NÉGUENTRIA (Les Transformés - Tome 1)

Chapitre 3

Après six bonnes heures de route, Athénaïs et Judicaël arrivèrent enfin au camping. Leurs amis les y attendaient déjà, s'ils en croyaient un message laissé par Varian sur leur conversation. Excités comme des puces, ils n'avaient qu'une seule hâte : serrer les trois autres dans leurs bras.

En plein après-midi, tous les visiteurs des Webofolies n'étaient pas encore arrivés ; Athénaïs put donc se garer non loin de l'entrée du camping. Son petit ami avait conduit sur la quasi-totalité du trajet et n'avait accepté de lui céder le volant qu'une heure plus tôt. Ils déchargèrent la voiture de Jude, et tandis que celui-ci se rendait à l'accueil pour remettre leurs billets de réservation aux employés du lieu, la jeune femme patientait dehors. Tout en surveillant du coin de l'œil leur montagne de sacs et de valises, elle faisait les cent pas pour se dégourdir les jambes, son portable à l'oreille. Elle avait composé le numéro de Varian. Celui-ci ne tarda pas à décrocher.

— Allô ?

— Hey ! C'est Athé !

— Oh, cool ! Vous êtes arrivés ?

— Ouais, Jude est à l'accueil du camping en train de gérer les papiers, je l'attends juste devant. On vous rejoint après. Vous êtes installés à quel emplacement ?

— Euh... je sais pas, je demande aux loulous.

Entre quelques bruits de parasitage, Athénaïs entendit Varian interroger le couple sur leur localisation exacte. Elle ne perçut pas leur réponse, mais entendit le sourire amusé dans la voix de son ami lorsqu'il la reprit au téléphone après un bref instant seulement :

— Ah, ben bougez pas, Liam est parti vous chercher. À tout de suite !

— À tout de suite !

Tandis qu'elle remettait son portable dans sa poche, Athénaïs balaya du regard l'étendue de verdure qui lui faisait face. Quelques arbres se dressaient çà et là, apportant un peu d'ombre sur une vaste pelouse bien verte, qui n'avait pas encore souffert du soleil d'été brûlant. Une petite rivière coulait non loin du camping. Elle occasionnerait sûrement son lot de piqûres de moustiques, mais apportait en contrepartie une ambiance agréable et relaxante, entre le clapotis de l'eau et les quelques coassements de grenouilles qui s'y faisaient entendre de temps à autre...

Plantées dans l'herbe à divers endroits, une quinzaine de tentes étaient déjà présentes. Si certaines peinaient à s'élever vers le ciel, d'autres terminaient au contraire de s'installer. Dans quelques heures, tous les visiteurs ou presque des Webofolies seraient là, et ce qui ressemblait encore à un petit champ vert et paisible deviendrait alors une marée ondulante de toiles multicolores et de fils traîtres que la nuit rendrait invisibles.

Toute à sa contemplation des lieux, Athénaïs sursauta lorsqu'un grand cri de joie lancé à travers le camping la tira soudain de ses pensées. Le hurlement d'allégresse provenait de derrière elle ; elle n'avait pas remarqué qu'une autre parcelle de terrain se tenait dans son dos, elle aussi prête à recevoir, le temps d'un week-end riche en émotions, ces joyeux campeurs fans d'internet et de jeux vidéo en tous genres.

— ATHÉÉÉÉÉ !

Athénaïs eut tout juste le temps de se retourner et d'ouvrir les bras pour recevoir contre sa poitrine, lancée vers elle à pleine vitesse, une femme au visage rayonnant de joie. Elle l'enlaça avec émotion et sourit à travers les mèches de cheveux noirs qui lui chatouillaient le nez.

— Salut, Liam !

— Salut, choupette !

Après s'être serrés l'un contre l'autre pendant de longues secondes, les deux amis s'écartèrent. Athénaïs eut tout le loisir de dévisager ce curieux bout de femme qu'elle avait toujours affublé de ce prénom masculin, sans aucune honte ni gêne.