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Mercredi 13 septembre 2017

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Mercredi 13 septembre 2017

    « Anxiété : réalité. Ressentir : verbe. Sensation : nom. Ensorcelée : adjectif. Nager dans le feu : oxymore. Quand les choses s'entassent dans nos têtes et que les mots des adultes se décomposent comme du fromage en ficelle. Pourtant, pendant de longues années, ils demeuraient un casse-tête. Les voici être compris. »

Dylane quitta du regard l'écran affichant les notes de la jeune universitaire à sa gauche, alors qu'une de ses nouvelles camarades lui donna un coup d'épaule lorsqu'un enseignant passa devant elles à la va-vite, un brin d'épuisement dans son regard. Pourtant, la journée de cours n'avait même pas encore commencé. En main, sa mallette et un livre. Défaut parfait de Denis Paget. Un écrivain dont la carrière ne cessait de monter en flèche ces derniers temps.

— C'était monsieur Salvi, prof de traduction, chuchota-t-elle presque, tandis que la jeune universitaire à sa gauche les observait assez discrètement. C'est un peu le crush de toutes les filles ici. Contrairement au responsable de la licence d'espagnol, y'a aucune liste à son nom. Seuls les livres l'intéressent. Tu peux donc déjà le retirer de ta future liste de crushs. On a que trois gars dans la licence, alors... tourne-toi vers les autres licences, tous sont déjà pris... plus ou moins. Sorry not sorry.

Dylane ne souffla pas mot. Après quelques minutes passées dans le couloir, les étudiants en troisième année de licence sortirent peu à peu de l'amphi Cuvier. Sur la porte qui y menait, une affiche d'un film intitulé Down and Out, produit par Jeffrey Hammer. La jeune femme n'avait pas encore vu le film du moment, mais tout laissait penser que la faculté suivait mieux les tendances qu'elle. Soudain, le mode viking s'activa chez tout le monde. Elle et ses camarades entrèrent à tour de rôle dans l'amphithéâtre, envieux des meilleures places. Dylane s'installa à l'avant-dernier rang à droite, accompagnée de sa nouvelle camarade de classe qui la parrainait — sa licence d'Arts Plastiques qu'elle avait décidé de quitter après une année validée. Ce n'était que sa deuxième semaine de licence en langues, littératures et civilisations étrangères et régionales, mais elle n'en pouvait déjà plus. Une matinée passa, elle ne savait comment. De temps en temps, certains camarades, plus compatissants que d'autres, lui avaient proposé de boire un café avec elle pendant les pauses, ou de venir s'asseoir à côté d'eux. Mais Dylane n'avait pas aimé l'une d'elles, et avait préféré rester seule, la plupart du temps.

Après avoir cherché le fascicule sur le bureau du professeur de civilisation américaine, elle martela les marches de bois et s'égailla loin de la faculté d'une théâtralité à lui donner la nausée envers sa propre personne, sans même dire à demain à n'importe qui. Son regard était rivé sur son téléphone. Dylane Michaud s'était retrouvée en Trending Topic sur Twitter après que certains aient publié la photo de cette jeune femme hébétée sous la pluie. En d'autres termes, Dylane était devenue un Mème Internet. Des milliers d'internautes avaient légendé les photos, à sa chance, et pour une fois, positivement. La jeune femme avait prétendu — pour son bien être personnel — que rien ne s'était passé, et, à sa chance, ses camarades ne semblaient pas la reconnaître sur les photos.

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