous voulons rencontrer nos variants. Nous voulons des réponses à nos questions.

Mobius souffla du nez, posa sa canette sur la table et se leva pour me faire face. Du coin de l'œil, je voyais Loki serrer les poings.

- Tout vos variants ont étés brouillés.

- Nous savons qu'ils se trouvent dans le Néant, repris-je. Ne nous faites pas tourner en rond.

- Seulement sont-ils toujours en vie ? Rit-il en s'éloignant, faisant tout le tour de la pièce. Vos variants ont étés brouillés et envoyés dans le Néant, cependant rien ne nous indique qu'ils sont encore en vie.

Les jointures des mains de Loki devinrent blanches, et je dus poser ma main contre la sienne pour qu'il se détende. Des demi-lunes, tracées avec ses ongles, étaient présentes dans le creux de ses mains.

- Envoyez-nous dans le Néant, dans ce cas. Et nous reviendrons ensuite, proposa Loki.

- Personne ne revient du Néant, Monsieur Laufeyson. Pas même les Gardiens du Temps. Personne, appuya Mobius.

- Il doit bien y avoir un moyen, soupiré en m'asseyant sur la chaise face à celle de Mobius.

- Vous pouvez y aller, mais vous y resterez. Et avec vous, vos questions et vos réponses.

Loki posa son regard sur moi.

- Il y a forcément un moyen. Donnez-nous un de vos soi-disant pads temporels et nous reviendrons.

- Ils sont détruits, dans le Néant. Je vous l'ai dit : beaucoup y rentrent, personne n'en sort. C'est ainsi, rétorqua Mobius.

- Comment nous rendre dans le Néant, Mobius ?

Mobius nous regarda à tour de rôle et s'arrêta sur Loki.

- Les personnes que vous avez vues être brouillés sont actuellement dans le Néant. Ou plus, si elles sont mortes, mais c'est une autre histoire.

Tout fit tilt très rapidement dans ma tête. Les bâtons des soldats servaient à brouiller les détenus, à les envoyer dans un lieu de torture ou ils finiraient par mourir de toute façon, mais ils ne les tuaient pas sur le champ. C'est décidé. Il faut que nous nous rendions dans le Néant. C'est le seul moyen d'avoir des réponses.

- Nous irons dans le Néant, avec ou sans votre aide, Mobius. Et je préfèrerais l'avoir, dis-je, persuadée que Mobius non plus ne nous dit pas tout.

Mobius se tourna vers un mur afficha un halo lumineux semblable à un écran de veille.

- Je vous aiderais dont. Mais je ne serais pas responsable de ce qu'il vous arrivera.

- Nous vous en sommes reconnaissants, affirma Loki.

Mobius hocha la tête, un léger sourire se dessinant sur son visage.

- Pour commencer, il nous faut un pad temporel et les armes des soldats.

Il sortit un pad de sa poche de veste, puis l'ouvrit pour nous montrer son bon fonctionnement, qui ne signifiait qu'une chose. Il nous fallait des armes, à présent.

𝙻𝚘𝚟𝚎 𝚒𝚜 𝚊 𝚍𝚊𝚐𝚐𝚎𝚛Où les histoires vivent. Découvrez maintenant