Chapitre 12 : L'ultima Casa

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Leandro


Je l'ai regardé descendre, impuissant.

Qu'est ce que vous auriez voulu que je lui dise ? Je me conduisais en vrai connard depuis nos retrouvailles.
Non, depuis le début en fait. Rares avaient été les fois où je m'étais ouvert à elle, et immédiatement après l'avoir fait, j'avais entendu les paroles de Siro m'intimer de me méfier de ce que les femmes sont capables de faire aux gens comme nous.

A ceux qui ont du pouvoir.

J'avais beau y mettre toute la bonne volonté du monde, c'était plus fort que moi. Quand je sentais le danger près de nous, je redevenais la bête que j'étais à New York. L'animal qu'oncle Siro avait mis tant d'années à forger. L'œuvre de sa vie.

Alors je lui ai laissé son espace. J'avais d'autres choses à faire de toute façon. A commencer par m'assurer que notre planque était bien sécurisée. J'ai fait le tour de toutes les entrées, portes et fenêtres pour vérifier qu'aucunes d'entre elles n'avaient été forcées. J'ai fait de même avec la clôture entourant le modeste pavillon. Le propre même de cet endroit était qu'il était tout ce qui avait de plus banal. Personne n'avait connaissance de son existence en dehors de Don Siro et moi même. Même tante Ada ignorait tout à son propos. Un flashback me revint soudainement en mémoire.

Quelques jours après mon vingt et unième anniversaire, Don Siro m'avait convoqué dans son bureau au dessus de la pizzeria chez Nico. Il m'avait demandé de m'asseoir face à lui et j'avais remarqué que son expression était plus solennelle que d'habitude. Son regard avait transpercé mes iris turquoises me coupant le respiration à la manière dont seul lui connaissait le secret. Et puis il avait rompu le silence :

" - Fils, comment tu te sent aujourd'hui ? Comment vont les affaires ?

Je l'avait  regardé sans comprendre où il voulait en venir mais je m'étais empressé de répondre, redoutant de lui faire gaspiller son temps si précieux

- Ca va mon oncle. J'étais de nuit au port avec Marco. Les cargaisons sont arrivées à l'heure et rien ne manquait. On a fait notre contrôle et un jeune s'est occupé de vérifier la qualité. J'attends son compte rendu d'ailleurs dis-je en jetant un coup d'œil à l'écran de mon téléphone qui n'affichait aucune notification.

Il avait croisé ses mains devant sa bouche et avait analysé ce que je venais de lui dire avec un "Mmh".

- Comment s'est passé ta soirée d'anniversaire ? Tu t'es bien amusé ? La brune que je t'avais payée était bien à ton goût fils ?

J'avais levé les yeux vers lui définitivement perdu face à ses questions de plus en plus étranges. Mais je me contentais de sourire avant de répondre :

- Ah ouais, elle c'était quelques chose ! Ca court pas les rues les putes comme elles. Mais ne t'inquiète pas, j'ai pas cherché à savoir son prénom, je ne la reverrait pas. C'était un bon coup, rien de plus.

- C'est bien mon fils, c'est bien. C'est ça que je voulais que tu répondes.

Je plantais mon regard dans le sien, gonflé de confiance et d'orgueil. Je savais que j'avais répondu ce qu'il fallait. Je savais qu'il fallait pas s'attacher. Que les femmes étaient le pire des pièges. Il avala sa salive avant de soulever le sous main sur lequel ses coudes étaient appuyés. Il attrapa une petite clé doré avant de se lever de son fauteuil. Je le suivi des yeux pendant qu'il se dirigeait vers le fond de la pièce où se trouvait le coffre fort. Mais à la place de décaler le portrait familial derrière lequel était niché le boitier gris, il décala le canapé en velours rouge et appuya sur un latte du parquet qui se souleva. Je n'avais aucune idée qu'il y avait une autre cachette dans ce bureau. Il se mit accroupit et plongea sa main à l'intérieur de l'étroite trappe, je l'entendis déverrouiller quelque chose avant d'en sortir un écrin noir. Il se redressa difficilement, rouillé par l'arthrose et se tourna enfin vers moi, me demandant de le rejoindre.

Les rois de la villeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant