Chapitre XXII.

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Il faisait froid dans les couloirs de la PISAM.
   À la suite d'un bref interrogatoire, la dame de l'accueil lui donna quelques renseignements. Jessica Koblan, son ex petite amie, était toujours au service de réanimation.

Leur histoire avait duré environ trois ans. Mylène avait 16 ans et Jessica, 17. Celle-ci était bourrée de charme, généreuse et attentionnée : Mylène pensait même qu'elle avait mit le grappin sur la personne idéale. C'était en tout cas ce dont elle essayait de se convaincre. Mais, plus le temps passait et plus Jessica s'éloignait. Mylène au contraire s'accrochait.

Le professeur d'arts plastiques tenta de stopper tous ces souvenirs en se dirigeant vers la salle d'attente, quand Lydie se jeta sur elle, affolée.

-  Enfin, te voilà !

-  Calme toi ! Comment c'est arrivé ?

-  Un camion... Qui n'avait plus de frein... Elle traversait la route et il l'a percuté... Elle est retombée un peu plus loin, parvient-elle à articuler en bredouillant un peu.

Mylène, catastrophée, la prit dans ses bras. Sa cousine hoquetta contre son épaule, tandis qu'elle, elle retenait ses larmes. Elle devait rester forte pour Jessica, mais aussi pour Lydie. Jessica et elle s'étaient beaucoup rapprochées.

-  Ils m'ont trouvé dans son téléphone, j'étais le dernier numéro qu'elle avait appelé...

-  Lydie, comment elle va ?

-  Tout ce que j'ai compris, c'est qu'elle a eu un gros choc à la tête et qu'elle était dans le coma...

-  Elle va s'en sortir.



Les deux jeunes femmes étaient restées à l'hôpital jusqu'à l'arrivée de la famille Koblan : les parents, le frère et la sœur de Jessica. Ils les ont salué avec une infinie gentillesse. Avant que les cousines ne rentrent chez elles, elles promirent de revenir le lendemain, Jessica allait aller peut-être mieux d'ici là, elle allait être peut-être consciente, hors de danger. C'était en tout cas ce qu'ils espéraient tous.

La jeune Koblan s'était réveillée au petit matin. Elle allait séjourner un bon moment à l'hôpital, mais elle était hors de danger. Migraines sévères, vue trouble, fracture de la jambe droite, plaies plus ou moins profondes : sa guérison prendra énormément de temps.



°°°°🎨°°°°

09 heures 12. Il commençait à avoir un peu de monde à l'hôpital. Mylène se dirigea vers la chambre de son amie.
C'était sur la pointe des pieds qu'elle s'approcha d'elle, impressionnée par tous les appareils qui se trouvaient dans la chambre. Une forte odeur d'antiseptique flottait dans la pièce.

Mylène éprouvait une immense tendresse pour elle et la voir dans cet état, couchée sur ce lit, lui crevait le cœur.

Elle s'assit sur la chaise installée près du lit et posa sa main sur la sienne. Elle la regardait quand son téléphone se mit à sonner. C'était Freddy.

-  Allô ?

-  Ah chérie ! Lorna m'a dit que tu étais partie en trombe lors de votre dîner... Qu'une de tes amies a eu un accident ! Tout va bien ?

-  Freddy !

-  Oui. Qui a été hospitalisée ? Si je peux faire quoique ce soit...

-  C'est mon ex...

Ça aurait été plus simple si tu lui avais dit Jessica.

-  'Fin Jessica...

-  Ton- Attends ! Quoi ? Jessica est ton ex ?

-  Oui.

-  Vraiment ravie de l'apprendre. Mais encore ? lâcha Freddy, froidement.

Je t'avais prévenu.

-  Rien. Ça fait longtemps qu'il n'y a plus rien entre nous, mais c'est mon amie, je me devais d'être là.

-  C'est gentil de ta part. Bon bah, je vais devoir te laisser. J'espère qu'elle ira mieux. À plus !

Et elle raccrocha, comme ça.

Pendant le reste de la matinée, Mylène tenta de la rappeler plusieurs fois. En vain. Elle se demandait bien ce qui lui passait par la tête.

Le professeur d'arts plastiques était perdue dans ses pensées quand une main se posa sur la sienne. Elle cligna des yeux et croisa le regard de son amie. Un regard heureux.

-  Mymy, merci d'être là.

-  Tu te sens comment ?

-  Secouée.

-  Tu m'as tellement fait peur, Jess...

-  << Jess >> ça fait tellement longtemps que tu ne m'as pas appelé comme ça.

-  Ça n'a plus vraiment d'importance que je t'appelle comme ça à présent.

-  Pour moi, ça en a.

-  Jessica, parlons d'autre chose.

-  Non. Cet accident m'a permit d'ouvrir les yeux. Il faut que je profite de ma vie avant qu'il ne soit trop tard.

-  Oui mais...

-  Je t'aime toujours, Mylène. Ça n'a jamais changé.

-  Jessica, pardon, arrête.

-  Je n'aurais jamais dû te quitter. Je regrette.

-  Je ne veux pas parler de ça...

-  Laisse-moi une seconde chance ! Je veux me rattraper et te rendre heureuse, s'écria t'elle en grimaçant de douleur. Je suis tellement désolée.

-  Calme toi ! Je vais te laisser te reposer, dit Mylène en se dirigeant vers la sortie.

-  Je n'abandonnerai Pas, Mylène. Je ferai tout pour te récupérer, murmura t'elle.

-  C'est trop tard.

-  Ce n'était pourtant pas le cas, la dernière fois, dans cet hôtel...

-  Au revoir.

Elle sortit de sa chambre et referma la porte. Elle était fatiguée. Il fallait qu'elle rentre chez elle.

Elle s'apprêtait à quitter l'hôpital, lorsqu'elle perçut, dans son dos, la voix d'Esther, la grande sœur de Jessica.

-  Elle va bien ? demanda-t-elle en s'avançant vers elle.

-  Oui, elle va bien vu les circonstances. Ça tombe bien que tu sois là. Tu vas rester avec elle ; moi je m'en vais, répondit Mylène en lui faisant la bise.

-  Tu as eu peur pour elle, n'est ce pas ?

-  Oui, j'ai eu très peur... J'ai cru qu'elle allait mourir...

-  Il y a ça, mais il y a aussi le fait que tu éprouves toujours des sentiments pour elle, ma chérie.

-  Esther, s'il te plaît, ne commence pas.

-  Je te dis juste la vérité. Bon, je vais la voir. Rentre bien.

Dans les heures qui suivirent, Mylène tenta de joindre une nouvelle fois Freddy. Sans résultat. Elle décida donc de lui envoyer un message.

Mylène_ Tu ne veux plus me parler ?💔

Elle ne tarda pas à recevoir une réponse.

Freddy_ J'avais beaucoup de boulot. Sorry.
Freddy_ Ton amie, il y a du mieux chez elle ?

Mylène_ Oui. Elle est à présent hors de danger

Freddy_ Super. Bon, je vais devoir te laisser. Je suis épuisée. Passe une bonne nuit

Mylène ne daigna pas répondre à ce message et préféra poser son téléphone sur sa table de chevet.

Putain...

Entre nousOù les histoires vivent. Découvrez maintenant