Sorcière malgré elle [En Correction]

Dolce Vita

Ça a été difficile pour elle d'occulter ce sentiment de culpabilité qu'elle ressentait du fait de son oisiveté. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas pris une journée pour elle sans faire quoi que ce soit qui ait avoir avec son travail. Habituellement, même en vacances, elle octroyait quelques heures à son buiseness en interagissant avec d'éventuels clients sur les réseaux de Fancy House et de Fancy Collection. Ou encore en planchant sur de nouveaux designs. Elle avait passé toute sa vie depuis ses 13 ans à travailler.

Elle avait pris goût rapidement au sentiment d'indépendance et de puissance ressenti en gagnant son propre argent. Qu'elle le voulait ou non, elle vivait en plein dans une société capitaliste. Du coup, sa capacité à faire de l'argent etait un atout considérable pour ses pairs. Un jour, quelqu'un lui avait dit qu'elle pouvait vendre n'importe quoi à n'importe qui. Ça n'a fait qu'exacerber son ego et augmenter sa soif de réussite. Et elle se retrouvait la à 30 ans, à la tête d'une fabuleuse entreprise avec son meilleur ami mais complètement claqué.

Maintenant, qu'elle avait arrêté de bouger à droite et à gauche et qu'elle se posait enfin pour s'écouter, elle s'en rendait compte. Pas seulement une fatigue physique mais aussi une fatigue mentale. Résultat de cette manie de ne jamais savoir s'arrêter. Sortant collection sur collection, tenant une boutique 6 jour sur 7 tout en menant une vie sociale trépidante. Comment avait-elle pu tenir?

Elle ne referait plus la même erreur et n'attendrait plus qu'on l'enjoint à lever le pied.

Adeline lâcha un petit soupir puis balaya le reste de ces pensées moroses de sa tête. Pour ne se concentrer que sur les mains agiles d'Harry qui lui procurait un massage. Allongée sur le ventre, presque nue, une simple culotte de coton lui couvrant le postérieur, elle profitait de la douceur de son petit-ami. Les fenêtres ouvertes de la chambre laissaient entrer les senteurs de vétiver, de jasmin et de citronnelle provenant su parterre juste en dessous. L'après-midi s'installait doucement.

Après une matinée entrecoupée de moments câlins au lit, d'un déjeuner sous la véranda de bananes plantains bouillis arrosées d'une sauce de maurue séchée puis d'une douche à deux qui avait tourné court. Ils étaient retournés dans la chambre suite à une proposition de massage du jeune homme.

Son dernier massage datait d'il y a tellement longtemps. Elle avait même oublié l'intense satisfaction de ne plus sentir ses mucles noués couplés à l'apaisement que cela lui procurait. Harry savait visiblement y faire et elle avait peur de savoir d'où lui venait cette expertise.

C'était ridicule de sa part d'être jalouse des relations passées du jeune peintre compte tenu de son palmarès à elle. Mais elle ne pouvait s'en empêcher. Elle jalousait toutes celles qui ont eu la chance de connaître sa douceur, son sourire sincère, son toucher, avant elle. Peut importe qu'il n'ait jamais officialisé avec aucune d'entre elles. Elles avaient compté. Harry était bien trop tendre pour ne pas garder une place spéciale dans son coeur pour toutes celles avec qui il avait couché. Et Adeline aimerait occuper cette place dans son entièreté, qu'il n'y ait de place pour personne d'autre. Quelle belle hypocrite elle faisait!

Elle se savait jalouse mais ce niveau de possession la laissait perplexe et un peu honteuse, elle l'avouait...

- Tu te sens comment?

- Détendue... J'ai bien peur de ne pas être aussi douée quand ce sera mon tour.

- Tu n'es obligée...

- Si, si. J'insiste même. Tu ne vas pas me priver du plaisir de profiter de ton corps à loisir?

Harry pouffa avant de secouer la tête en signe de négation. Puis se rendant compte qu'elle ne pouvait pas le voir, il murmura la voix rauque: "Bien sûr que non".