Memories | [MarcoxAce]

Chapitre 41 - Remise en question

Portgas D Ace

Il y a 38 minutes

Que faire quand d'un côté tout s'écroule ?

Que faire quand, de l'autre côté, tout se reconstruit ?

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Whitey Bay

C'est quoi ce nouveau délire ?

Max

C'est ton prochain sujet de dissertation ?

Thatch

Tu as des problèmes à digérer la raclette ?

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- Ça va ?

- Oui. Enfin non... Enfin je ne sais pas.

Sabo m'observait, les sourcils froncés. Quelle tête j'ai pour qu'il me fixe comme ça ? Je m'assis près de lui sur le canapé et soupirai. Autour de nous, le monde demeurait normal, inchangé. La scène était si familière, quotidienne, que j'eus l'impression d'être face à un décor de cinéma. Que du toc, du faux, pour donner l'illusion de la réalité, du rassurant. Pourtant, j'étais chez moi, dans ma maison, assis dans mon salon, devant ma cheminée. Sabo, le chat, le chien... Tout paraissait si... ordinaire. J'étais ici et dans un coin de ma tête, j'étais ailleurs, dans un autre temps, quasiment un siècle en arrière. J'étais vivant, et bien vivant. Et j'étais mort. Sur une plage, coincé entre la mer et la pierre. Le seul élément qui s'était transformé, c'était moi et moi seul.

- Tu as l'air bizarre, insista Sabo en continuant à me scruter.

Je haussai les épaules et me détournai, pour me soustraire à son regard trop inquisiteur. J'étais sur les nerfs, prêt à exploser.

- Je suis fatigué.

Sabo s'esclaffa.

- Tu as quand même dormi jusqu'à 13 heures !

Non, je n'avais pas dormi. Ou si peu. Quelques heures brèves entre le moment où Marco m'avait ramené à la maison et celui où j'avais commencé l'exploration de ma mémoire. Le reste du temps, je l'avais occupé à redécouvrir une vie, des vies, mes vies. Et la fin de la dernière, tragique. Je n'arrivais pas à effacer les sensations qui étaient remontées à la surface. Le goût de la trahison, le manque, la révélation, la chute. L'épilogue douloureux.

Il fallait que je retrouve Marco, il fallait que je m'assure qu'il était bien là, vivant, réel. Et non pas un songe, une illusion. Surtout, je devais lui parler, expliquer, m'excuser. Une panique, une urgence, me saisit, vertigineuse, hérissa ma peau, mais je me forçai à donner le change, face à Sab'. Pour lui, tout était à sa place. Alors que je ne me sentais plus à la mienne.

Rester assise ici, sans rien faire, m'apparut insupportable. Je me levai d'un bond.

- Je vais prendre ma douche, déclarai-je.

Sans attendre de réponse, je remontai, m'enfermai dans la salle de bains et, ouvrant les robinets à fond, fis couler une eau brûlante dans la baignoire. Son jet, sur ma peau, me donna des frissons. Je fermai les yeux et aussitôt, les images entêtantes revinrent me hanter.

Law. Il avait été mon ami pendant de nombreux siècles, recueillant mon amour fraternel, mes confidences... Je me remémorais nos fous rires, nos regards complices, nos longues heures de vol, côte à côte, le Phénix et le Rokh. Cela aurait pu me faire sourire. Mais il y avait eu ce changement en lui. Cette peur de la mort, de cette fin inéluctable, malgré son essence exceptionnelle. Il n'arrivait pas à concilier sa nature de créature fabuleuse capable de vivre des siècles et son destin de simple mortel. Cette ambiguïté l'avait mené à l'inexorable chute vers un état de détresse et de rébellion. Non, la mort ne pouvait pas l'abattre lui ! Pas le Rokh ! C'était la cause de la situation actuelle. Même après tant d'années, après ma disparition le temps d'une vie, il n'avait pas réussi à accepter son destin, sa fin ultime. Depuis que nous avions échangé nos premiers mots, sur scène, le jour du cours d'impro, celui de l'ascenseur spatial, jusqu'à la dernière fois où je lui avais parlé à la fac, il avait oeuvré pour le même objectif : m'attirer à lui, faire de moi son alliée, me transformer en l'ennemie de Marco pour récupérer mon feu, afin de devenir le Phénix.