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Dylane ouvrit les yeux en un éclair

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Dylane ouvrit les yeux en un éclair. Un déménageur déballait son lit, et l'autre son placard. Son regard tomba ensuite machinalement sur son père, se tenant d'un air rebutant à l'entrée. Il portait un blouson en laine qu'il n'avait pas enlevée, par-dessus une chemise en jean et un jean noir.

Il portait une écharpe autour du cou, et des lunettes rondes de vue au bout de son nez. Son style vestimentaire avait changé au cours de cette période d'absence. Grand en taille, Patrick arborait une allure svelte qu'il n'avait pas besoin de conserver.

La dernière fois qu'elle l'avait vu, sa barbe était plus broussailleuse, accompagnée de quelques poils blancs, comme ses cheveux. Aujourd'hui, elle était bien taillée, et poivre et sel, comme ses cheveux soigneusement peignés.

    — Il a dit quelque chose ou pas ? demanda-t-elle d'une voix discrète en descendant l'escalier.

    — J'crois qu'il aime pas vraiment l'idée que tu sois ici avec deux gars, chuchota Herio.

Frottement d'yeux. Dylane lissa d'une main ses vêtements et ses cheveux. Épiée par les déménageurs, elle avança vers lui. Son teint était comme hâve de peur de le confronter. Pourtant c'était lui le coupable. Il l'avait abandonnée hier, sans contredit, mais voir ce regard scrutateur et distrait parcourir l'habitat, les hommes, puis sa fille, n'était pas bon signe.

Elle comprit rapidement. Trop rapidement. Patrick lui en voulait de se tenir autour d'eux en débardeur, sans soutien-gorge. Alors, sans trop tarder, elle attrapa un gilet gris qu'elle trouva sur un des tabourets et l'enfila avant de croiser les bras, comme pour sceller ce corps que même son père se sentait obligé de sexualiser. C'était comme si ses yeux lui disaient :

C'est pour ça qu'on t'envoie à Paris ? Que tu as voulu partir loin ? Pour te dandiner à moitié nue devant des hommes au lieu d'étudier ?

Seulement, aussi religieux qu'il pouvait prétendre l'être, son père était absent depuis son enfance, car il avait fréquenté tant de femmes si ce n'est la sienne. Ses parents avaient longtemps refusé de divorcer, craignant de faire le bonheur de la famille paternelle.

Ils haïssaient Tatiana et toutes les autres qui avaient épousé les frères de Patrick sans que mesdames sachent pourquoi. Malgré tout, dès son plus jeune âge et dès le premier adultère, Dylane avait compris que sa mère avait sacrifié sa vie pour un type dont la famille ne lui avait apporté que malheur et distance avec sa propre famille.

Dans les faits, Patrick avait attendu de gagner plus d'argent qu'elle pour la quitter. C'était le genre de père que Dieu lui avait donné. Après le divorce, il avait passé son temps sur des sites de rencontres à la recherche de jeunes adultes ayant toutes des problèmes de père.

Même si la relation restait consentie, Dylane avait toujours eu du mal à accepter qu'il eût couché avec des filles ayant presque son âge. C'était Stéphanie, sa nouvelle copine, qui avait su le ramener sur le droit chemin. Alors, confrontée à sa posture jugeuse, elle s'efforça à garder à l'esprit qu'il finançait une partie de ses études.

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