S'accrocher

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La semaine passa avec une lenteur exagérée qui excarba l'anxiété d'Adeline. Enfermée chez elle sans pouvoir mettre les pieds au travail, avec Esther quelque part au Sud du pays pour la tournée promotionnelle de son nouveau roman, Murielle qui se la coulait douce en France, elle s'est sentie quelque peu abandonnée. Elle ne se voyait pas contacter la bande qu'ils formaient avec Jessica vu qu'elle intentait un procès au frère jumeau de cette dernière.

La dernière soirée qu'elle avait passé avec eux remontait à la veille de l'anniversaire de sa grand-mère. Ça avait été l'anniversaire de l'une d'entre elles, Natacha. Depuis, elle s'était un peu éloignée. Par manque de temps mais aussi parce que traîner avec eux lui rappelait trop ce qui lui était arrivé. C'était dur de se dire qu'avec tous les gens qu'elle côtoyait, il en existait très peu de qui elle était vraiment proche. Très peu sur qui elle pouvait compter dans un moment comme celui-là.

Elle avait poursuivi avec une autre séance de cours d'auto-défense et pour la première fois, elle avait pris la parole. Ce cours lui avait en quelque sorte sauvé la vie. Elle avait éprouvé le besoin de le leur dire, de partager avec ces autres femmes son vécu. En avait résulté d'autres confessions du même genre, même de la part de la judoka Valérie, qui malgré ses médailles olympiques, avait elle aussi connu les atrocités de l'agression. Puis la séance s'était terminée par un câlin général qui avait soulagé Adeline. Ses soeurs, présentes, avaient posé un regard rempli de fierté sur elle.

Ils étaient dimanche maintenant, la gorge d'Adeline était presque guérie, à part quelques inconforts. Elle était retournée à l'hôpital au milieu de la semaine. En plus des médicaments prescrits par le médecin, elle avait du ingérer quantité de tisane et autres préparations bénéfiques pour tout maux de gorge. Ses parents étaient de la vieille ecole et même s'ils croyaient dans la medecine moderne, elle ne pouvait se détourner des annees de connaissances de médecine naturelle qu'ils se transmettaient de génération en generation au pays. D'ailleurs, chaque membre de la famille y était allé de son conseil. Et Adeline les avait tous avalés. Au point où elle s'était attendue à acquérir une voix de rossignol.

Sa mère avait adoré jouer à l'infirmière. Adeline la soupconnait de sauter sur l'occasion pour lui prouver qu'elle avait toujours besoin d'elle. Sa mère était ainsi. Incapable de couper le cordon et de laisser partir ses enfants même si elle s'en défendait avec véhémence.

En se réveillant ce dimanche aux côtés d'Harry, Adeline se dit que peut-être elle pourrait s'y habituer. Elle passa une bonne dizaine de minutes à le regarder dormir, se fichant de passer pour une psychopathe. Elle prit son temps pour admirer les traits fins du jeune homme, ses longs cils noirs qui pour le moment balayaient ses joues dont elle était jalouse. Ses yeux descendirent sur les lèvres pulpeuses du peintre, entrouvertes, laissant échapper son souffle régulier. Sa mâchoire bien dessinée qui rendait l'ensemble un peu plus virile. Elle le trouvait magnifique.

Poussant un soupir, elle quitta le matelas confortable pour s'aventurer dans la salle de bain attenante. Elle soulagea sa vessie avant de glisser sous la douche. Elle avait la peau moite de sueur et puait légèrement. Ils étaient en plein mois de juillet et il faisait une chaleur insupportable. Même le ventilateur posé près du lit n'avait pas pu empêcher qu'elle transpire autant. Elle détestait l'été rien que pour cela.

Douchée, pomponnée et habillée, elle quitta ses quartiers pour prendre la direction de la cuisine. Sans surprise, elle y trouva sa mère qui préparait le café à l'ancienne muni d'un grèp*. Elle n'a jamais compris pourquoi cette dernière s'acharnait à préparer son café de la sorte alors qu'elle possédait une cafetière tout de ce qu'il y a de plus moderne. Mais Linda Pamphile était une femme têtue et obstinée. Elle tenait à conserver des anciennes pratiques léguées par sa mère qui selon elle, méritaient d'être conservées.

Sorcière malgré elle [En Correction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant