3 - Loverboy

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Loverboy - A-Wall


J'ai toujours été fasciné par les femmes.

Déjà gamin, j'admirais celles qu'on croisait dans la rue, avec Math et ses parents. Je trouvais ça sublime, cette façon de marcher d'un air désinvolte, alors même que certaines étaient perchés sur des talons aussi hauts que douloureux.

Et s'il n'y avait que ça... Mais non, il y a aussi leurs parfums tous plus envoûtants les uns que les autres, les palettes de toutes les couleurs avec lesquelles elles se fardent les yeux, leurs rouges à lèvres aux nuances passionnelles, leurs rires, leurs regards...

Si je faisais pas mon métier actuel, j'aurais probablement bossé dans la mode féminine, ou peut-être même du maquillage. En fait n'importe où, pourvu que je puisse faire partie de leur monde.

Math m'a souvent charrié avec ça. N'empêche qu'il faisait moins le faire quand je me déguisais en meuf quand on était plus jeunes, et que j'étais franchement pas mal.

Mais bref.

Tout ça pour dire que c'est pour ces femmes que je bosse là où je suis : un bordel. Plusieurs, même. J'y participe pas personnellement, mais disons que c'est moi qui me charge que tout fonctionne bien, notamment niveau sécurité des employées.

Pour ça, j'ai fait la totale : gardes du corps, sonnettes discrètes, leçons de self-défense dispensées lorsqu'elles viennent d'être embauchées, et quelques caméras planquées dans les lieux communs – chaque femme connaît leurs emplacements.

J'ai des équipes qui font des recherches sur les clients qu'on a, histoire d'éviter les malades qui auraient le mauvais goût de vouloir maltraiter les employées. Bon, y en a toujours un ou deux qui échappent à nos radars, mais il se fait rapidement mater, et c'est ciao.

Des fois, certaines femmes refusent de bosser avec des mecs, parce qu'elles ne les sentent pas. Je m'énerve pas. Je vois pas tellement l'intérêt de leur imposer des abrutis qu'elles vont devoir supporter l'espace d'une heure ou plus. Dans ce cas, je me démerde pour que les types en question se découragent et quittent le bordel.

Faut dire que je sais me montrer persuasif.

Je dirais pas que c'est le paradis de bosser dans un de mes bordels – ou maisons, comme on les appelle. Mais j'essaie que ce soit aussi agréable que possible. C'est tout ce que je peux faire.

Après tout, être une pute n'est pas un choix pour toutes mes employées. C'est dommage, mais c'est ainsi que le monde marche : il faut de la thune.

Celles-ci, qui veulent se barrer dès qu'elles en auront l'occasion, je les traite avec la même attention que les autres. Ça reste des êtres humains, et puis c'est bien grâce à elles qu'on peut payer les locaux, les autres employés, et les diverses factures qu'on doit régler. Le seul truc que je leur demande, c'est de me prévenir. De pas se barrer sans un mot.

Dans la majeure partie des cas, elles respectent ma demande. C'est pas que je veux les tracer ou quoi, mais je préfère savoir quand j'ai des places de libre pour accueillir d'autres femmes qui voudront prendre leur place.

Mes journées se résument d'aller de maison en maison, régler les problèmes qui me sont signalés, prendre des nouvelles des employées et de tout le personnel qui les entoure, recruter des employées, et puis préparer des évènements auxquels certaines femmes participeront.

On dirait pas comme ça, mais les heures passent vite.

Je finis pourtant toujours crevé en rentrant chez moi, comme si ces lieux chargés d'érotisme aspiraient mon énergie rien qu'en les entretenant. Mais pour rien au monde j'arrêterais. À part si plus aucune femme ne voulait faire payer ses faveurs, évidemment.

𝐎ù 𝐦𝐞𝐮𝐫𝐞𝐧𝐭 𝐥𝐞𝐬 𝐜𝐨𝐫𝐛𝐞𝐚𝐮𝐱 - 𝐒𝐋𝐆Où les histoires vivent. Découvrez maintenant