Entre nous

Chapitre XXVIII.

Toute la nuit, Mylène ne put pas cesser de se tourner et se retourner dans son lit. Tout comme ses pensées qui tournaient dans sa tête. Trop de questions restaient encore en suspens. Comment allait évoluer sa relation avec Freddy ? Pourquoi n'était-elle pas dans ses bras à ce moment là ?

Mais aussi, et surtout...

Comment allait-elle avouer à Freddy ce qu'elle a fait avec Jessica ?

Cette dernière question lui brûlait les lèvres chaque fois qu'elle était avec Freddy, mais celle-ci n'allait tellement pas bien ces derniers temps que Mylène avait décidé d'attendre encore un peu avant de le lui dire.

En rentrant la veille, quand elle sortit dans le salon après une bonne douche, elle trouva la pièce de vie déserte. Jessica était partie se coucher. Alors, soulagée que celle-ci n'ait rien tenté, Mylène fit de même.

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Son réveil sonna pour la énième fois et elle se décida enfin à l'éteindre. La lumière du jour baignait la chambre.

C'était la rentrée des classes. Ce qui était à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. Une reprise de travail qui signifiait à la fois peu de repos et assez de bavardages, mais surtout l'exercice de sa vocation.

Elle redoutait le moment où elle allait devoir croiser Jessica. C'était tellement gênant de vivre seule avec son ex. Passer le temps à esquiver toutes les provocations, tout ça...
Parfois, elle avait l'impression que Jessica l'aimait toujours, mais à d'autres moments, son comportement lui disait tout le contraire.

Et si, elle voulait juste me faire souffrir...

Mylène sortit du lit pour mettre fin à ses tergiversations. Elle aurait aimé mettre ses pensées sous silence, parfois.
    Après s'être habillée et maquillée légèrement, elle se rendit à la cuisine pour prendre son petit-déjeuner. L'appartement était calme. Pas de Jessica en vue - soulagement -. Mylène ouvrit le frigo pour y dénicher une brique de jus de fruits.

-  Bonne nuit ? fit une voix dans son dos.

Mylène sursauta avant de hocher la tête en guise d'approbation. Jessica s'approcha d'elle et la frôla exprès pour atteindre la cuisinière.

-  Et toi alors ?

-  Bof... J'ai dormi comme une femme qui a attendu toute la nuit que celle qu'elle aime vienne la rejoindre...

-  Yako.

Jessica sourit. Son sourire plein d'énigmes laissa planer le doute. Elle s'approcha du professeur, jusqu'à presque la toucher.

-  Dis-moi ce que tu attends de moi. Je me plierai à tous tes désirs, dit Jessica plus bat.

Mylène plissa les yeux et Jessica éclata de rire.

-  En vrai Mylène, c'est difficile de savoir ce que tu veux.

-  Je veux que tu me laisses tranquille. J'ai quelqu'un dans ma vie et je l'aime.

-  Tu es sûre ?

La main de Jessica vint rencontrer la hanche de Mylène et son visage s'approcha du sien. Ses lèvres s'arrêtèrent en suspens devant les siennes, attendant que Mylène elle-même aille les cueillir.
Elles finirent par s'embrasser.

La sonnerie d'un téléphone les ramena sur terre. Jessica s'écarta du professeur d'arts plastiques, comme si rien ne s'était passé. Mylène saisit son téléphone et vit que c'était un appel de Freddy. Elle baissa la tête et ses yeux se remplirent de larmes.

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Le lycée où Mylène travaillait n'était qu'à quinze minutes de son lieu d'habitation. Ce qui était assez pratique.

Elle pénétra dans l'enceinte de l'établissement en prenant la peine de saluer les vigiles. Elle traversa le parking consacré au personnel et se rendit à la salle des professeurs. Cela faisait trois ans qu'elle enseignait dans cette école. La première année avait été quelque peu difficile pour elle. À présent, elle était un professeur épanoui. Elle était respectée par les élèves et la majorité de ceux-ci l'appréciait.
Mylène était bonne dans son métier et les gens ne râtaient aucune occasion de le lui dire.

Un petit sourire fit son chemin sur le visage de Mylène lorsqu'elle atteignit la salle où elle avait cours : une classe de troisième.
Lorsqu'elle mit pieds à l'intérieur, les élèves se mirent debout en guise de salutation.

-  Bonjour ! Asseyez-vous, je vous prie, dit-elle après avoir posé ses affaires sur le bureau. Bien, je me présente : je suis mademoiselle Lohoues, votre professeur d'arts plastiques de cette année, reprit-elle avec le sourire.

L'une des raisons pour lesquelles elle avait voulu devenir enseignante et plus particulièrement, professeur, était qu'elle voulait aider ses élèves à passer l'épreuve entre l'adolescence et la vie d'adulte.

-  Vous savez, vous tous ici, autant que vous êtes, je vous considère comme mes petits frères et mes petites sœurs. Alors, j'aimerais que vous me considériez comme votre grand sœur, dit-elle tendrement. Cependant, j'aimerais qu'on soit d'accord vous et moi, reprit-elle d'une voix plus dure. Ce n'est pas parce que je vous demande de me considérer comme votre grande sœur que vous allez vous permettre certains écarts. Je n'aime pas les élèves indisciplinés et irrespectueux. Du coup, si vous voulez qu'on s'entende, comportez-vous bien. On est d'accord ?

Les élèves acquiesçèrent.

-  Bien, dit-elle avant de tirer sa chaise jusqu'au centre de l'estrade.

Dans cette salle de classe, elle reconnaissait quelques élèves qu'elle avait eut l'année antérieure. Quant aux autres, ils étaient encore de parfaits inconnus pour elle.

-  Sortez tous une feuille ! Je veux que vous me fassiez un dessin d'une chose que vous avez vu ou reçu au cours des vacances.

-  Ah madame, l'année vient à peine de commencer. Vous auriez pu être plus gentille, se plaignit un élève.

-  ANH ! firent les autres en chœur.

-  Étant donné ce qui vous attend avec vos examens de fin d'année et le lycée l'an prochain, je ne pense pas qu'il y ait du temps pour la gentillesse, dit-elle simplement.

Mylène avait beau être une professeure appréciable, ce n'était pas pour autant qu'elle ne savait pas endosser son rôle lorsqu'il le fallait. Les élèves la respectait parce qu'elle les respectait aussi elle-aussi.

Elle aimait son métier.