15. Lien

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- Ah ça non. Je n'y ai vraiment pas cru. Mais je pourrais quand même te montrer qu'il le faut.

Il leva les yeux au ciel puis d'un mouvement las, il se retourna vers moi puis demanda d'une voix exaspérée.

- Tu veux quoi?

Encore cette question? Ne pourrait-il pas tout simplement profiter de ma présence pour lui faire oublier ses problèmes car oui il semble en voir  beaucoup.

- Veux-tu être mon cavalier pour ce soir?  Dis-je par un coup de tête

Je n'arriverai jamais à me comprendre moi-même. Je viens de lui proposer d'être mon cavalier ? Mais à la base c'est ce que je voulais. Pouvoir lui parler pour enfin commencer sur de bonnes bases.
Il écarquille les yeux, surpris par ma question. Mon cher, ma question a eu le même effet sur moi aussi.

- Tu veux quoi? demande-t-il

Sa question avait plutôt l'air: tu as perdu la tête ?

- Je demande si Tu veux. Pas moi. Bon. Je reprends ma question. Tu veux être mon cavalier ? Je lui demande d'une voix très professionnelle

Il ne me répond pas. Et dire que c'est un humain. Je dirai plutôt que je parle à un mur. Mais il a l'air pensif.

- Je prend ton silence pour un oui.

Je lui tend mon bras qu'il ne prend pas et c'est moi qui décide de lui prendre par le bras. Dieu merci, il ne dégage pas mon bras, ça m'aurait foutu la honte.

- Faisons les présentations comme si  nous nous rencontrions pour la première fois. Mon nom est Mahoro Ana Loune et vous êtes ?

Il ne me répond pas.

- Ravi de faire ta connaissance Allan  BUHINGA, j'ajoute comme s'il m'avait répondu.

- Alors tu fais quoi dans la vie?

Pas de réponses.

- Oh c'est très intéressant, j'adore. Et tu as fait quelles études?

Encore pas de réponses. Ça commence vraiment à me taper sur les nerfs.

- Ah bon. Illettré ! En plus tes dernières études remontent à l'école maternelle ? Ouao tu m'étonnes.

Il s'arrête, me regarde indigné et choqué.

- Enfin, tu m'accordes ton attention si précieuse !

- Je n'ai pas envie de gaspiller ma salive pour toi et estime-toi chanceuse que je ne t'ai pas repoussé et de t'avoir accorder ce que tu m'as demandé, ok? Me menace-t-il

- Tu ne me fais pas peur Allan. Et si je suis ici ce n'est pas parce que je voulais spécialement être avec toi plutôt qu'avec quelqu'un d'autre ici, mais plutôt par pitié.

- Par pitié, tu dis?

- Oui. Par pitié. Tu t'isoles dans ton coin et ne permets à personne de t'approcher. Tu ne permets aucun contact avec les autres en ne leur accordant aucun échange avec toi. Tu ne parles à personne et tout le monde a peur de toi parce qu'ils te trouvent terrifiant et intimidant. Oui, peut-être que cela peut t'attirer de l'admiration, du respect et de la crainte. Mais toi. Qu'est-ce que ça te rapportes? Pas d'amis, pas de moments joyeux, pas de conseils, rien. Juste de la solitude, de la frustration, que de mauvaises pensées, tu rumines sans cesse ton passé.

- Tais-toi! crie-t-il

- Non. Aujourd'hui je veux parler et je vais parler.
Je n'aime pas voir les gens comme ça. Parce que moi aussi j'ai été ainsi mais j'ai changé, tout le monde peut changer. Même toi. Il est vrai que la vie ne soit pas toujours juste mais elle peut-être être belle si tu es bien entouré. Que tu ais eu une enfance difficile, des problèmes familiaux, une peine de coeur, des trahisons ou n'importe quoi, ça peut guérir, ou tout au moins cicatriser. C'est normalement ce que doit faire un bon ami.

BUHINGAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant