28. Retrouvailles (partie 2)

34 4 0
                                    

Lorsque hier j'ai couru et me suis jetée dans les bras de ma meilleure amie, je n'avais qu'une seule chose en tête: Rester près d'elle et lui éviter une quelconque souffrance. C'est alors avec une stupéfaction totale que je l'ai vue nous faire disparaître, nous transportant, moi et l'homme inconnu dans un village, plutôt grand au beau milieu d'une immense forêt. Et cette fois-ci, l'usage du mot "forêt" est parfaitement approprié pour cet endroit. Pas comme la fois où j'ai cru m'y être perdue alors qu'en fait nous n'étions que dans un parc: le jardin public.

Jusqu'à maintenant, nous n'avons pas encore eu l'occasion de nous parler, j'affirmerais même qu'elle ne m'a même pas encore adressé la parole. Mis à part les regards effrayés qu'elle m'a lancé lorsque nous étions arrivés dans cet endroit et quand une nouvelle personne s'approchait dans notre direction, je ne dirais pas que notre rencontre se soit déroulée de la façon dont je me l'aurais imaginé. Moi, qui jusqu'à maintenant me faisait du soucis pour elle, me disant que tout ce qui lui arrivait était de ma faute, imaginant de nombreux scénarios qui me glaçaient le sang à la simple idée qu'il ne lui soit arrivé quelque chose ou pire qu'elle soit morte. Je me vois ainsi, non loin d'elle, et pourtant je sens que quelque chose a changé. En repensant à la façon dont nous sommes arrivés dans cet endroit et me souvenant que c'est par sa main et son simple geste que nous nous sommes retrouvés ici, je me rend compte que beaucoup de choses ont changé apparemment.

Que s'est-il exactement passé depuis le temps où nous avons été séparées? Cette nuit terrifiante où je l'ai vue, elle, ainsi que de nombreuses personnes s'écrouler par terre avant de disparaître me laissant dans l'incompréhension la plus totale et une peur et tristesse incommensurable. Cette nuit où j'ai découvert pour la première fois la véritable nature de ces gens que je côtoyais depuis un moment, m'indiquant que la réalité n'est toujours pas ce qu'elle laisse paraître. Qu'a-t-elle eu? Que lui est-il arrivé? Est-ce de ma faute?

Mes pensées se retrouvent interrompues quand Louange, avec un panier en main, fait son apparition dans la pièce où je me trouvais. Levant mes yeux vers elle, je peux entrevoir qu'elle est tourmentée. Par quoi? J'en ai aucune idée.

- Tu as bien dormie ? La nuit, a-t-elle été bonne ? Me demande-t-elle tout doucement.

- Oui. Je me suis bien reposée. Merci, je répond avec la même petite voix qu'elle a employée.

Elle me tend alors une bouteille et m'indique de boire ce qu'il y a à l'intérieur.

- C'est de l'eau. Bois. Ça t'hydratera. Me dit-elle en me la tendant.

Je ne sais pas pourquoi je ne réagis pas à cet instant, c'était comme si mon cerveau n'avait pas capté l'information qui lui était transmis et que par conséquent il n'informa pas mon bras de s'allonger pour prendre la bouteille que l'on me tendait.

Prenant mon manque de réaction comme une réticence ou méfiance à son égard, elle l'ouvre, boit une gorgée et me la tend à nouveau.

- Tu vois? Je n'ai rien. Maintenant à toi.

- Je n'ai pas une seule seconde pensé que tu puisses me donner quelque chose qui puisse me nuire, lui dis-je en prenant la bouteille tout en ne la quittant pas des yeux.

C'est sous son regard que je bois l'eau en entiereté. C'est vrai que ça me fait du bien. Après avoir vidé la bouteille, elle m'indique de la lui remettre. Ce que je fais. On reste un moment à se regarder où personne n'ose parler. Tandis que moi, j'essaie de trouver une quelconque phrase susceptible de ne pas la brusquer ou la blesser puisque je ne sais absolument pas ce qui s'est passé, je la vois, essayant d'ouvrir la bouche à maintes reprises mais la refermant d'aussitôt.

Abandonnant ses tentatives d'engager la conversation, elle me donne le petit panier qu'elle avait en main contenant de la nourriture.

- Tu dois avoir faim. Mange, nous avons une longue journée qui nous attend aujourd'hui.

BUHINGAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant