32. Prend soin de lui.

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- Alors tu t'en souviens? Me demande-t-elle.
Tu resentais une pressente envie de rester avec lui, d'être avec lui. Tu le défendais. Tu ne supportait pas que quelqu'un parle du mal de lui. Sans savoir pourquoi ni même t'en rendre compte, ton esprit le réclamait. Tu n'arrêtais pas de penser à lui. Tu le voulais et cela, tu ne peux pas le nier.

Ces mots me frappent en plein fouet. La véracité de ces mots est indéniable. C'est vrai que je n'arrêtais pas de penser à lui. C'est vrai que je voulais rester avec lui. Je ne supportais pas l'idée de le voir loin de moi. Mais ce que je ne comprend pas c'est comment de si forts sentiments peuvent apparaitre en un instant et disparaitre en un autre. Comme maintenant. Je ne ressens rien pour lui. Je ne le hais pas, je ne l'aime pas non plus. Je me sens...indifférente face à lui. Alors ce que j'ai ressenti. C'était quoi exactement? Que m'était-il arrivé?

- Dis-moi. Tu en sais quelque chose n'est-ce pas? Que m'était-il arrivé? Finis-je en lui criant dessus.

- C'est l'un des effets du lien entre vous.

- Quoi? Tu veux dire qu'il me fait croire que je suis amoureuse de lui alors que je ne le suis pas?

- Oui. En quelque sorte.

- Et. Pas lui? Je demande hésitante.

- Lui, non.

- Nom d'une chèvre!

- Cela est parce que de vous deux, tu es celle qui ressent les sentiments et émotions de l'autre. Du coup ce genre d'effets secondaires a, comment dire...tendance à te toucher toi plutôt que lui. Puisque lui ce sont les douleurs physiques qu'il ressent.

- Oh mon Dieu...

- Mais ça le touche aussi. Mais...enfin autrement. Je veux dire, bon. Ce n'est pas exactement comme toi. Mais il devient...

- Il devient quoi?

- Il devient... Disons...un peu tolérant.

Tolérant? Juste "tolérant"? Tandis que moi, il m'arrive ça? Je suis décidément foutue.

- Sinon il ne t'aurait pas permis de rester avec lui toute cet instant. Il semblait ne pas te supporter mais sache qu'il ne se serait jamais donné autant de peine si c'était quelqu'un d'autre...Ou bien si c'était toi mais sans ce que vous êtes devenus.

Et c'est sensée être rassurant?

- Je suis désolée Ana. Je sais que ça doit être dure pour toi. Tout ceci doit paraître n'avoir aucun sens. Je sais que tu n'es responsable de rien et que tu n'aies jamais voulu être impliquée dans ceci. Mais Ana. Je vous supplie. Soyez forte. Pour le bien de tout le monde. Soyez forte. Je sais que c'est dure mais...

- Vous savez? Vous savez? Je crie en pleurant. Non. Vous ne savez rien. Vous ne savez pas ce que ça fait de voir son monde se bouleverser du jour au lendemain. Ce que c'est de voir tout ce en quoi tu as toujours cru n'être qu'illusion. Penser connaître une personne pour qu'à la fin tu découvres qu'elle n'est pas humaine. Aller à ton bureau et découvrir que tes collègues ne sont en fait que des êtres venant d'un autre monde. Voir des gens te traquer. Découvrir qu'un foutu lien dont tu n'avais jamais entendu parler te lie à un être si puissant. Un lien qui risque de me coûter la vie. Vous n'en savez rien! Ne faites pas semblant de me comprendre!

- Vous avez raison. Je n'en sais rien. Mais je sais ce que c'est souffrir, ce que c'est de se sentir perdue. De ne pas savoir si on reverra nos êtres chers. Je sais ce que c'est ne pas être sûr ce qu'il nous adviendra le lendemain. Ou bien même si nous serions toujours en vie.

Ces mots me réconfortent un peu. Je m'essuie mes larmes, essayant de retrouver mon calme.

- Je vais donc vivre dans cette confusion face à ces sentiments?

BUHINGAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant