Les mamans

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Cela faisait un moment qu'ils avaient quitté l'asphalte pour s'aventurer sur une route en terre battue, jonchée de flaques de boue et d'ornières. C'était le dimanche de la fête des mères, le dernier dimanche du mois de mai et comme presque toutes les années, la famille Pamphile rendait visite à Grann Dési, la mère de Linda. Adeline prenait rarement le temps de le faire les autres jours contrairement à ses parents ou à ses sœurs. Parce que de 1: Elle ne s'entendait pas bien avec sa grand-mère et d'autres membres de la famille de sa mère. De 2: Sa voiture ne survivrait pas longtemps au parcours de combattant qu'était le chemin caillouteux. Et de 3: Elle n'était pas sûre que ses compétences de conductrice la mènent à bon port.

Ses parents, de même qu'Aliénor et son fiancé - la petite Honda de Sébastien n'était guère adaptée pour le trajet- étaient déjà partis tôt dans la matinée. Elle a été retenue au magasin, car c'était tout de même un jour ouvrable même s'ils ne fonctionnaient qu'à mi-temps, jusqu'en début d'après-midi. Sa grande soeur Angélique, comme d'habitude s'était proposée de l'attendre. L'ainée des Pamphile possédait une jeep tout terrain alors elle ne voyait pas d'inconvénient à jouer au chauffeur pour sa soeur. Pendant qu'elle l'attendait, elle en profitait pour flâner dans ke magasin et faire du lèche -vitrine.

Elles ont donc filé, direction les hauteurs de Carrefour-Mortel dès la fermeture des lieux exceptionnellement à midi au lieu de 2 heures.

Adeline avait arrêté d'apréhender ses visites à sa grand-mère depuis quelques temps. Gagnant en résilience et une bonne dose de je-m-en-foutisme. Les critiques ne manqueraient pas de pleuvoir mais elle s'était préparée. Autrefois, ça avait créé bon nombre de disputes et de situation de tension entre elle et sa famille maternelle. Au grand désespoir de sa mère.

- On y est. Mon cauchemar va commencer, lâcha Adeline alors que la maison de sa grand-mère était en vue.

- En même temps, vu comment tu les provoques aussi, rétorqua sa grande soeur avec un air blasé.

- Tu aurais préféré que je ferme ma bouche face à leurs remarques ? Lança la plus jeune, une ironie mordante dans la voix.

- Pas du tout. C'est juste que tu pourrais enlever quelques boucles d'oreille et éviter des allusions à ton style de vie... peu commun.

Adeline toisa sa soeur sa soeur, l'oeil morne. La manie qu'Angélique avait de se plier en quatre pour faire plaisir à son entourage lui hérissait les poils. Un codépendance affective qui affectait beaucoup sa vie.

- Désolée mais hypocrite ne fait pas partie de la longue liste de mes défauts et tu le sais. S'ils sont incapables de m'accepter dans mon entièreté, je ne veux pas d'eux dans ma vie. J'ai commencé un régime detox dans ma vie sociale me débarrassant des habitudes et personnes toxiques. Je n'hésiterai pas à faire une croix sur bon nombre d'entre eux.

Angélique hocha la tête consciente que sa soeur ne plaisantait pas avec sa menace. Et elle la comprenait, même si elle ne serait jamais capable de faire la même chose, elle. Dire adieu à des membres de sa famille était bien trop dur. Elle gara sa voiture sur le bas-côté de la route peu fréquentée, une impasse qui desservait principalement les diverses habitations de la famille.

- S'il te plaît, ne provoque pas de scandale aujourd'hui. C'est la fête des mères, déjà que tu ne viens jamais voir Grann Dési...

- Ouais, ouais. Je sais me tenir, je ne suis pas une gamine non plus. Mais si une de nos cousines ou nos tantes fait une remarque, je les massacre, tu entends ?

Elle quitta l'habitacle après avoir lâché ces mots sur un ton implacable, un sac cadeau à la main gauche, son sac à main à la main droite. Sa grande sœur la regarda descendre en secouant la tête de droite à gauche de dépit. Puis elle sortit à son tour.

Sorcière malgré elle [En Correction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant