Les rois de la ville

Chapitre 44 : Mère / Fille

Maddie

Ca devait faire cinq bonnes minutes que nous étions assises sur le canapé face à la baie vitrée, dans le silence le plus absolu. Seuls les bruits de Sylvia qui s'affairait en cuisine, faisaient écho dans la grande pièce ouverte. 
Je crois que de toutes les réactions que j'avais imaginée, je n'avais pas anticipée celle-là : un silence de plomb. 

Aussitôt qu'elle avait baissé le regard sur ma silhouette arrondie, elle avait écarquillé les yeux et sa mâchoire qui s'était entrouverte, avait fini par se fermer. Elle m'avait considérée pendant ce qui avait semblé durer une éternité et puis elle avait prit une grande inspiration et avait tourné les talons m'adressant un signe de la main pour la suivre jusqu'à la maison.
Et maintenant elle se rongeait les ongles en me dévisageant. 

Sylvia s'était empressée de préparer des cafés dans la cuisine en nous voyant arriver. Je pense qu'elle n'avait rien manqué de notre "échange" sur la plage. 
Elle déposa un plateau sur la table basse avant de s'en aller, nous laissant seule dans ce silence pesant. 
Je ne savais pas comment l'interpréter. De la colère ? De la déception ? Est ce qu'elle avait honte de moi ?

- Je t'en prie maman, dis quelque chose...

Ma  voix tremblait. Putain mais pourquoi elle ne disait rien ?

Elle se pencha en avant pour attraper sa tasse de café et elle la fixa quelques instants avant de relever ses yeux remplis de larmes vers moi. Oh non, tout mais pas ça. 

- Maddie, je... je suis désolée. 

Désolée ? 

Mon coeur ratta un batement. Je ne comprenais plus rien à ce qui se passait. Elle ne disait rien parce qu'elle était désolée ? Mais pourquoi le serait-elle ? 
Les émotions se mélangeaient dans mon cerveau et face à mon incompréhension elle ajouta :

- J'ai l'impression de t'avoir abandonnée. Quelle mauvaise mère je fais. J'étais bien trop préoccupée par le procès, le divorce, notre nouvelle vie, que j'en ai oublié l'essentiel : toi, ma fille. 

J'ai eu du mal à déglutir. Je m'attendais pas à ça. C'était moi qui avait fui sans donner de nouvelles. C'était moi qui ne l'avais tenue au courant de rien. Une vague de culpabilité me submergea aussitôt.

- Je ne t'ai pas vraiment facilité la tâche non plus maman... 

- Maddie tu ne comprends pas, me coupa t-elle et prenant sa tête entre ses mains, Je m'en veux terriblement, j'aurai du insister, j'aurai du faire ce que les mères font, protéger leurs enfants. 

- Tu n'avais pas besoin de me protéger, je savais ce que je faisais, mentis-je 

Comment est ce que je pouvais dire une connerie pareille, alors que la seule chose que j'avais fait ces derniers mois, c'était fuir des gens qui voulaient potentiellement m'assassiner. 

- Approche, me dit-elle doucement en me tendant la main. 

Je l'attrapais et me rapprochais d'elle sur le canapé. J'appuyai ma tête sur son épaule tandis qu'elle caressait mes cheveux, m'enveloppant de ses bras dans une étreinte réconfortante. 

- Tu n'aurais pas du affronter ça toute seule Maddie, pardonnes moi. 

J'hochai la tête, les sanglots étranglant ma gorge. Je ne lui en voulais pas, j'étais celle qui avait agit irresponsablement. C'était entièrement ma faute, et bien que la situation soit délicate, je ne regrettais rien du tout.
Le visage de Leandro m'apparut alors. Ses traits parfaits et ses yeux turquoises. Sa carrure imposante et ses mains puissantes. Non, je ne regrettais absolument rien. Peu importait les dangers, sa vie ou ses attitudes parfois incompréhensibles, je l'aurai toujours choisi lui. Parce que les papillons dans mon ventre, n'avaient jamais autant dansé qu'en sa présence.