Chrétiens et Païens

443 29 1
                                    


Tôt le matin, alors que la brume ne s'est pas encore dissipée, des hommes et femmes se sont portés volontaires afin d'aller chasser du gibier pour nourrir tout le clan.

Parmi les volontaires, Alya et Ubbe ouvrent la voie à travers les arbres.

Encore secouée par les évènements de la veille accumulés à la fatigue, Alya peine à mettre un pied devant l'autre sans bousculer quelqu'un. Elle s'excuse à plusieurs reprises avant de se séparer du groupe pour essayer de repérer un animal. Tenant fermement son arc dans sa main, elle retrouve la même sensation que le jour où elle a dû achever Anja. Un frisson glacial parcourt son corps lorsqu'Ubbe la surprend en posant une main sur son épaule.

- Devant toi, chuchote-t-il en désignant du doigt un cerf dont les bois se dressent majestueusement sur sa tête. Il est si proche qu'il est impossible de le rater.

Glissant une flèche entre ses doigts, Alya tire sur la corde en visant le cerf.

Son esprit continue de jouer avec elle, elle ne peut s'empêcher de voir Anja à la place du cerf.

Les secondes passent sans qu'Alya puisse mettre fin à la vie de l'animal. Elle aurait aimé qu'il les voit et s'enfuie rapidement, ça lui aurait donné une excuse pour ne pas avoir réussi à le toucher. Mais le cerf ne les voit pas et reste immobile.

Anja est morte et même si le deuil est encore douloureux, elle doit penser aux vivants et aux blessés qui ont besoin de nourriture pour survivre aujourd'hui et demain face à l'armée d'Ivar.

Après avoir inspiré profondément, elle lâche la flèche qui tournois dans les airs et se plante dans le ventre du cerf qui tombe par terre de tout son poids.

Sans attendre, Ubbe se précipite vers lui pour s'assurer qu'il est bien mort et fait signe aux autres chasseurs afin de recevoir de l'aide pour le porter jusqu'à la charrette.

- Bien joué Alya, dit-il en repassant devant la jeune femme.

De retour au campement, Alya rend visite à l'homme qu'elle a sauvé avec Nikklas la veille. Le pauvre a perdu sa femme dans la nuit. Malgré son air dur, il est inconsolable. Entre la douleur de la perte de son épouse et la douleur de sa blessure, il lui est difficile de trouver l'envie de continuer à vivre.

- À quoi bon ? Dit-il en montrant sa plaie béante sur son torse. Ivar et son armée finiront par nous vaincre de toutes manières. Plus rien ne me retient ici.

La jeune femme s'assoie à côté de lui et lui prend la main.

- Pour votre clan, pour vous-même et pour votre femme qui a lutté jusqu'au bout, s'exclame-t-elle peinée de voir un homme si désespéré.

- Laissez moi rejoindre mon épouse.

- Vous êtes un Viking, un grand guerrier, vous ne pouvez pas mourir ici et de cette manière. Votre épouse qui est au Valhalla doit surement pleurer en vous voyant ainsi et doit prier pour que vous surviviez.

- Vous n'y croyez pas plus que moi, soupire-t-il. Les Dieux n'existent pas. J'y ai pourtant cru toute mon existence. J'ai fait de nombreuses prières et sacrifices pour obtenir leurs faveurs. J'avais un comportement exemplaire, pourtant ça ne leur a pas empêché de m'enlever mon fils, il avait quatre ans. Il jouait avec un autre enfant à Kattegat près du port. Ils s'amusaient à se bousculer jusqu'à ce que son ami tombe à l'eau. Mon fils a prit peur et s'est enfui sans avertir quiconque de ce qu'il s'était produit. Quelques minutes après, le jeune garçon a été retrouvé, mais il était déjà mort. Son père est devenu fou de rage et une semaine plus tard ce fut au tour de mon fils de disparaitre. Son corps a été retrouvé une semaine après sa disparition, mais il a été impossible de définir les causes de sa mort, bien que...

VIKINGS - Le sang des DieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant