Chapitre 35 : Espoir

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Quand il reprit conscience, allongé au sol, Wulfried découvrit tout d'abord les grands yeux effrayés de la jeune fille. Elle s'était agenouillée par terre et lui avait posé la tête sur ses genoux. 

Encore sonné, il la considéra un instant, avant de murmurer :

— J'ai cru que tu allais me tuer...

Iscely eut un petit sourire désolé et l'aida à se redresser. Il sursauta lorsque s'appuyer sur les pavés froids réveilla une douleur dans ses mains. Il considéra ces dernières avec inquiétude : elles paraissaient légèrement brûlées par endroit.

— C'est dû à la magie, expliqua Iscely en suivant son regard. Ça va se refermer tout seul d'ici quelques minutes, j'ai fait le nécessaire. Ceux qui possèdent le don ont aussi une spécificité et, pour ma part, c'est le feu... c'est puissant, mais parfois un peu brutal. Mais, ça fonctionne bien, pour réchauffer la vie intérieure des petits nouveau-nés !

Elle avait prononcé ces mots avec précipitation, comme pour se justifier. Wulfried regarda ses blessures disparaitre lentement :

— C'est tout de même un pouvoir formidable que tu as là...

À voir l'expression de soulagement d'Iscely, ses mots lui avaient fait plaisir.

— Oh ! Merci ! Je craignais tellement que tu...  Enfin... j'oublie parfois que je suis plus en Escelie !

— Tu avais peur de quoi ?

— Rien... Enfin, bref, je peux te dire que ça a fonctionné !

Une vague de soulagement saisit Wulfried avant que la réalité ne revienne lui nouer les entrailles : Iscely était toujours condamnée. La jeune fille s'était appuyée contre le banc et, les yeux clos, paraissait reprendre des forces. Sa peau n'avait pas viré au bleu, mais sans doute avait-ce été le cas, durant le moment d'inconscience dont il avait été victime.

— Merci, vraiment, reprit-il. Je...

— C'est normal. Si j'avais été un peu plus maligne, je me serais doutée de ce que Mère-Grand mijotait. Grestan, Reori, Manfried...

Sa voix se troubla un instant, mais elle poursuivit :

— Et Lurcan. Ça fait beaucoup trop de morts et de disparition. D'une façon ou d'une autre, elle va devoir répondre de ses actes. Je m'y engage. Si seulement je savais comment me débarrasser de ce bout d'esprit qu'elle m'a implanté !

Encore hébété, Wulfried s'assit près d'elle et reprit sa main dans la sienne. Si les joues de la jeune fille se colorèrent un peu, elle le laissa faire sans rien ajouter. Elle semblait épuisée et regardait dans le vide.

— Je sais où nous pouvons obtenir des informations ! s'exclama soudain Wulfried, rompant le silence qui s'était installé.

Devant l'air interrogateur d'Iscely, il se releva :

— Dans le livre de Marhra. Elle a une grande bibliothèque, au troisième, et il y a un recueil ! Je l'ai lu en partie. Je suis certain qu'il pourrait nous aider !

La jeune fille le regardait comme s'il était devenu fou :

— Tu plaisantes ? Elle déteste la lecture, elle...

— ...ne veut pas qu'on puisse s'en servir. C'est pour cela qu'elle refuse que ses apprentis sachent leurs lettres ! Ce n'est pas parce qu'elle méprise les livres !

Iscely ouvrit de grands yeux mais ne protesta plus.

— Je vais le chercher ! poursuivit Wulfried en regardant déjà autour de lui pour se repérer par rapport au donjon.

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