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TW : Des passages peuvent réactiver certains traumatismes chez les lecteurs

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TW : Des passages peuvent réactiver certains traumatismes chez les lecteurs.ices qui ont été en proie à des pensées suicidaires ou à une humiliation publique.
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Une cour de récréation. Des corps l'encerclant. Des ombres dégoulinant jusqu'à elle et l'engloutissant dans un trou béant. Des flocons de neige, leurs mots. Aucun soutien. Aucun professeur. Aucun surveillant. Aucune issue. De l'autre côté de la barrière de cet enclos scolaire, Tatiana. Devant elle, ce garçon. Ses cheveux, plus longs. Son corps, effilé. La dépression n'avait pas encore fait une bouchée de lui.

Au contraire, l'arrogance avait fait de lui celui qui la méprisait d'un simple regard qu'elle aurait voulu ne jamais croiser. Dylane pivota d'un côté à l'autre alors que les échos de leurs rires et de leurs doigts pointés la chambardaient. Et puis, Axel Ohba se pencha vers elle, un sourire faussement angélique sur ses lèvres qui s'approchaient de son oreille.

— J'ai gagné le pari.

Ses mots résonnèrent dans sa tête et y campèrent. Elle y trouva un sens, alors que le regard du brunet devenait une navaja prêt à abréger son souffle.

— J'ai gagné le pari, ses mots résonnèrent dans sa tête sans ouvrir la bouche, comme par télépathie.

Rire. Rires. Compréhension. Choc soudain.

Dylane se réveilla en nage, poursuivie d'un tressaut. Elle attrapa son téléphone. 13 h 19. Elle porta ses paumes à ses yeux, laissa sa conscience reprendre place dans ses moulures, alors que la voix d'Herio qui streamait prenait de plus en plus de clarté. C'était à ce moment-là qu'elle était reconnaissante qu'il ait acheté une toile de fond vert.

Sinon, elle aurait terminé sur Internet, là, à dormir derrière lui. La seconde chose dont elle prit conscience était qu'elle avait manqué deux heures de cours magistraux ce matin. Son réveil n'avait pas dû sonner.

Ou peut-être qu'elle l'avait volontairement coupé et ne s'en souvenait pas. Elle sortit de son lit et fila d'abord se laver le visage avant de se diriger vers la cuisine où Axel était sur son ordinateur, apriori en pleine séance d'écriture. Il écrivait si vite, comme si les mots défilaient à une allure torrentueuse et que ses doigts qui tapaient sur les touches venaient faire barrage.

Il tourna la tête vers elle et les deux se gratifièrent d'un petit sourire. Dylane avait l'impression de jouer un rôle. Comme si elle n'avait rien vu dans son rêve ou dans son téléphone. Et plus elle y pensait, plus ses dents grinçaient.

— Comment tu fais pour écrire avec ce bruit ? demanda-t-elle en réchauffant la bouilloire.

Il n'avait pas d'écouteurs, mais ne souffla pas mot. Elle présuma qu'il avait des bouchons d'oreille, quand sa voix intérieure lui disait qu'il avait compris qu'elle avait passé des heures sur son téléphone la veille. Peut-être qu'elle l'avait mal branché et ne s'en souvenait plus — ne compta pas en savoir plus, convaincue qu'elle n'avait pas à se sentir mal de l'avoir fait après ce qu'ils lui avaient envoyé l'autre jour. Elle n'insista pas plus sur la discussion, but son café au lait avant de saluer rapidement Herio. Elle fit son lit, attrapa des vêtements propres, puis fila à la salle de bain pour se préparer.

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