Chapitre XXXIV.

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Sur le trajet, Freddy s'appuya contre la vitre pour mieux observer le profil de celle qui avait volé à son secours. Sans cette douleur lancinante à la jambe, qui lui rappelait que tout ceci était bien réel, elle aurait bien pu croire qu'elle avait perdu la vie dans l'accident pour se réveiller au paradis tant cette femme lui faisait l'effet d'un ange. 

Avec son teint clair, sa queue de cheval et ses grands yeux sombres, elle lui faisait presque penser à Mylène. 

- Dis-moi, comment cet accident est arrivé ?

A cette question, Freddy se rembrunit.  C'était à cause de sa propre imprudence qu'elle avait perdu le contrôle de son véhicule. 

-  Je roulais beaucoup trop vite et j'ai perdu le contrôle. Mais ne t'inquiète pas, ce n'est pas si grave.

Après un court silence, Sarah s'exclama :

- Eh mais, je ne me suis même pas présentée ! Je m'appelle Sarah Tancey. 

- Enchanté. Mais, dis-moi Sarah, que faisais-tu dehors par ce temps là ? Ta famille ne va pas s'inquiéter ? 

Sarah sourit, ce qui creusa sur sa joue une adorable fossette. 

- Je vis toute seule. Pas très loin d'ici, en fait. Je rentrais du boulot quand j'ai aperçu ta voiture abîmée. 

- Et dans quel hôpital tu bosses ?

- Je suis médecin-chirurgienne au CHU de Treichville.

Cette réponse arracha un sourire à Freddy.

- Et toi, reprit Sarah, que faisais-tu dans les environs ? 

- Disons que je me débarrassais de quelques vieux démons. 

Freddy fronça les sourcils. Cette réponse lui avait échappé. Depuis quand racontait-elle sa vie à une parfaite inconnue ? Son ange gardien d'un soir dut sentir qu'elle ne souhaitait pas en dire plus car elle changea de sujet rapidement.

- Tu vois l'immeuble juste là ?  C'est là que je vis.

- Chic hein.

- Sinon toi, que fais-tu dans la vie ?  l'interrogea la jeune femme.

Freddy s'apprêtait à répondre lorsqu'elles se garèrent sur le parking de l'immeuble. L'éclairage de l'endroit illumina tout à coup l'intérieur de la voiture. Le souffle coupé, Freddy étudia le visage en forme de cœur que la conductrice tourna vers elle, remarquant les détails qui lui avaient échappé dans l'obscurité.

Elle avait les yeux les plus marrons qu'elle n'avait jamais vu, mis en valeur par de magnifiques cils, et une bouche pulpeuse parfaitement dessinée. Freddy laissa son regard glisser sur ses mains fines - pas d'alliance, ni de bague de fiançailles.  En fait, elle ne portait qu'un collier double, une montre, un bracelet fin et était très bien habillée : une belle robe volante en pagne.

- Mais oh, tu ne m'as pas dit ton nom, toi. Attends-moi, enchaîna-t-elle sans attendre de réponse, je vais t'aider à descendre. On va jeter un œil à ta blessure. Je vais arranger ça.

« Elle parle beaucoup dis-donc ! » s'amusa Freddy en réprimant un sourire. 

Elle prit appui sur l'épaule de la jeune femme et, lentement, celle-ci la guida jusqu'à son appartement, où elle l'aida à s'asseoir sur le canapé. 

- Je reviens tout de suite, dit-elle. 

Freddy promena un regard à la pièce.  La décoration était bien soignée. Son hôtesse revint presque aussitôt, une sorte de malle à la main.  Dès que leurs regards se croisèrent, elle baissa nerveusement les yeux. 

Entre nousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant