Entre nous

Épilogue.

Cela faisait un moment qu'elles n'avaient pas eu de moments ensemble, qu'elles ne s'étaient pas évadées ensemble, d'Abidjan. Freddy et Sarah s'étaient donc mise d'accord, pour se rendre à Assinie et se détendre à la maison, en bordure de mer.
     Parties très tôt de la maison, elles étaient arrivées à destination aux environs de dix heures quinze. Le soleil était déjà assez haut dans le ciel, mais la chaleur était supportable, surtout avec l'air frais qui balayait les abords de la mer. Les deux jeunes femmes s'empressèrent de déposer leurs affaires et de profiter de leur première journée en amoureuse, depuis un certain temps -elles étaient beaucoup trop prises par le travail.
   Freddy, sa casquette sur la tête, était allongée sur un transat. Sarah, splendide dans un maillot de bain deux-pièces, releva ses cheveux au sommet de la tête, les retint avec une épingle, puis après avoir posé un tendre baiser sur les lèvres de sa petite amie, se précipita dans la piscine. Freddy sourit et la suivit des yeux. Elle l'aimait et ce, chaque jour un peu plus.
   Soudain, un parfum parvint à Freddy, il lui faisait penser à Mylène. D'ailleurs, elle se demanda comment celle allait. Elles avaient toujours gardé le contact mais Mylène avait disparu ces derniers jours depuis sa rupture avec Jessica, après un an de relation. Oui, un an s'était écoulé depuis le passage de Freddy à Montréal. Cela faisait aussi un an que sa relation avec Sarah durait et la force de leur amour n'en était que décuplée.

  En début d'après midi, après avoir déjeuner et prit quelques photos, les deux jeunes femmes trouvèrent refuge dans le lit et sous la couette. Sarah s'endormie rapidement. Lorsqu'elle se réveilla, il faisait nuit et Freddy n'était plus à ses côtés. Un petit mot énigmatique gisait à sa place, sur son oreiller.

"Fais-toi belle, nous avons quelque chose de prévu ce soir, chérie."

Sarah mit quelques secondes à comprendre ce qui se passait puis découvrit une magnifique robe un tantinet volante, au tissu clair, accrochée sur la porte de leur dressing. Juste en dessous, des escarpins étaient posés sur une boîte. La jeune femme sauta du lit, gagnée par la curiosité et se rendit dans la salle de bain pour se rafraîchir et se faire une beauté comme l'avait demandé sa petite amie. Elle revint s'emparer de la robe. Elle frissonnait de plaisir en observant son reflet dans le miroir. Une princesse, c'était ce à quoi elle ressemblait. Elle glissa ses pieds dans les escarpins et quitta la chambre. Elle descendit lentement les escaliers, en faisant très attention à là où elle posait les pieds, puis appela Freddy une fois arrivée au rez-de-chaussée. Pas de réponse. Toutefois, la porte s'ouvrit sur Antoine, le chauffeur de la famille Barnabé.

- Freddy m'a demandé de vous conduire. Elle vous attend sur place.

Sur ces mots, Sarah fut conduite à un restaurant. Celui d'un ami proche de Freddy. Ce soir là, l'endroit était vide, ce qui n'était pas habituel. Sarah entra dans l'établissement et remarqua sur le sol, une flèche faite à l'aide de pétales de rose. Celle-ci lui indiquait de prendre la direction de la terrasse du restaurant. Ce qu'elle fit. Alors qu'elle s'approchait elle perçut de la musique. Elle s'avança encore, le cœur de plus en plus affolé, les jambes de plus en plus tremblantes. Une fois arrivée, son cœur se << coupa >>.
      Les mains dans les poches, en costume noir, Freddy l'attendait, prêt d'une magnifique table. Son sourire la faisait littéralement fondre. Freddy s'avança vers elle et lui tendit la main. Sarah la saisit.

- Vous êtes magnifique, docteur Tancey.

- Tant de romantisme. Je me suis toujours demandé d'où tu tenais ça.

- Ce sont les effets de l'Europe, ria Freddy. Viens.

Barnabé, en parfaite gentlewoman, lui tira la chaise. Elles prirent alors place.

- Si nous sommes ici, c'est parce que je voulais qu'on sorte mais je voulais aussi pouvoir te regarder dans les yeux, sans que personne ne nous dérange.

- J'aime beaucoup cette surprise.

L'arrivée de trois serveurs attira l'attention de Sarah. Chacun d'eux avait un plat fermé entre les mains.

- Parmi eux, deux ont l'entrée entre les mains et un seul à entre les mains, un cadeau spécial pour toi. Il te faudra trouver celui qui l'a...

- Me faire réfléchir fort fort, la nuit là...

Freddy se mit à rire.

- Par intuition, puisque le cœur est à gauche, je dirais que c'est celui qui est à gauche qui a le cadeau...

Le concerné s'avança et retira le couvercle. Il y avait bien un "cadeau". Un écrin de bague. Sarah plongea ses yeux dans ceux de sa petite amie et un espoir fou emplit son cœur. Freddy prit l'écrin de l'assiette et sourit. Les deux autres serveurs posèrent les entrées devant elles et tous, s'en allèrent.

- Je n'ai jamais vraiment songé à me marier, un jour. Pas que je ne crois pas en cela, mais je ne pensais pas trouver un jour, celle qui me donnerait envie de le faire, se confia Freddy, de cette voix qui transportait Sarah. Mais ça, c'était avant toi. C'était avant que tu ne débarques sous cette pluie, pour me venir en aide. Tu m'as fait prendre goût au bonheur. Chaque jour un peu plus. Et je ne veux pas que ce qu'il y a entre nous s'arrête. Je ne le supporterais pas...

Une larme coula sur la joue de Sarah. Elle se mordit la lèvre inférieure sans oser y croire. Elle avait l'impression de rêver.

- Freddy...

Barnabé posa ses lèvres douces contre les siennes, leurs langues se frolèrent puis, elles se separèrent et Freddy posa un genou au sol.

- Dans ma famille, il y a une tradition. Quand tu rencontres une femme, que tu l'aimes et que tu sais que c'est la bonne, tu la demandes en mariage. Alors, Sarah, veux-tu m'épouser ?

Un sanglot s'échappa de la gorge de Sarah mais elle se resaisit rapidement.

- Oui, je le veux ! Oui, je le veux ! s'écria t'elle deux fois de suite.

Freddy se mit à rire et souffla de manière insolente :

- Oui, aurait suffit hein...

Ses yeux brillants, plongèrent dans ceux de Sarah et ne la quittèrent pas lorsqu'elle ouvrit l'écrin. Le médecin découvrit un solitaire posé sur un anneau en or blanc serti de diamants. Freddy s'empara de sa main gauche et enfila doucement le bijou le long de son annulaire. La jeune femme avait des frissons. Elle était fiancée à celle qu'elle aimait. Et, lorsqu'elle posa les yeux sur elle une nouvelle fois, elle remarqua une larme barrer sa peau. Elle la récupéra, du bout des lèvres, en lui rappelant à quel point elle l'aimait.

FIN ! POUR DE VRAI.