Chapitre 26 : Evasion

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Leandro

Les heures sont longues.
Je suis épuisé mais je n'arrive plus à retrouver le sommeil.
J'ai l'impression que ces dernières semaines endormis m'ont laissé des séquelles qu'il me seront impossible à combattre.

Et pourtant ...

Et pourtant mon cerveau est en ébullition depuis la visite de Marco. Ses confidences et sa loyauté m'ont prouvé encore une fois qu'au delà d'être mon bras droit, il avait su prendre la place d'un frère dans mon coeur. Mais ça, je n'arriverai jamais à lui dire.
Certes la situation est délicate, clairement à mon désavantage mais tant que le lion n'est pas mort, alors le lion continuera à rugir.
Je m'en veut d'avoir pensé baisser les bras, d'avoir osé imaginer l'abandonner. Une nouvelle fois.

Je fis tourner la lame de rasoir entre mes doigts, conscient que cette minuscule arme serait la clé de ma délivrance. J'avais perdu la notion du temps, je ne savais plus si on était au beau milieu du jour ou de la nuit. La pièce était dépourvue de fenêtre et la petite ampoule du plafond éclairait de sa lumière jaunâtre les quatre murs de cet endroit sordide.
Sordide oui, mais ces idiots avaient commis plusieurs imprudences. La première et sans doute la pire, c'était de m'avoir amené à domicile. Je sais que coloniser le territoire de son ennemi est jouissif et qu'il constitue là l'essence même de la victoire.
Mais ça c'était avant. Quelque part on avait toujours su que ça pourrait arriver. Vous vous doutez bien que si Don Siro avait prévu une ultima casa , il avait aussi prévu un moyen de s'échapper de sa propre demeure.
Et comme pour la maison de Cabo, seuls les Capo savaient où se trouvait la trappe.

Le chemin serait périlleux pour y accéder, mais avec l'aide de Marco on devrait pouvoir y arriver.
La cellule dans laquelle je me trouvais était dans les sous sols de l'aile droite de l'imposante maison. La trappe était quant à elle, à l'extrême opposé. Soit au fond du couloir de l'aile gauche, dissimulée derrière un tableau du grand père Ventura, fondateur de la Mano Nera New Yorkaise. Il fallait taper un code à 6 chiffres et l'étroite porte métallique s'ouvrirait sur une échelle descendant à pic dans les égouts de la ville. Une fois la bas, il faudrait s'enfoncer dans les dédales puants pendant de longs kilomètres. 3 ou 4 environs. Et nous y seront. A la sortie de la ville, quelque part perdus au milieu d'une zone portuaire désaffectée. L'idée était astucieuse, puisque la logique de tout fugitif serait de se diriger vers la ville afin de se perdre dans l'effervescence de cette dernière. Mais Don Siro était de ceux qui réfléchissent autrement.

De ceux qui sont intelligents.

Mais avant de penser à la suite, je devais prendre conscience de l'étendue de mes blessures physiques. Parce que ce si plan semblait être presque une formalité pour moi, mais comme un avertissement, la douleur vive dans mon bras et mon ventre se réveilla. Me ramenant les pieds sur terre.
Mes yeux se posèrent sur mon bras, ou le sang avait fini de sécher. La plaie n'était pas jolie à voir, mais son emplacement, au dessus du coude ne serait pas des plus handicapant. Je rassemblais mes forces pour essayer de le bouger, m'arrachant une cri de douleur. T'as pas le choix, si tu veux t'en sortir il va falloir que tu mettes de côté la douleur.
Mon oncle m'avait entraîné à tout, sauf à ça.
S'ajoutant à celle de mon bras, c'est la douleur de mon ventre qui me fit grimacer. De l'autre main je soulevais maladroitement le drap taché de sang qui me recouvrait, découvrant un bandage entourant mon corps. La plaie devait avoir eu le temps de cicatriser en 42 jours et aucune trace rouge ne filtrait à travers le pansement. Ça c'est déjà un bon point.

Le reste de mon corps était endolori et mis à part quelques pansements moins importants ça et là, aucune autre blessure ne retint mon attention. Pourtant il a dit que je m'étais pris tellement de balles. Peut importe, mon corps s'était défendu comme il l'avait pu et le résultat était la.
Peut être qu'après tout, mon heure n'était pas encore venue.

Les rois de la villeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant