Doutes

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Adeline gara sa voiture devant l'immense demeure d'un illustre réalisateur qui l'avait invité à son anniversaire en regardant le défilement de voiture stationnées devant, d'une air curieux. Elle avait eu l'intention d'annuler notamment parce qu'elle n'appréciait pas plus que ça cet homme cynique et aussi parce qu'Harry avait prévu une soirée film chez lui. Ils ne se voyaient pas beaucoup à cause de leur emploi du temps chargé et Adeline se faisait une joie de découvrir l'appartement du jeune peintre. Mais le message de Murielle de se voir ce soir avant qu'elle ne s'envole pour sa retraite spirituelle dans un charmant hôtel du sud de la France l'a fait changer ses plans. Elle lâcha un soupir à fendre l'âme avant d'esquisser une moue boudeuse.

- Ça passera rapidement, tu parleras à ton amie pendant que j'essaierai de mettre en pratique les enseignements d'Aline pour élargir mon réseau. Et après, on file chez moi...

Elle se tourna vers son compagnon assis sur le siège passager qui lui offrait un air serein. Elle ne lui connaissait pas ce visage confiant et elle devait dire que ça lui plaisait qu'il puisse être une épaule sur lequel elle pouvait se reposer quand ça n'allait pas. Il avait encore ses insécurités, c'était certain mais qu'il puisse mettre de côté ses propres angoisses pour la rassurer était définitivement quelque chose qui la touchait beaucoup.

- D'accord, on y va, décréta-t-elle en attrapant la petite boîte enrubannée qu'elle avait apporté comme cadeau.

Adeline se sentait un peu comme une ado qui se promenait main dans la main avec son premier petit copain. Son coeur battait la chamade. C'était la première fois qu'elle faisait une sortie en tant que couple avec Harry sans que ça soit dans son cercle de proches. Elle avait toujours cette peur un peu bête, qu'on trouve qu'ils ne formaient pas un couple assorti. Elle ne pouvait guère s'empêcher de penser comme cela, c'était son côté artificiel qui remontait dans ces cas-là. Elle était là dans ses pensées quand sa tête rencontra le dos du jeune homme qui s'était arrêté devant la barrière entrouverte pour l'occasion.

- Tu as l'air nerveuse...

- C'est juste, ça fait longtemps que je n'ai pas vu ces gens. Ils sont une partie de ma vie que tu ignores... Je ne voudrais pas que tu me juges...

- Que je te juge? S'exclama-t-il d'un air interloqué. Qu'est-ce que tu racontes Asie? Tu serais bien la dernière personne que je serais capable de juger! Tu n'es pas une criminelle que je sache alors peut importe ce que tu as pu faire dans ta vie et ce que tu comptes faire. C'est de toi dont il s'agit et non de moi. C'est aux gens d'accepter qui tu es et non à toi de te plier pour convenir à une certaine norme. Je croyais que tu le savais.

Adeline esquissa un petit sourire, rendue toute guimauve par la déclaration du jeune homme. Il ne cessait à chaque seconde de lui montrer sa générosité, son ouverture d'esprit et ces qualités plaisaient énormément à la jeune femme. A dire vrai, elle n'avait pas honte de la part d'elle même qui passait ses nuits à écumer les clubs de nuit, qui dansait jusqu'au petit matin en portant des ensembles un peu osées et qui charmait son monde avec un joli sourire. Bien que ça faisait quelques temps, qu'elle n'était pas sortie en boîte avec la bande d'amis avec qui elle s'amusait, ça ne voulait en aucun dire qu'elle avait tiré un trait sur cette partie de sa vie. Elle prenait juste ses distances par rapport à quelques membres de ce cercle d'amis avec qui elle ne voulait plus du tout être en contact. Et parmi eux, la sœur jumelle de Vladimir.

- Allons-y qu'on en finisse.

La première impression d'Harry était que Gérard Devilmé, le propriétaire de la maison, leur hôte, avait bien réussi sa vie. Sa maison se situait dans un quartier huppé de la capitale, le genre de quartier où il était impossible d'entrer sans autorisation. C'était une grande demeure qui s'inspirait de différents styles de construction avec de hautes colonnes grecques dans l'entrée, un balcon qui faisait le tour du premier étage, de hautes fenêtres en vitre qui laissaient jaillir la lumière. L'ensemble formait un tout plutôt harmonieux de l'avis du jeune peintre.

Sorcière malgré elle [En Correction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant