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Dimanche 3 septembre 2017

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Dimanche 3 septembre 2017

18 h 27.

Si Dylane avait osé investir dans les bitcoins avec ses dix euros d'argent de poche, peut-être n'aurait-elle jamais eu à s'installer dans ce studio dont elle avait été sûre d'oublier l'emplacement prochainement. À tout le moins, la jungle rurale enfiévrant la rue apporta une expression nostalgique sur son visage lorsqu'elle se souvint de la première fois qu'elle eût jeté un coup d'œil à l'immeuble haussmannien.

C'était le samedi 3 septembre 2016. Elle se souvenait de l'escalier, aussi encombrée de jeunes qu'une foule d'un festival où se seraient produits les chanteurs de musiques branchées tout droit sorties de Musikaly qu'ils chantonnaient. Dévalant les marches, ils heurtèrent sa valise aussi lourde qu'un barda. L'argent dépensé pour ses séances de yoga semblait servir.

Car épaulée d'un calme marmoréen, focalisée sur le comptage de ses pas afin d'assourdir leurs voix engagées dans cette armada de reprises musicales cacophoniques, Dylane poursuivit sa montée jusqu'au sixième, sans respiration lourde et indicatif d'un début d'énervement. Pourtant, ces chansons, elle les détestait. C'était sûrement ça, le plus dur.

La cage d'escalier faisait résonner les mêmes paroles que chantaient les jeunes de Sercey. Pourtant, elle aurait pensé les Parisiens adeptes des chansons oui oui baguette. À priori, non. Ils semblaient être comme eux, les gueux et gueuses campagnards.

Ou peut-être vivaient-ils en ville pour les études comme elle, pensa-t-elle enfin. Arrivée à la porte entrouverte du nommé Dorman, Dylane freina son envie de sonner. Les jeunes qu'elle avait croisés sortaient probablement du studio qui empestait depuis le couloir une soirée bien arrosée. Mais après une once d'hésitation, elle toqua et entra d'un pas timide.

L'entrée était tapissée de caisses de bière et de chaussures mal rangées. Dylane laissa sa valise dans le coin restant, avant de faire un rapide tour. L'habitat semblait vide d'humains. Il y avait des WC indépendants avec lave-mains, une salle d'eau avec une paroi de baignoire nappée de calcaire, une pièce principale avec parquet et moulures et une cuisine blanche dinatoire marquée par la soirée passée.

La fenêtre y avait été laissée entrouverte. Il y avait un canapé escamotable avec lit superposé, une table basse couverte de gobelets, certains pleins de mégots, et des boîtes à pizza. Se trouvait dans le coin une bibliothèque avec trois livres et quelques documents, juste à côté d'un bureau semblant être celui d'un gamer. À côté, une grande armoire.

Dylane envoya un texto à sa mère, Tatiana, pour la prévenir de son arrivée. Une solitude rapidement écourtée par une voix derrière la porte palière qu'on fit à nouveau ouverte. Ses yeux étaient à présent transvasés dans les souvenirs. Quelques larmes s'évadèrent alors qu'elle ne cillait plus, revivant presque difficilement ces moments dans les moindres détails.

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