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Dimanche 3 septembre 2017

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Dimanche 3 septembre 2017

Les lignes. Son humanité. Être humain. Comme le reste. Ils avaient vécu ensemble. Dans un appartement, à trois. Cette colocation. Elle avait bel et bien existé. Dylane s'efforça à en prendre conscience après que son deuxième café ait été apporté par le serveur qu'elle ne remarqua même pas, étale.

À la seconde où elle ferma les yeux, alors que le ciel commençait à gronder, les souvenirs qu'elle voulait figer dans sa tête s'animèrent une nouvelle fois. Par-delà l'amertume, à la lisière d'un harassant regret, la prise de conscience que c'était tout ce qui lui restait, depuis un moment déjà, frappa à sa porte.

Il fallait s'y accrocher. Un peu encore. Pour son bien. Alors, elle se souvint, cette fois, sans prendre son crayon graphite. Il faisait si froid dans la cave. Là où personne n'entrerait, même pas par pure folie. Et il faisait si froid dans son cœur. Là où personne n'entrerait, même pas par pure envie.

Après avoir descendu un escalier en béton sans rampe, Dylane retira le cadenas de la porte en bois. La cave était un petit six mètres carrés clignotant sous une lampe LED prête à rendre l'âme. Il y avait juste assez de place pour un matelas gonflable.

Elle fixa les poutres rouillées, retenant en place ce qu'il restait des briques et de la plomberie noircies par le temps ou l'oubli. Le sol était couvert de débris terreux et caillouteux, et ses yeux, par des larmes qui prirent en volume lorsqu'elle vit le texto de sa mère sur WhatsThat.

Maman : Tu pourrais m'envoyer des photos des pièces ? J'ai hâte de voir ton cocon !

Sans ouvrir le texto ni y répondre, elle rangea son téléphone, et se décida d'un coup de tête de sortir le lit du paquet en carton. Ses chaussures se salirent sans même marcher.

Silence. Silence intérieur.

L'insonorité en devenait capiteuse. Prise de court, Dylane mit de côté le matelas et s'abandonna sur le sol, le goût de la détresse glissant sur ses joues.

Qu'est-ce que je fous, putain ?

À deux jours de sa rentrée universitaire, et pour une histoire passée et déformée, elle était sur le point de dormir dans une cave. Dylane ramena ses jambes contre sa poitrine, puis enroula ses bras autour de celles-ci.

Une... Deux... Quatre... Six... Huit... Dix minutes.

Retenant son souffle haletant, elle se redressa tout à coup au bruit des semelles concassant le couloir de gravier. Et puis, les pas se stoppèrent devant la porte. Sa gorge se noua.

Faites en sorte que je meure pas. Faites en sorte que je meure pas. Faites en sorte que j...

Soudain, la porte s'ouvrit dans un grincement. Un grincement long, insupportable, irritant. Dylane leva insensiblement les yeux vers le sachet en plastique où était inscrit JouetsClub que l'individu tenait à la main. Ses yeux étaient plissés, ses sourcils légèrement froncés, et son corps, disposé à s'avancer vers elle.

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