Une amie en or

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Adeline savait apprécier le caractère intimiste des soirées chez Esther. Le soin qu'elle mettait pour que chacun de ses amis se sentent à l'aise et dans un environnement favorable pour s'exprimer. Sans parler de l'accueil qu'elle leur réservait en préparant des plats savoureux, accompagnés de boissons sélects, alcoolisées ou non. Grâce à elle, Adeline avait appris que la qualité primait sur la quantité des convives pour avoir une soirée réussie.

- Ça va tu t'en sors?

Adeline jeta un regard furibond à son amie qui en bon puriste ne voulait pas de la sauce tomate industrielle sur ses pizzas mais une sauce maison. Tâche qu'elle avait confiée à son amie qui regrettait de s'être proposé à l'aider à préparer la soirée. Bien que grâce à Esther, elle avait découvert un certain plaisir à cuisiner. Il n'en demeurait pas moins que certaines étapes pourraient aisément être simplifiées. Allez dire ça à l'auteure.

Il arrivait parfois qu'Adeline se demande comment elle avait pu terminer dans le cercle intime d'Esther. Quand elle avait vu l'auteure pour la première fois, elle avait été impressionnée par son port de tête royal et son regard implacable. Bien qu'elle débutait à peine, il émanait quelque chose d'apaisant venant d'elle, une certaine sagacité, comme si elle avait fait ça toute sa vie et que ce n'était qu'une simple formalité. Adeline se souvenait encore de son sourire en coin quand elle avait fait une blague grivoise sur la photo de couverture de son livre arguant et de la réponse de la jeune femme à l'époque.

- Quand on est gaulé comme ça, c'est sûr qu'on finit dans l'imaginaire de quelqu'un, siffla-t-elle en laissant ses yeux traînés sur le beau gosse appuyé nonchalamment contre un mur crade sur le papier glacé de la page de couverture.

- C'est le calvaire des gens canons. Subir mille et un tourmants dans les têtes dérangées de nous autres auteurs.

Elle avait éclaté de rire avant de se décider à prendre un exemplaire. Elle ne lisait pas beaucoup, quelques romans d'amour sans grand intérêt qui n'avait rien à voir avec l'œuvre d'Esther mais Adeline avait été charmée par l'auteure. Malone par contre était un grand lecteur et n'hésitait jamais à encourager les auteurs locaux qui lui plaisaient en achetant leur livre et en leur faisant de la pub. C'était d'ailleurs lui qu'elle accompagnait acheter son exemplaire quand elle avait d'abord éprouvé de l'intérêt pour l'auteure puis pour l'œuvre.

- Tu as parlé à Murielle dernièrement ?

La jeune femme se figea dans sa tâche. Cette question venait de nulle part et à dire vrai l'inquiétait un peu. Elle n'aimait pas le ton de son amie.

- Pas depuis le lendemain de sa soirée. Elle voulait prendre de mes nouvelles mais depuis silence radio, je suppose qu'elle est occupée...

- Pas du tout... Elle est vexée.

- De quoi?

Adeline avait parfaitement deviné l'origine de ce sentiment chez la chanteuse et en était désolée. Mais elle n'avait pas pu se confier à cette dernière. Elle avait beaucoup d'affection pour Murielle mais elle ne sentait pas assez en sécurité pour lui parler de ce qui lui était arrivé. Ça la fatiguait d'avance de le faire, elle ne voulait pas être cette petite chose pathétique aux yeux des ses amis.

Au moins avec Esther, ça ne risquait pas. C'était un peu une grande sœur que le destin avait mis sur sa route. Il y avait certains sujets qu'elle craignait toujours d'aborder avec ses sœurs dû à une certaine pudeur et par peur de leur jugement aussi mais elle ne sentait jamais ainsi, en présence de l'écrivaine.

- Tu le sais très bien.

- Que pouvais-je lui dire Esther? Murielle est une bonne amie mais elle est tellement... imprévisible. On ne sait jamais qu'elle réaction on aura d'elle... Et je ne voulais pas lui rappeler de mauvais souvenirs.

Sorcière malgré elle [En Correction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant