Chapitre 37 : Dénouement

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Quand le jeune homme rouvrit les yeux, Marhra gisait au sol, inconsciente. Iscely se trouvait dans le même état, sa peau si pâle qu'elle avait viré au bleu brumeux.

Wulfried se précipita près de la jeune fille afin de vérifier qu'elle respirait encore. Le pouls de cette dernière battait doucement. Le soulagement saisit le guérisseur lorsqu'elle souleva ses paupières. Même ses iris avaient tourné au bleu délavé. Elle esquissa un sourire fatigué en reconnaissant le jeune homme :

— T'inquiète pas... Elle fera plus de mal à personne...

Comme elle peinait à aligner ses mots, Wulfried la prit dans ses bras, inquiet. Elle était si légère, paraissait si fragile, qu'il craignit de la blesser rien qu'en l'enlaçant. Il préféra rester par terre et se contenta de la soutenir avec précaution, la tête de la jeune fille dans le creux de son épaule.

— Est-ce que ça va aller ? Tu es vraiment très pâle et...

Glacée, Iscely s'était blottie contre lui et avait fermé les yeux, mais elle les rouvrit pour souffler :

— Je sais pas, je me sens... étrange. Je...

Elle fit un effort pour poursuivre, tandis que Wulfried cherchait désespérément une idée de remède pour la remettre sur pied. Des sels de pâmoison feraient-ils l'affaire ?

— Tu es gelée, attends.

Il retira son manteau de voyage et l'en enveloppa avant de la reprendre dans ses bras.

— J'ai pas froid... voulut-elle le rassurer. Je me sens... pleine d'énergie... à l'intérieur... j'ai chaud...

Difficile à croire, quand il sentait sa peau aussi glacée que la neige.

— J'ai utilisé... beaucoup... beaucoup de magie... je... je pensais pas que c'était possible... Ça m'a comme submergée... comme...

— Envahie ? s'alarma le jeune homme en blêmissant. Tu as déjà entendu parler du Tout ?

Iscely eut un faible sourire et referma les paupières en murmurant :

— C'est ça, je crois... c'est... très agréable...

Comme elle se relâchait un peu plus dans ses bras, Wulfried sentit l'angoisse le dévorer :

— Non... Non ! Iscely ! Ne te laisse pas...

— J'y peux rien, je crois, Wulf... je suis très... fatiguée, tu sais...

Ses paroles n'étaient plus qu'un souffle à peine audible. Elle n'avait même plus essayé de le regarder et semblait sombrer dans un sommeil paisible. Le jeune homme eut une furieuse envie de la secouer : elle ne pouvait pas abandonner maintenant ! Pas à présent que Marhra avait cessé de nuire ! Que pouvait-il faire ? Lui qui gardait son sang-froid devant n'importe quel malade n'arrivait plus à réfléchir convenablement. L'allonger, lui relever les jambes comme pour un vulgaire malaise ? Non. Au plus profond de lui, il savait que seule la magie pouvait interférer.

Alors, il ferma les yeux.

Il se concentra.

Il tenta de retrouver ce Fil qu'il avait, un temps, réussi à manipuler...

Il pria les Six de le soutenir, de lui permettre d'observer, au moins cette fois, un autre esprit que le sien, sans aide extérieure.

Juste une fois.

L'obscurité le cernait.

Seulement le vide. Seulement le noir.

Juste une toute petite fois.

GuérisseurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant