Iscely, réveillée et déjà habillée, s'apprêtait à descendre les escaliers. Elle s'immobilisa en voyant le jeune homme débouler dans la chambre :
— Tout va bien, Wulf ?
— Je dois partir. Tu viens avec moi ?
Surprise, l'apprentie le regarda récupérer le peu d'affaires qu'il possédait.
— Tu repars à la guilde ?
— Pour le moment, oui.
Wulfried passa son épée à sa ceinture, conscient que ce revirement de situation devait surprendre Iscely. Mais il avait pu réfléchir en montant les marches. Il était grand temps de reprendre la main sur son destin. Et tant pis s'il devait faire une croix sur la magie. Les manières de la vieille femme le mettaient mal à l'aise. Peut-être, un jour, retrouverait-il un maître en la matière mais, en attendant, il était hors de question de céder à ces pratiques douteuses.
— Marhra m'a signifié que je n'étais plus vraiment le bienvenu ici. Je crois que tu as raison et qu'il est possible pour moi de me rendre utile en tant que Traqueur.
Autrement qu'en obéissant sagement... Mais il aurait le temps d'y penser plus tard. De toute façon, il n'avait pas besoin d'expliquer à Iscely ce qu'il en était.
Cette dernière farfouillait sur sa table de travail où reposaient de multiples figurines.
— Je savais que tu allais partir tôt ou tard. Je te l'avais bien dit ! Personne reste jamais longtemps ici. Mais je suis contente que tu me préviennes avant de t'en aller ! Attends voir... J'ai...
— Je voudrais que tu viennes avec moi, la coupa Wulfried, un peu vexé qu'elle ne paraisse pas vraiment touchée par son départ.
Iscely arrêta de fourrager dans son bric-à-brac et releva la tête :
— Moi ? Mais pourquoi ? Et puis, je ferais quoi ?
Bonne question... Il se passa une main dans les cheveux, ennuyé. On n'intégrait pas n'importe qui aux Traqueurs. Cependant, hors de question de laisser Iscely aux mains de cette vieille folle. Il trouverait bien une façon de permettre à la jeune fille de s'en sortir, en admettant qu'elle ait réellement besoin de lui, compte tenu de ses capacités pour guérir. Mais, quand il la voyait le dévisager ainsi avec ses grands yeux innocents, il ne pouvait décemment pas l'abandonner sans remords.
— Je crois... que tu perds ton temps ici, commença-t-il sans trop savoir comment argumenter, puisqu'il ne pouvait avouer la vérité. Tu es douée, tu ferais une bonne guérisseuse. Marhra t'expl...
— Oublie ça, Wulf.
Iscely soupira et se remit à chercher sur sa table encombrée de babioles :
— J'ai aucune envie de partir. C'est vrai, Mère-Grand est pas parfaite, mais je peux pas m'en aller comme ça. Essaye même pas d'insister.
— Je ne comprends pas ce qui te retient. C'est elle qui te menace, ou quelque chose comme ça ?
La jeune fille lui jeta un bref coup d'œil surpris et esquissa un sourire amusé :
— Mais non, où vas-tu chercher des idées pareilles ? Non, je reste de mon plein gré, c'est promis. Et je vais encore demeurer au donjon quelques temps. Mais, je suis heureuse de t'avoir connu.
Wulfried sentit l'agacement le gagner alors qu'elle se détournait à nouveau pour chercher il ne savait quoi. Pourquoi ne voulait-elle pas comprendre qu'il agissait pour son bien ?
— Ecoute-moi, Iscely. Je sais que...
— Je t'ai dit de pas insister.
Elle ne l'avait même pas regardé, mais le ton était cassant, sans appel. Elle n'avait pourtant pas l'air contrarié lorsqu'elle se tourna vers lui pour lui tendre un paquet :
VOUS LISEZ
Guérisseur
FantasyEn refusant de marcher dans les pas de ses parents, Wulfried pense faire le choix de la liberté. Passionné d'herboristerie, le jeune homme veut devenir guérisseur. Non, ce n'est pas l'amour de son prochain qui le porte, mais l'appât du gain ! Sans é...