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TW : Pensées suicidaires, cyberharcèlement

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TW : Pensées suicidaires, cyberharcèlement.
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Dylane avait grandi avec une mère dont la vie n'avait été rythmée que de déception. Tatiana avait grandi dans un foyer religieux strict. Quand elle rencontra Patrick au lycée, les étoiles s'étaient alignées comme une évidence. Elle avait répété à plusieurs reprises à Dylane comment il avait su lui faire dire oui, supposant parfois sans mots clairs que c'était de la pression qui l'avait poussée à obtempérer.

Bien qu'ils aimaient leur fille, ses grands-parents n'avaient pas accepté qu'elle perde ce qu'ils considéraient comme de la pureté et la mirent à la porte à ses dix-huit ans. Elle avait toujours trouvé quelque chose de charmant dans l'image que sa mère donnait d'elle.

Tatiana n'avait grandi avec presque aucun ami, ayant pour seule famille Patrick, puis sa fille, mais semblant tout de même plus heureuse que Dylane qui se trouvait égoïste avec tout ce que ses parents lui avaient donné, plus jeune.

Ces pensées haineuses envers elle-même avaient commencé à se manifester à ses dix ans. Dylane se souvenait d'un père croulant sous l'alcool et d'une mère qui prenait des pilules, Tatiana lui répétant que c'étaient ses donneurs de vitamines.

Petite, il lui était arrivé de penser qu'elle était restée avec lui parce qu'ils avaient un enfant maintenant et qu'il était sa seule famille. En soi, Dylane avait grandi en se convaincant que si elle n'était pas venue au monde, Tatiana n'aurait jamais pris d'antidépresseurs. Maintenant, chaque fois qu'elle se montrait souriante comme un emoji vivant, Dylane savait. Et ça faisait mal.

D'abord, parce que Tatiana ne lui avait jamais permis d'être un emoji vivant et de deux, parce qu'elle était toujours ailleurs, dans le regret. Tatiana s'était perdue pour quelqu'un qui ne lui avait jamais permis d'être et maintenant que oui, elle ne parvenait pas à en profiter, d'autant que Dylane ne s'était jamais autorisée à le faire quand sa mère n'allait pas bien.

Parfois, le soir, dans les transports en commun, quand elle était à l'école, au restaurant, ou en se perdant dans ce questionnement flou, elle pouvait entendre cette petite voix dire : c'est peut-être pour ça que tu ne seras jamais heureuse. Et ça sonnait tellement vrai. Le seul bonheur qu'elle eût connu était celui de sa mère. Un faux bonheur que lui procuraient les pilules et l'alcool. Pourtant, elle était la meilleure mère qu'elle pouvait imaginer avoir.

Quand elle la perçut venir avec ces fournitures et ces décorations qu'elle leur avait achetées, elle imagina le temps qu'il lui avait fallu pour les choisir après avoir quitté la Suisse en trombe. Ce n'était que question de travailler pour son patron ou de vivre pour sa fille.

Une fois les mains vides, Tatiana la prit dans ses bras chauds, mais fatigués. Et puis, elle la regarda avec ses yeux vitaminés. Dylane les contempla, heureuse de la voir ici, pourtant, masquant ses larmes avec le même sourire qu'elle avait vu sa mère avoir pendant des années — probablement depuis les premiers souvenirs qu'elle avait d'elle.

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