Les rois de la ville

Chapitre 37 : Alliance ?

Leandro

L'écran de son téléphone s'est mit à osciller dans sa main tremblante. Je passais ma tête par dessus son épaule pour voir ce qu'il affichait et je dus faire preuve d'énormément de sang froid à mon tour.

- Qu'est ce que- commença t-elle

Sa voix était à peine audible. Tant pis pour ce que je m'apprêtais à faire. J'enfouis la petite boîte au fond de la poche de mon jogging et j'attrapais le téléphone entre mes mains pour zoomer sur la photo.
Son ami brune, June je crois, était ligotée a même le sol dans une pièce sombre. Un bout de tissus était enroulé entre ses dents pour l'empêcher de parler et du sang coulait de ses lèvres charnues. Ses vêtements étaient sales, comme s'ils l'avait traînée dans la boue et ses cheveux étaient ébouriffés et barraient son visage. Elle s'était débattue.

- June...

Sa voix se brisa et son corps tout entier fut secoué de tremblements incontrôlables. Je devais réfléchir vite. Bien que la photo ait été envoyée via le téléphone de June, je savais qui était à l'origine de tout ça. Dans la précipitation de ma fuite, j'avais pas pensé aux répercussions que ça pourrait avoir sur son entourage. Je m'étais seulement concentré sur elle.
Bien joué fils de pute , pensais-je.
Je verrouillais l'écran du téléphone pour faire disparaître l'image. Il fallait qu'on retourne à la maison pour mettre en place une stratégie. Dieu seul savait ce qu'ils lui avait déjà fait subir.

- On va la sortir de là, je te le promets.

C'était peut être vrai, mais j'évitais de lui dire tout ce que cela impliquerait. Le traumatisme lui, ne s'effacerait jamais. Je l'aidais à se relever en passant mes mains sous ses bras et je la serrais fort contre moi.

- Comment est ce qu'ils ont pu la trouver ? Ça fait des mois qu'on ne s'est pas parlé, je ...

- C'est des professionnels Maddie.

C'est tout ce que je trouvais à lui répondre sans lui faire plus peur. Je me gardais bien de lui dire qu'ils devaient certainement connaître des aspects de sa vie qu'elle pensait secrets.

Le trajet de retour à la maison s'est fait dans le silence. Enfin, mis à part le bruit de ses reniflements. Je serrai sa main dans la mienne, je voulais me montrer rassurant même si une partie de moi savait que cette pauvre June subirait des atrocités par ma faute.
Je me suis contenté de montrer le téléphone à Marco et Tino qui étaient affalés sur le canapé. Maddie est monté à l'étage s'enfermer dans la petite chambre. Ils m'ont regardé l'air grave, comme si eux aussi avaient le même pressentiment que moi.

- A l'heure qu'il est, j'ose même pas imaginer combien ont du lui passer dessus, déclara Marco en tirant sur sa clope.

J'en avais conscience. J'en étais pas fier, mais malheureusement c'était une pratique courante dans tous les gangs.

- Qu'est ce que tu comptes faire ? Demanda Tino

J'haussais les épaules en recrachant la fumée de la clope que je venais de m'allumer.

- J'en sais rien. On peut pas la laisser la bas, mais on est trop peu nombreux et pas en état de lancer un assaut ...

- Tu penses quand même pas y aller ? C'est du suicide ! Répliqua Marco

Mes yeux rencontrèrent les siens et pour la première fois depuis que je le connaissais, c'est la peur qu'ils y lurent.

- C'est bien ce que je dis.

- Alors quoi, on va laisser cette fille se faire violer, frapper, torturer parce qu'on a pas les couilles d'y retourner ?

Je me retournais vers Tino qui venait de parler et l'expression sur son visage témoignait de son immaturité.