Chapitre XIII.

348 35 6
                                        

Freddy aimait passer du temps avec sa mère. La vie de celle-ci n'avait pas du tout été facile. En fait, ça avait été dur pour tous et, c'était ce qui les avait rapproché toutes les deux. Sa mère était quelqu'un d'ouvert et de sympathique, et elle trouvait systématiquement quelque chose de positif chez les gens. Elle avait toujours un mot gentil, deux ou trois blagues à faire. Même quand elle s'était retrouvée au trente-sixième dessous de la maladie, elle réussissait à faire sourire les autres. Personne ne racontait les histoires mieux qu'elle.

Dans le passé, sa mère avait dû passer par un certain nombre de choses. Elle avait beaucoup souffert. Elle avait été toute rabougrie sur le plan émotionnel. Freddy ne trouvait pas d'autre adjectif pour qualifier ce qu'elle fût dans le passé : triste, frêle, ne trouvant d'intérêt qu'en ses quatre enfants. Physiquement aussi, elle fût toute ratatinée. Comme si son corps était le reflet de son état intérieur, de son chagrin. Sa santé s'était détériorée à cause de tout cela. Freddy avait cru qu'elle allait la perdre mais, sa mère s'était montrée plus forte qu'elle ne le pensait et avait surmonté tout.

À présent, elle allait très bien et la jeune femme remerciait chaque jour le bon Dieu pour cela. Sa mère était son point d'ancrage. Elle ne pouvait rien faire sans lui demander son avis. Elle l'aimait énormément.

Carole Barnabé-Kassi avait très mal vécu l'épisode de la dérive de la relation qu'entretennaient sa fille et son père. Même si Freddy semblait avoir reprit goût à la vie et s'épanouissait malgré tout, elle, la mère, voyait au fond des yeux de son enfant, quelque chose comme une douleur. Une douleur secrète. Elle était convaincue que Freddy ne lui avait pas tout dit sur ce qui c'était passé avant que son père ne rende l'âme. Pourquoi sa fille s'était-elle fermée de la sorte ?

En arrivant samedi dans la matinée, elle trouva sa mère dans l'arrière cour en train de siroter un jus de fruit et lisant un livre. Elle disait que prendre du temps pour soi fortifiait l'organisme. Freddy considérait tout ce qu'elles avaient vécu de la même manière. Tout ça l'avait aidé à distinguer ce qui était important dans sa vie, ce qui était réel. Surtout, elle avait besoin de trouver sa propre voie. Ce sont toutes ces épreuves qui lui ont donné le courage de grandir.

Debout dans l'entrée, elle resta quelques minutes à observer sa mère. Absorbée par son livre, elle ne l'avait pas entendu. Elle portait ses lunettes et avait attaché un foulard.
Ne voulant pas l'effrayer, elle l'appela doucement.

- Ah ma fille. Tu es magnifique, ce matin ! fit sa mère en se tournant vers elle tandis qu'elle s'avançait.

- Anh ! maman. Tu exagères comme toujours hein.

- Pas le moins du monde. Allez, assieds toi.

- Bien chef.

- Alors, les nouvelles du matin.

- Rien de grave m'man, je voulais juste te voir.

- Oh ! C'est... Comment vous dites ça déjà ?

- C'est chou...

- Voilà. C'est chou dêh.

La fille se moqua de sa mère.

- Et Lorna ?

- Tu la connais, non ? Encore partie pour son bureau. Elle dit qu'elle doit aller s'assurer que tout est en ordre pour le procès de lundi.

- Ah oui, elle me disait la dernière fois que cette affaire lui tenait beaucoup à cœur.

- Exactement. Ah Lorna !

- En tout cas, pour un juge d'instruction de son calibre, je pense qu'elle n'est pas mal dans son genre, ma fille.

Entre nousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant