Chapitre 1 - Nouveau départ

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Portgas D Ace

Il y a 3 minutes

"Que ceux qui sont encore debout à 4h21 du matin, comme moi, lèvent le doigt !"

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J 'aime marcher en solitaire dans la pinède. C'est un bout de forêt qui fait partie du domaine de mes grands-parents. Il est cerclé de barrières indiquant qu'il s'agit d'une propriété privée, alors je m'y sens en sécurité. Enfants, mes cousins et moi y jouions à cache-cache, ou encore allions tremper nos pieds dans le petit cours d'eau qui la traversait, quand il n'était pas tari par les fortes chaleurs.

Aujourd'hui, j'y flâne seul, laissant les parfums de pin et de résine dégorger des troncs des arbres. Les brindilles sèches craquent sous mes pieds nus. Je me promène toujours pieds nus. J'ai besoin de sentir la terre en contact direct avec moi. Cela m'apaise.

Il fait chaud, mes cheveux brun collent dans mon cou et sur mon front. Enfin, je reconnais l'arbre tordu. La vieille tour de pierres grises n'est plus très loin. Je l'avais oublié, depuis toutes ces années. C'est une ancienne ruine couverte de lichen et de lierre étouffant ses blocs ternes et branlants. Elle est à moitié effondrée, certaines parties ont roulé sur le sol, prenant l'apparence de l'humus, recouvertes de feuilles mortes, d'aiguilles de pin et de glands moisis.

Il n'y a plus de porte pour protéger l'ouverture en arc de cercle derrière laquelle apparaît un gouffre noir, froid, exhalant des relents de terre pourrie. En plissant le nez, je pénètre quand même dans ce qui reste du bâtiment. Sous mes pieds, je sens de la poussière humide.

À tâtons, car il fait très sombre, je pose la main sur le mur de droite et je le suis à l'aveuglette. Mes orteils arrivent au bord d'une marche. Je la descends. Puis une autre, et encore une autre. Mon cœur bat la chamade. Je sais que je vais trouver quelque chose d'important en bas de cet escalier en colimaçon, dont le sol inégal et glissant est gelé.

Oui... je vais trouver... retrouver quelque chose d'essentiel, mais quoi ? Je ne me souviens plus. Pourtant, je suis sûre de l'avoir su à un moment.

Après avoir descendu je ne sais combien de degrés dans cette étroite cage qui tournicote en s'enfonçant dans les entrailles de la terre, j'aperçois une lumière, une lueur claire, chaude, rassurante. Il y a bien quelque chose en bas, je le savais !

Je descends plus vite à présent. Le rayonnement est tellement fort qu'il m'éblouit et je tends une main devant moi, afin qu'elle projette une ombre sur mes yeux. En plissant les paupières, j'aperçois juste une silhouette, indistincte dans le contre-jour, entourée d'un halo de rayons qui semblent jaillir d'elle.

C'est pour cette silhouette que je suis là, je le sais.

- Tu es revenu, murmure alors une voix.

Mes yeux s'ouvrirent d'un coup dans le noir complet. Je suis où ? Il me fallut quelques secondes pour me remettre l'esprit à l'endroit, et me rappeler. Dans ma chambre. Ma nouvelle chambre. Je n'y étais pas encore complètement habitué et le réveil brutal avait accentué cette impression d'étrangeté.

Un bref regard vers mon réveil m'indiqua qu'il était 4 h 21 du matin, et je soupirai. Je pouvais dormir encore deux bonnes heures, mais je savais que j'aurais du mal à retrouver le sommeil, maintenant, tout envahi des sensations qui s'agitaient encore en moi. Mon cœur battait à tout rompre, toujours sous le coup de l'émotion. Je pouvais même l'entendre, martèlement erratique qui résonnait dans ma cage thoracique et rythmait le silence de la nuit. Par la fenêtre ouverte, un léger souffle d'air chargé du parfum de terre mouillée se glissait à travers les volets de bois peints en bleu. Je passai une main sur mon front voilé d'une moiteur poisseuse, me redressai, allumai la lampe de chevet, les yeux clignant malgré la lumière terne de l'ampoule à économie d'énergie. Ce truc paraissait toujours trop faible quand il s'agissait de lire, mais trop violent au milieu de la nuit, après un songe bizarre. La voix de mon rêve vibrait encore dans mon crâne, "Tu es revenu " Un simple chuchotement, mais qui contenait tellement d'émotions : de la joie, du soulagement, de l'émerveillement, de la mélancolie, tout cela en trois mots à peine murmurés dans une vision évanescente.

Memories | [MarcoxAce]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant