Portgas D Ace
Il y a 48 minutes
Découverte du conservatoire du coin cet après-midi et surtout de mon professeur de violoncelle, monsieur Razowski. Le tout est de ne pas éclater de rire en le voyant.
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Sabo
Surtout s'il n'a qu'un œil.
Max
Et s'il est vert.
Sabo
Et s'il a des petites cornes.
Whitey Bay
Et s'il n'a que trois doigts.
Max
Ce qui risque de poser problème pour jouer du violoncelle.
Portgas D Ace
Arrêtez avec vos délires, ça va être encore plus difficile de rester sérieux en allant en cours.
Whitey Bay
N'empêche, c'est sympa d'avoir comme prof un personnage de Monstres et Compagnie
Portgas D Ace
OK, ça y est, je déconnecte, parce que je ne vais pas y arriver sinon.
Sabo
On ne te demande pas d'être sérieux, on te demande de jouer du violoncelle, alors personnage de dessin animé ou non, tu joues et puis c'est tout !
Whitey Bay
Et n'oublie pas de nous faire une photo de monsieur Razowski !!
Max
Surtout de son oeil !:-))
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Cette première leçon de violoncelle était la dernière étape de ma routine hebdomadaire dans ma nouvelle vie. Tous les mercredis après-midi, j'allais me retrouver ici, dans ce bâtiment ultramoderne, à l'acoustique parfaite, où, de chaque pièce, s'échappaient de discrètes notes de musique. Piano, hautbois, clarinette, flûte traversière, violon, chant... Ces envolées mélodieuses habitaient l'atmosphère ouatée du conservatoire flambant neuf. La coque rigide de mon violoncelle sur le dos, le cœur battant légèrement, je frappai à la porte de la salle de cours.
- Entrez, dit une voix douce.
Avant de pousser la porte, je pris une profonde inspiration et tentai d'oublier les remarques de mes amis à propos de M.Razowski. Mais aussi, quelle idée de porter le nom d'un personnage de dessin animé !
Ma prof à Paris était une femme jeune, enthousiaste, qui vouait une passion dévorante à son art. Elle avait su maintenir mon goût pour le violoncelle malgré les difficultés de son apprentissage. J'avais accumulé les fausses notes, fait crisser mon archet, pleuré de douleur parce que je n'écartais pas assez les doigts de la main gauche afin de maintenir une première position parfaite. Et pourtant, j'étais devenu au bout de quelques années un vrai virtuose et, dans un coin de ma tête, j'envisageais une carrière professionnelle dans la musique.
Ici, pas de jeune femme chaleureuse, mais un vieux monsieur aux cheveux neigeux soigneusement lissés sur la tête, séparés par une raie très droite. Il n'avait pas qu'un œil, mais quatre, compte tenu de l'épaisseur des verres de ses lunettes. Sa peau rose était striée de rides délicates et il portait une fine moustache blanche très classe, comme les hommes du début du XXe siècle. Voici donc M. Razowski... Mes amis allaient être déçus par sa description, à n'en pas douter.
- Bonjour monsieur, murmurai-je, intimidé par son costume trois pièces marron et son nœud papillon assorti.
Il me fit signe de m'installer et, en remontant ses lunettes sur son nez étroit, se pencha sur sa liste d'élèves.
- Portgas D Ace, c'est bien ça ?
- Oui, monsieur...
Je me dépêchai de déballer mon violoncelle, de vérifier s'il était bien accordé et m'assis sur le siège en face de lui. La salle était petite, équipée d'une seule fenêtre, d'un piano droit en laque noire posé contre un mur et d'une pagaille de pupitres métalliques en vrac dans un coin.
- Alors, jeune homme, pour commencer, montrez-moi de quoi vous êtes capable...
Me doutant de sa requête, j'avais ressorti toutes mes partitions afin de choisir celle que j'interpréterais pour cette occasion. Après une longue hésitation, ma préférence se porta sur un morceau de Pablo Casals, Song of the Birds. C'était plutôt triste, mais je l'aimais bien et ça changeait de Bach, que l'on jouait un peu à toutes les sauces, comme s'il était le seul compositeur à avoir écrit pour violoncelle.
Une heure plus tard, je sortis de mon cours avec une bonne appréciation de M. Razowski, qui avait eu l'air de s'illuminer de l'intérieur quand il m'avait entendu jouer, et un morceau de Zoltán Kodály à travailler.
Une fois à la maison, je pris mon courage à deux mains pour appeler Max. Bizarre. À Paris, on s'appelait souvent, pour n'importe quoi : les devoirs, prendre un verre ou se faire un ciné. Depuis que j'avais emménagé en Provence, tout était différent. Je n'osais pas composer son numéro, comme si accomplir cet acte d'une banalité affligeante risquait de lui faire deviner mes sentiments, tout ça parce qu'il y avait une plus grande distance entre nous et peut-être moins de raisons de s'appeler.
Je fus presque soulagé de tomber sur son répondeur, et m'empressai de lui laisser un message maladroit, avant de raccrocher, le cœur battant la chamade. J'étais un débile profond. Pour apaiser la rougeur de mes joues, je me plongeai dans une dissertation compliquée, reléguant Max au fin fond de mon crâne. Aujourd'hui, il vivait loin, plongé dans un rythme de prépa prenant, difficile, et mis à part quelques commentaires sur Facebook, j'avais l'impression que je n'occupais plus aucune place de choix dans sa vie. Peut-être n'en avais-je réellement jamais eu ?
Je ne cherchai pas à recontacter Max tout de suite et lui ne me rappela pas. Une routine agréable s'installa peu à peu dans mon quotidien. Entre les cours, les devoirs, les nouveaux amis et le conservatoire, le temps passa plus vite que je ne l'aurais cru. Et si j'avais su ce que me réservait mon destin, j'aurais profité avec plus d'ardeur de ces semaines de douceur et de quiétude qui nous firent tous dériver doucement, mais sûrement, vers le mois d'octobre...
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Memories | [MarcoxAce]
Fiksi PenggemarAce a déménagé en Provence avec ses parents et y commence sa première année d'université. Passionné de musique et de théâtre, il mène une existence normale. Jusqu'à ce qu'il fasse cette troublante série de rêves dans lesquels un homme lui parle, et...