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20 h 26.

Avant de quitter l'appartement, Dylane se promit de ne pas penser rationnellement à sa destination. Le destin est loin d'être rationnel, se dit-elle, appliquant un peu de couleur sur son visage avec ses doigts avant de quitter les lieux. Paris était grand, jonglant entre ce monceau de boulevards et de ruelles analogues, centres commerciaux bercés par les clusters de Parisiens et de touristes aux allures similaires, pourtant individuellement avides d'unicité. Le ciel violacé et la lumière ambrée des réverbères abreuvaient la Seine. La tour Eiffel brillait de mille feux au-dessus des brasseries aux paravents rouges, grouillantes de clients.

Vagabondant dans la ville aux cent villages, elle s'efforça à ne pas penser à l'emplacement d'Axel. Car plus elle le faisait, plus elle s'interrogeait sur leur probabilité de se rencontrer et d'animer une discussion comme deux inconnus. Encore plus si elle se dirigeait vers les zones qu'elle avait l'habitude d'aborder. Alors, elle déambula quelques rues, à l'affût, avant de s'arrêter devant une boîte à livres où elle feuilleta Acide Sulfurique d'Amélie Nothomb. Ils avaient travaillé sur un extrait du livre au lycée. Un moment où elle aurait voulu qu'il l'accoste pendant qu'elle lirait les pages. Il lui dirait alors que c'était un bon livre.

C'était vraiment une idée stupide, pensa-t-elle, réalisant qu'il n'y avait aucun moyen qu'ils se rencontrent là où ils n'étaient pas. Elle referma le livre d'une manière désenchantée, orientant son intention sur le ciel qui perdait ses couleurs, tout en le remettant dans la boîte. Ceinturant ses bras autour de sa veste, elle reprit sa route jusqu'à un arrêt de bus où elle attendit huit minutes l'autocar blindé, prête à se diriger vers la foire, bercée par le mouvement alternatif sans heurt des visiteurs, et eux-mêmes bercés par les cris dans les manèges.

Dylane fit le tour d'une partie de la zone, le regard fixé sur les étals de nourriture. Elle ne voulait pas en acheter, n'en ayant pas assez pour alterner avec l'achat de places pour les manèges. Marchant au milieu du va-et-vient des passants, elle passa devant un étal de châtaignes et ralentit le pas, regardant les futurs acheteurs de cônes. Il n'était pas dans la file.

La tête brouillée de pensées parasites, elle se dirigea à l'autre bout de la foire, là où siégeait une attraction de soixante mètres de haut. Elle acheta sans réfléchir un billet, acceptant la possibilité qu'elle passe son dernier moment avec les vivants avant de faire la queue, le temps que le groupe précédent finisse ses cris de libération.

L'attraction était comme un coton-tige géant. À chaque extrémité se trouvaient huit sièges séparés en quatre, confrontés. Ce qui signifiait qu'une fois le premier groupe en place à une extrémité de la tige, le groupe grimpait de soixante mètres pour que le second groupe prenne place à l'autre. En tête de file, elle se rendit compte qu'elle serait là-haut pour un bout de temps. C'était enfin leur tour.

Une première fille qui ne devait pas avoir plus de seize ans prit sa place sur le côté gauche. Dylane la suivit. Elles échangèrent un rapide sourire, prenant place sur les sièges. Mais avant même qu'une discussion ait eu lieu pour déconcerter le stress, le forain s'approcha d'eux.

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