Entre nous

Chapitre XXIX.

Le grand bureau, fin et noir laqué, était aussi froid que le visage de Freddy. AKA, le responsable de la distribution de la succursale de Treichville se tortillait devant elle, mal à l'aise ; ce qui agaçait Freddy au plus haut point.

<< Ne peut-il pas pour une fois dans sa vie, rester droit et fier ? J'ai besoin de personnes compétentes et professionnelles, pas d'un nourrisson que je dois dorloter >> se dit Freddy intérieurement.

-  Mais, que faites-vous encore là ? lâcha t'elle d'un ton furieux.

Aka couina et se précipita hors de la pièce, avec un dernier regard en arrière.
Un regard plein de supplications. Freddy grogna et frappa sa table du poing. Un nouveau projet venait fuiter et cela la mettait hors d'elle. Elle songeait sérieusement à se séparer de lui et du directeur même si dans l'ensemble, ceux-ci faisaient un assez bon travail.

Elle passa ses mains sur son visage las, et se leva en soupirant. Elle s'approcha doucement de l'immense vitre rectangulaire qui courrait tout le long du mur. Dehors, la vue était splendide. Peut-être était-ce toujours le cas quand on trônait au dixième étage. Elle pouvait voir le ciel et de beaux nuages, le haut touffu des arbres verdoyants et, au loin, des bâtiments identiques au sien.

Un calme olympien l'envahit. Observer le paysage l'avait toujours détendu. Elle aimait cette harmonie qui se dégageait de la nature tandis que les constructions de l'homme luttaient pour dominer ne serait-ce qu'un morceau de terre.

Freddy embrassa le paysage, profitant du court moment de répit qui lui était offert. Elle adorait son travail, elle aimait dirigeait toute cette entreprise et rendre fière sa mère. Cependant, dans son bureau, en haut de sa tour, elle avait parfois l'impression de manquer d'espace. Quarante-cinq mètres carrés ne lui suffisaient pas pour respirer. Elle avait besoin que ces murs tombent.

Des coups résonnèrent à la porte, tirant Freddy de sa rêverie.

-  Entrez !

Après avoir dit cela, elle retourna s'asseoir dans son fauteuil sans se presser.

Marie-Laure passa la porte, sa tablette dans ses mains. Freddy désigna d'une main l'un des sièges qui était en face d'elle et la jeune femme y prit place.

-  Freddy, je voulais juste revoir avec toi le planning de la journée. Alors, tu as une réunion à dix heures pour la mise au point hebdomadaire. Ensuite, il te faudra lire le contrat que nous propose l'entreprise américaine. À quatorze heures, Maxime vient. Et, à seize heures tu as rendez-vous avec Mlle Koblan pour son shooting photo.

-  Mlle Koblan ?

Le stylo de Freddy arrêta ses pirouettes autour de ses doigts alors qu'elle fronça les sourcils. Elle ne se souvenait d'aucune Koblan.

-  Elle dit être une très bonne amie à toi.

-  D'accord.

-  Oh j'oubliais, Mr Kouassi m'a laissé ce rapport pour toi.

-  Laisse-le là Laure. Merci, dit Freddy avec un sourire.

-  Pas de quoi, c'est mon travail. Allez, je te laisse maintenant.

Marie-Laure s'en alla sans trop tarder. Freddy arrêta de se balancer sur son siège, attrapa le dossier et l'ouvrit sans attendre.

Étudier un dossier puis mener une réunion pour fixer les nouveaux objectifs de cette semaine et analyser les résultats de la semaine précédente n'était guère palpitant. Cependant, Freddy tenait à le faire.

La pause arrivée, Freddy prit son téléphone et écrivit à sa petite-amie.

Freddy_ Enfin la pause😩
Freddy_ T'as fini ? J'aimerais passer te chercher pour qu'on aille déjeuner ensemble
Freddy_ Tu me manques trop