NÉGUENTRIA (Les Transformés - Tome 1)

Chapitre 17

Athénaïs n'avait plus conscience de ce qui l'entourait. Elle flottait dans un univers parallèle, dépourvu de sons et de couleurs. Elle ne ressentait plus rien. Plus rien d'autre que ce vide béant, qui l'enveloppait et l'engloutissait tout entière dans un abîme sans fond.

La jeune femme remarqua à peine qu'elle était de retour dans sa cage, que Seth n'était pas venu cette fois, et que les araignées tisseuses de métal avaient reconstruit le grillage de sa prison avec des grincements stridents. Les arachnides étaient ensuite repartis. L'une des transporteuses avait propulsé son corps massif contre la porte pour la refermer complètement, les laissant plongés dans le noir. La pensée que Nova n'était plus là pour leur allumer la bougie envahit Athénaïs d'un seul coup. Elle hoqueta, le visage ruisselant de larmes.

Sitôt qu'elle fut capable de se déplacer, elle se traîna pitoyablement jusqu'à un coin de sa cage. Traumatisée, elle s'y recroquevilla en tremblant, comme un animal blessé que l'on pourchassait toujours. Ses jambes repliées contre elle, la jeune femme gémit sous la douleur lancinante que lui causait sa poitrine, due à ses points de suture tout juste noués. Agrippant ses genoux, la tête baissée, elle commença à se balancer d'avant en arrière sans plus réfléchir à rien. Son dos heurtait la paroi métallique derrière elle dans un cliquetis régulier. Répétitif. Obsédant.

Athénaïs était obnubilée par cette seule pensée : Nova était prisonnier. Nova n'était plus avec elle. Nova lui avait été arraché. Et c'était une part entière de son âme qu'il avait emporté avec lui. Une blessure profonde, intime, inexplicable, que personne au monde n'était capable de comprendre et de partager.

Personne, à part...

— Athénaïs...

Elle laissa échapper une plainte sourde, le cœur brisé en mille morceaux. Ç'avait été lui, le dernier à prononcer son prénom de cette manière, d'une voix déchirante emplie de compassion et de douleur...

Avec difficulté, Liam se mit à genoux. Il s'approcha de sa cage, collant presque son visage au grillage qui les séparait. À travers les interstices du métal, il observa son amie avec pitié, ses yeux de feu emplis de tristesse. Il savait exactement ce qu'elle venait de vivre. Ce qu'elle ressentait. Cette désorientation, cette sensation d'avoir une partie manquante, d'être coupé du monde, à des années-lumières du moment présent... Lui-même avait dû attendre plusieurs jours avant de parvenir à supporter cette perte. Et encore aujourd'hui, le vide était toujours présent.

— Athé, choupette... Parle-moi...

Seuls des sanglots bruyants lui répondirent, entrecoupés de reniflements. Liam soupira. Au bout de plusieurs minutes, le ton larmoyant de son amie finit par émerger avec peine.

Balbutiant. Perdu. Détruit.

— J... J'ai mal... Liam... Tellement...

— Je sais... Je sais, choupette.

— P... Pourquoi... il fait ça... ?

Le transgenre avala péniblement sa salive. Pendant ces moments qu'il venait de passer seul, d'anciens souvenirs étaient remontés à la surface de sa mémoire pour revenir le hanter. Il ne parvenait plus à les ignorer. Ils tournaient en boucle dans sa tête, à l'infini. Et plus le temps s'écoulait, plus la culpabilité l'étouffait. Il aurait dû arrêter Seth dès le début. Faire quelque chose. Mais comment aurait-il pu se douter, à l'époque, que la folie de l'Égyptien atteindrait de telles extrémités ?

— Seth a des Esprits, lui aussi.

— Quoi ?

Athénaïs avait légèrement relevé la tête et le dévisageait entre ses cheveux emmêlés. Mais ses iris bleus, malgré qu'ils soient grands écarquillés, scintillaient toujours d'un chagrin insoutenable.