Chapitre 14 : Bonne nuit, Amore

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Leandro


Je m'en voulais de la voir mal comme elle l'était. Je l'avais entendue vomir là haut, me forçant à raccrocher avec Marco, de peur qu'elle entende ma conversation. Comme si elle aurait compris de toute façon...

Mais j'avais pas envie de la choquer encore plus. Le contexte dans lequel on se trouvait était assez éprouvant comme ça pour que j'en rajoute une couche. Combien de temps allait durer cette guerre ? J'en avais aucune idée. Ce dont j'étais sur en revanche, c'était que l'un d'entre nous allait y rester. Et je priais pour que ça soit pas moi.

Je regardais son corps à demi endormi que je tenais dans mes bras pendant que je gravissais les marches de l'escalier en bois. La lumière de lune éclairait son beau visage, ses traits fins, ses quelques taches de rousseur. Chaque détail d'elle me faisait frissonner.
Arrivés en haut, je la déposais délicatement sur le matelas. J'avais l'impression qu'elle dormait déjà. J'ai rabattu les draps sur ses jambes nues et je m'attardais quelques instants sur celles-ci. Ce que j'avais envie de lui faire était interdit. Je me mordis la lèvre en essayant de me reconcentrer tant bien que mal. Le contexte n'y était pas.

Et il n'y serait pas pour un bon moment.

Je me suis assis à côté d'elle et j'ai joué doucement avec ses cheveux. J'avais envie de rester près d'elle toute la nuit. Et toute la journée d'après. Et les suivantes aussi. Mais c'était impossible. Je sentais mon téléphone vibrer dans ma poche, me ramenant brusquement sur terre. J'ai déposé un baiser en haut de son crâne et mes narines se sont emplies de sa douce odeur vanillée. Je me suis levé discrètement et j'ai fini par sortir de la pièce en prenant soin de refermer derrière moi.

De l'autre main j'ai attrapé mon téléphone qui n'avait cessé de vibrer. Le nom de Marco s'affichait.

- Tout va bien Capo ? Tu as raccroché d'un coup et ... commença t-il

- Ca va Marco. Reprenons là où on en était.

Je descendis les marches pour retourner m'affaler dans le canapé pendant qu'il m'expliquait comment l'enquête menée par les quelques hommes de confiance qu'on avait, piétinait. Manque d'informations, peu d'hommes et surtout difficultés à agir sans éveiller les soupçons.

- Je te jure Capo, j'ai l'impression qu'on nous surveille. C'est les petits jeunes que j'envoie au front pour tirer les vers du nez de ceux dont je me méfie. Mais ils sont pas cons, je vois bien que certains commencent à se douter de quelque chose. Le petit Tino par exemple, il m'a dit qu'il était sur qu'on l'avait suivi chez lui plusieurs fois.

- Il a pas vu qui c'était je suppose ? demandais-je

- Non, non il a pas vu.

- Hmm Hmm. Le petit est trop précieux pour nous pour que les autres se méfient de lui. Il parleront plus en sa présence si il savent qu'il bosse pour nous.

J'essayais de réfléchir en même temps que je parlais mais mon cerveau avait du mal à penser à autre chose qu'au fait que je devrai la laisser seule ici d'ici quelques heures. J'avais envie de la rejoindre, de m'allonger à côté d'elle. Mes lèvres demandaient les siennes. Je pensais à son corps... et mon esprit s'est mit à divaguer.

- Comment tu veux qu'il regagne la confiance des autres gars ? En achetant des chocolats ? Il s'est mit à rire à l'autre bout du fil et j'ai eu envie de le frapper.

- Tu crois qu'on rigole là ? Fermes ta gueule et écoute ce que tu vas faire. Envoie le à Napoli quelques temps. Là bas il sera obligé de se fondre dans la masse. Il fera bien son taff je me fais pas de soucis. Une fois que les boss de là bas l'auront validé, il pourra revenir à New York. Il se sera fait oublier quelques temps, et avec mon retour les gars seront plus occupés avec moi.

Les rois de la villeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant