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Pour dévorer les sandwichs achetés lors de leur trajet en voiture, les quatre se sont calés sur des rochers. Léonard est le premier à s'allumer une clope. Le repas terminé, Louis a sorti de son sac à dos, les restes d'alcool fort que Léo' gardait dans sa chambre.

— Non merci, répond Selim quand on lui propose cigarette et alcool.

Comme d'habitude, il est le seul à rester totalement sobre. Il est concentré à fixer la lune, écouter les bruissements de la mer, se laisser troubler par les étoiles qui apparaissent. Ses amis boivent en se contant des anecdotes. Louis parle par exemple d'une fille avec qui il flirte depuis sa rupture.

— C'est pas très sérieux, et j'arrive pas à m'attacher, avoue-t-il tristement.

Le jeune homme sort d'une longue relation. Il a un background comme certains aiment le prononcer. Trois ans et demi avec une fille avec qui il sortait depuis la Terminale, un « amour de lycée. » comme on aime le répéter.

— T'aimes encore Théa ? demande Abel, avec son franc-parler habituel.

Le blond hausse les épaules.

— Je crois pas. Après trois ans, c'était plus de la routine que de l'amour. J'avais trop de doutes.

— L'amour ne dure que trois ans, se contente de chantonner Léonard.

Tous lèvent les yeux au ciel.

— La passion, rectifie Selim.

Et encore, il n'en est pas si sûr. Mais peut-être que l'amour mûrit à cette période charnière et que ce ne sont plus que des soupçons de passion, à éveiller par un amour plus englobant. Il n'en sait rien, il n'a jamais connu de très longues relations.

— Vous êtes déjà tombés amoureux, vous ? relance Louis.

La discussion est nouvelle. En temps normal, les garçons aiment bien parler de filles avec des termes plus crus « gérer » « chopper » etc. Cette nuit, tout semble propice pour des confidences encore jamais explorées.

— Non, avoue Léonard.

Abel ne répond pas positivement.

Tous se tournent alors vers Selim, qui grimace.

— Me regardez pas comme ça !

— Crache le morceau gros.

Selim ne peut s'empêcher de sourire face à l'insistance de ses amis. Quelles fouines.

— Oui, je crois bien que oui.

— Qui ? ne peut s'empêcher de répliquer Abel.

Au même moment, le téléphone de Selim s'allume, comme un signe du destin. Marqué en énorme, le nom de « Coline » brille dans la nuit. Selim se contente de montrer l'écran et tous se taisent. Ils lui sourient narquoisement, avant de le charrier sans gêne.

— Vas-y, te dérange pas, réponds à l'appel.

Selim se lève, décroche lorsqu'il pose les pieds sur le sable. La marée basse l'arrange, il a toute une grande plage pour se promener.

« Allô ? »

« Devine quoi Co', je suis à la mer ! »

Leur discussion débute et le cœur de Selim se met à battre brutalement.

MinceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant