Entre potes

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La soirée se passait agréablement entre les remarques souvent graveleuses qui fusaient entre les conversations sérieuses, il n'y avait pas de place pour l'ennui. L'évidente complicité du groupe d'amis faisait qu'il n'y avait aucun sujet gênant ou tabou. D'ailleurs, penchée vers Murielle, Adeline écoutait cette dernière lui conter une de ses aventures d'un soir qui s'était déroulée durant sa dernière tournée. Entre ses descriptions très imagées, sa grimace de dégoût et son ton légèrement désabusé, Adeline prenait toute l'ampleur de l'événement.

- Franchement, il avait l'air tellement gentil au premier abord. Quand je pense qu'il m'a confondu avec une actrice de porno qu'il adule. J'ai la tête d'une actrice porno moi ? S'offusqua la jeune chanteuse en prenant une gorgée de son vin.

- Bah, tu sais on pourrait s'y méprendre, rétorqua Adeline avec un sourire en coin pour la taquiner.

Elle reçu une tape sur le bras comme réponse. Pourtant, elles savaient bien toutes deux que les performeurs bien qu'ayant pour la plupart un physique assez avantageux n'avaient aucun signe distinctif particulier. Mais souvent quand quelqu'un laissait entendre qu'une femme ressemblait à une actrice porno, c'était rarement un compliment. Juste une autre façon de faire du slut-shaming.

- Non, ça c'est le genre de chose qui pourrait t'arriver. Moi, je suis une femme respectable.

Murielle déclara cela en se regorgeant singeant une de leurs connaissances qui adoraient vanter ses qualités de femme parfaite. Reconnaissant la référence, Adeline éclata de rire. Elle se pencha pour attraper des chips à la banane qu'elle trempa dans de la guacamole avant de les porter à sa bouche. La conversation principale de la soirée arriva à ses oreilles. Esther était lancée dans un de ses débats sur le système très précaire de l'éducation. Ayant connu les affres de l'école publique, elle savait de quoi elle parlait. Pourtant, entre ses années de lycée et maintenant, il n'y avait pas eu d'importants changements.

- Non mais c'est vrai! Comment peut-on vouloir avoir des citoyens digne de ce nom quand l'éducation est biaisée ? Ils éduquent des machines qui vont se calquer sur leurs vieux schémas de corruption.

Et comme toujours, elle ne mâchait pas ses mots.

- Ce n'est pas quelque chose qui va disparaitre en un claquement de doigt tu sais. Une réforme ça prend du temps, répliqua Kévin en faisant tourner son verre de rhum.

À voir sa dégaine, Adeline le soupçonna de ne plus être très sobre. Mais même ivre, Kévin conservait toujours une suite d'idée plutôt cohérente chose assez rare.

- Ça fait des années que j'ai arrêté d'espérer quoi que ce soit venant d'eux. Ils ont d'autres priorités, fit remarquer Malone avec un soupir de lassitude.

Il était avachi contre Naïka qui laissait ses doigts traîner distraitement dans sa masse de cheveux.

- C'est pas un peu déprimant comme sujet de conversation ? A la base on était venu pour se détendre non. Ça vous dit un jeu?

L'intervention d'Adeline fut très bien accueilli car ce genre de discours n'était juste bon qu'à rendre l'atmosphère morose. Le groupe d'amis se concertèrent puis finalement ce fut Murielle qui en trouva un qui plut à tout le monde. Chaque participant devra donner trois déclarations à propos d'eux, l'une d'entre elles devra être fausse. Ce sera aux autres de deviner laquelle. Ceux qui perdent devront avaler un doigt de rhum cul sec ou auront droit à un gage. Comme ils se connaissaient plutôt bien, il y avait peu de risque qu'ils finissent ivres morts à la fin.

- Carline, tu es la plus jeune donc tu commences, décréta Esther en s'adressant à sa cousine.

- Honneur aux enfants, renchérit Malone avec petit sourire en coin.

Sorcière malgré elle [En Correction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant