𝙻𝚘𝚟𝚎 𝚒𝚜 𝚊 𝚍𝚊𝚐𝚐𝚎𝚛

Le Néant

Mobius nous a expliqué que les gardes faisaient des rondes par groupe de deux, et qu'ils passaient précisément toutes les demi-heures devant ce qu'il appelait sa "salle d'interrogatoire", ce qui ne nous laissait plus que quelques minutes pour agir. Le plan était simple. Capturer les deux soldats pour récupérer leurs armes respectives et partir avec Loki dans le Néant. Mobius ne viendrait pas avec nous, il s'occuperait des soldats. Étrangement, nous lui vouions une confiance aveugle, ce qui n'arrivait pas souvent. Mais il nous avait fait sortir de prison, et il avait même retiré nos colliers anti-temporels, ce qui signifiait que nous n'obéissions plus au TVA, et que nous avions récupéré l'entièreté de nos pouvoirs. En cas de trahison de la part de Mobius, bien qu'il ne nous ait pas juré fidélité non plus, nous étions prêts.

- 2 minutes, annonça Mobius en regardant sa montre. Tenez-vous prêts.

- Et s'il y a du monde dans les couloirs ?

- Je vous assure que personne ne passe devant les salles d'interrogatoire à part les soldats et les variants.

Loki se rapprocha des portes lorsque Mobius dis qu'il ne restait qu'une minute. Soudain, il nous lança le feu vert. Dès que nous ouvrîmes les portes, deux hommes passèrent devant nous, muets comme des tombes, le regard lourd et la mâchoire serrée. Nous passâmes juste derrière eux, et, sans un bruit, nous leur couvrîmes la bouche et les empêchèrent de respirer, juste assez longtemps pour qu'ils s'évanouissent. Pauvres soldats, aussi faibles que de simples employés. Je me demande bien où ils sont partis les chercher, ceux-là. Nous les traînâmes jusque dans la salle interrogatoire de Mobius, qui attendait sagement. Lorsqu'il nous vit rentrer, il condamna la porte.

- Eh bien, c'est du rapide ! S'exclama-t-il.

- Vos gardes sont extrêmement faibles, Mobius. Vous devriez en informer votre hiérarchie, ironisai-je en détachant le bâton du soldat que j'avais mis hors service.

Mobius sourit et, lorsque Loki eut aussi détaché l'arme du sien, il les emmena dans une sorte de prison, cachée par un panneau orange, qui faisait office de simple décoration.

- Et maintenant ? Questionné-je, l'arme à la main.

Je la regardais sous toutes les coutures. À première vue, elle n'avait rien d'exceptionnelle, ce n'était qu'un simple bâton noir en fibre de carbone, qui le rendait bien plus léger qu'à l'apparence.

- Tournez le manche vers la droite, puis remettez-le dans sa position initiale, expliqua Mobius.

Loki fut plus réactif que moi, et le bout de son arme affichait une lueur bleue électrique quelques secondes avant la mienne. Je relevais la tête vers Mobius.

- C'est à présent le moment de vous brouiller.

Je tournais l'embout bleu vers mon corps, et Loki fit de même, angoissé. Il attrapa ma main dans la sienne, et d'un geste appuyé, il se brouilla lui-même, un dernier regard pour mon visage. Puis je fis de même. Je ne ressentais rien de plus que des crépitements qui traversait mon corps à une vitesse folle, décomposant et recomposant mon esprit en quelques secondes. Je lâchai l'arme, et Mobius la rattrapa, comme celle de Loki. Puis, je le remerciai d'un hochement de tête qu'il me rendit avant de disparaître entièrement sous ses yeux.

+ + +

J'atterris sur un énorme ballot de foin et la réception me coupa le souffle durant quelques courts instants. Le ciel était empli de nuages plus foncés les uns que les autres, il menaçait de pleuvoir, mais pourtant aucune goutte ne tombait. C'était très étrange, le temps y était comme suspendu, si bien que l'on pouvait se demander si ce n'était d'ailleurs pas le cas. Je me relevai et époussetais mon uniforme et mes cheveux, des brins de paille s'étant emmêlés dedans.