Chapitre 49 - Retour au classique

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Portgas D Ace

Il y a 24 minutes

Je suis prêt.

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Whitey Bay

Nous aussi.

Sabo

Moi aussi.

Max

Je n'aurais manqué ça pour rien au monde.

Thatch

Ça va me changer du rock !

Monkey D Luffy

Présent !

Marco

Je n'ai pas le choix... ;)

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J'étais prêt. J'avais vécu ça des centaines de fois. Dans d'autres vies. Les images de ces souvenirs défilaient dans ma tête, mais je les chassai. Plus tard, je prendrais le temps de me remémorer ces partitions que j'avais fait vivre sur scène. Devant d'autres personnes, en d'autres temps. Aujourd'hui, je devais me concentrer, profiter pleinement du moment présent.

Le retour à la fac s'était bien passé, tout le monde m'avait accueillie en héro, et j'avais dû, au bout de quelques heures, supplier mes amis d'arrêter de m'observer, de s'enquérir de ma santé. J'allais bien. Ma tristesse ne s'était pas encore complètement effacée, elle flottait dans mon âme comme un brouillard capable d'assombrir des moments lumineux, mais je savais qu'il finirait par se dissiper, et ne resterait bientôt que le meilleur de Law, ce qu'il m'avait offert de plus beau dans nos vies précédentes. Ma routine avait vite repris ses droits : mes allers à la fac avec Whitey et mes retours avec Marco. Ses visites fréquentes, nos conversations nocturnes dans le secret de nos esprits reconnectés. Les semaines s'étaient écoulées, douces, rythmées par mes répétitions intensives en vue de mon audition pour le conservatoire.

Dehors, le mimosa embaumait, ses boules jaunes éclataient, apportant une touche de gaieté en cette fin d'hiver. Les températures étaient clémentes. Bientôt, le printemps serait là et, avec lui, jailliraient les couleurs et les parfums des fleurs. Cet été, mes parents ouvriraient, pour la première saison estivale, les chambres d'hôtes qu'ils s'étaient donné tellement de peine à rendre les plus confortables et les plus accueillantes possible.

J'avais retrouvé mon équilibre, ma mémoire, mon amour, mes amis, ma famille. Ma vie. Celle d'Ace et celle du Phænix. Et c'est fort de toutes ces lumières éclairant mon âme que je redressai la tête. Je l'avais gardé baissée, le temps de me cadrer, de repérer le point de balance parfait à l'intérieur de moi-même.

Le public dans la salle était silencieux. Recueilli, attentif, curieux. Les spectateurs, installés sagement sur les chaises parfaitement alignées, me fixaient. J'étais également assis, concentré. Mon violoncelle posé sur ma poitrine était familier, rassurant. Son poids, son parfum boisé, mélangé à celui du vernis et de la colophane, me faisaient me sentir comme à la maison.

Légèrement en retrait, Marco se tenait prêt, installé derrière le magnifique piano à queue brillant sous les spots du plafonnier. Il avait enfilé un costume sombre, une chemise blanche, avait gominé ses cheveux et les avait sagement ramenés en arrière. Ses longs doigts posés sur les touches attendaient mon signal.

Lentement, je posai mon archet sur les cordes de mon instrument puis je fis un signe de tête. Aussitôt, les notes du piano s'élevèrent dans l'auditorium, rejointes par celles du violoncelle, graves, mélancoliques, pures.

L'accord parfait de nos deux instruments résonnait, écho remarquable de nos existences. Deux êtres mêlés pour toujours, vivant pour se retrouver, se croiser, évoluer l'un avec l'autre, afin d'élaborer une mélodie vivante, constituée de deux voix, de deux respirations. Le Phænix. Moi et lui. l'Amour et l'Éternité.

Tristesse, joie, douleur, bonheur... Les sentiments exprimés tout au long de la sonate de Miaskovsky illustraient notre vie, nos vies, ce que nous avions traversé, ce que nous éprouvions, ce qui nous attendait.

Encore une fois, la musique illustrait l'instant.

Devant moi, les visages que j'aimais s'alignaient. Au premier rang, il y avait mes parents, mon oncle et ma tante, ainsi que mon cousin. Juste derrière, je pouvais voir Sab' et Max, qui s'étaient déplacés rien que pour m'écouter jouer, s'assurer que j'étais bien vivant. Que c'était bien moi, Ace, sur la scène d'un conservatoire, jouant du violoncelle, dans mon domaine de prédilection : le classique.

Étaient présents également Whitey et ses parents, Thatch et Izou, Maha, Jules et Laurent. Même Marc, mon professeur de théâtre était là, curieux de découvrir les autres facettes artistiques de ses élèves.

Dans les coulisses, M. Razowski nous écoutait attentivement, légèrement stressé pour nous. Pour terminer, il y avait le jury, composé de quatre personnes, qui devait juger de mon niveau.

Contrairement à ce que j'aurais pu ressentir quelques semaines plus tôt, quand j'étais noyé dans l'ignorance et l'oubli, je n'avais pas peur. Je connaissais ma partition, j'avais des décennies d'expérience derrière moi. Le violoncelle était une extension de mon corps, sa sonorité un écho de ma voix, sa musique une projection de mon âme. Et Marco était là. Comme toujours. Son don pour le piano éclatait aux oreilles de tous, alors qu'il m'accompagnait dans cette nouvelle aventure.

- Tu es incroyable, chuchota-t-il dans un coin de ma tête.

- Toi aussi, répondis-je silencieusement.

Jouer avec Marco aujourd'hui, c'était comme fusionner, devenir un seul être, voler sur la cime de la mélodie, donner corps à notre amour. Un accord majeur parfait.

Enfin, le dernier refrain vibra, résonnant d'un espoir extraordinaire, s'acheva sur l'ultime note jouée par le violoncelle. Elle resta suspendue longtemps dans l'auditorium, suivie par un silence religieux, presque surréaliste.

La salle était figée. Puis, d'un seul coup, un tonnerre d'applaudissements jaillit, accompagné d'un mouvement général et spontané : la standing ovation. Des cris, des sifflements appréciateurs se firent entendre,

Lentement, je me levai, afin de saluer mon public enthousiaste. Mes joues étaient chaudes et rougies par l'émotion, mon cœur battait la chamade. Marco vint se placer près de moi et, ensemble, nous saluâmes, toujours accompagnés par l'enthousiasme de tous. Même les membres du jury s'étaient levés et je ne pus m'empêcher de sourire, heureux. Profondément heureux.

Je me tournai vers Marco qui me contemplait, le regard empli de fierté et d'amour.

Quelques semaines plus tôt, j'avais souhaité de toutes mes forces vivre cette vie, la continuer, profiter de ce qu'elle avait à offrir. À cet instant précis, je sus que j'avais eu raison.

Cette vie était parfaite. Et elle s'annonçait longue et belle...

Memories | [MarcoxAce]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant