Memories | [MarcoxAce]

Chapitre 16 - Journée de m*rde

Portgas D Ace

Il y a 19 minutes

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Whitey Bay

Ça veut dire quoi ? J'attends le compte rendu de ton exploration, moi !

Sabo

Ace, pas moyen de retrouver mon chargeur, je vais en acheter un nouveau tout à l'heure. Je t'appelle, et tu m'expliques tout, et aussi ce que tu veux dire, là...

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Cette fois, la tour me fait peur, alors que je me tiens devant son ouverture aux ténèbres profondes et menaçantes. Ses exhalaisons me paraissent plus putrides que jamais. Le temps a-t-il passé depuis la dernière fois que je suis venu, c'est-à-dire ce matin ? Maintenant, ses pierres sont usées, elles s'effritent comme de la craie sous mes doigts qui effleurent le symbole "æ", presque effacé à présent.

Je prends peur. Est-ce que quelqu'un m'attend toujours tout en bas ? La lumière est-elle encore vivante ?

Le courage me manque. Si c'est le vide et le néant qui me sont destinés, je préfère ne rien savoir. Je suis incapable de les affronter, parce que c'est lui que je veux "voir" et entendre. Une éternité se passe, durant laquelle je reste figé sur le seuil de la porte en arc de cercle. Il ne me faut qu'un pas, un seul, et je saurai.

Je ferme les yeux. Je fais ce pas. Le noir m'aspire, l'air froid tourbillonne autour de moi. Rien ne se déroule comme précédemment. Il n'y a plus d'escalier. Mes paupières sont collées. Mon cœur tape tellement fort dans ma poitrine qu'il va exploser, c'est certain. Personne ne pourrait résister à une telle pression.

Ma cage thoracique me fait mal, quelque chose appuie dessus. J'ai envie de crier mais les sons ne franchissent pas mes lèvres serrées, figées.

Puis tout s'arrête, aussi soudainement que ça a commencé. Il n'y a plus que le silence, et mes yeux s'ouvrent enfin. A présent, je suis au sommet de la tour, comme ce matin. Le ciel au-dessus de ma tête est rouge, un amalgame de nuages pourpres, de coulées vermillon, de traînées incandescentes. La tour n'est plus usée ni éboulée, elle est neuve. Son parapet crénelé et brillant se découpe nettement sur la lumière écarlate. Je fais quelques pas en avant pour regarder par-dessus le balcon, mais entre les gros blocs réguliers, je n'aperçois rien. Le monde autour a été aspiré par la lumière sanguine qui pèse sur moi et les pierres lisses sous mes mains.

Je lève les yeux, m'attendant presque à voir surgir un oiseau géant, jaillissant des tourbillons glacés et rouge, mais il n'y a rien.

C'est à ce moment-là que je l'entends approcher. Ses pieds raclent le sol derrière moi. Mon cœur se remet à cogner, car je sais que ce n'est pas celui que j'espère, celui dont les bras m'accueillent comme un foyer chaleureux. Non, cette fois, c'est l'autre, celui qui me fait peur, celui qui me fait voir tout ce rouge.

Très lentement, je me retourne, les yeux obstinément baissés, pour ne pas avoir à l'affronter trop tôt. Que me veut-il ? Comment m'a-t-il retrouvé ?

Je ne peux voir que ses jambes pour le moment, elles sont massives, très noires, comme sculptées dans une espèce de roche volcanique irrégulière, craquelée, boursouflée.

Malgré moi, mon regard remonte le long de sa silhouette démesurée, cauchemardesque. Son visage est inhumain, ses yeux rouges profondément enfoncés dans des orbites repoussantes. Avec peine, je retiens un gémissement de peur. Je recule d'un pas, et lui en fait un en avant dans ma direction. Notre ballet de terreur dure ainsi jusqu'à ce que mon dos touche la pierre du parapet. Sa main énorme, noueuse, s'avance vers moi, encercle mon cou. Elle est glacée, horriblement glacée, et son froid mortel s'étend sur ma peau telle une vague funeste.