𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝟕 - 𝑱𝒐𝒏𝒂𝒉

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La ville était encore endormie lorsque je claquais la porte de mon appartement ce matin-là. 

Ma nuit avait été courte, mais mon corps commençait doucement à se faire à ce drôle de rythme que je lui imposais jour après jour. 

J'enfourchais ma Yamaha à la lueur d'un réverbère et dans mon cœur, l'orage gronda.

Le ciel était voilé, l'air lourd, je savais ce que ça signifiait. 

Elle était de retour, la bête furieuse qui ricanait au creux de mes entrailles. 

Ce démon, je l'arborais de plus en plus souvent et je redoutais qu'à force de l'invoquer il finirait par remplacer celui que j'étais vraiment. 

Je jetais un dernier coup d'œil à l'heure affichée sur l'écran de ma montre digitale. Trois heures. J'avais plutôt intérêt à mettre le pied à l'étrier si je ne voulais pas finir comme ces types que je passais mon temps à défigurer. 

Malgré les menaces qui pesaient sur mes épaules, le réveil avait été plus difficile que d'habitude aujourd'hui. Rien à voir avec un manque de sommeil, ou avec mes cauchemars récurrents, non, je savais que cette ombre qui obscurcissait mes pensées était tout autre. 

Elle portait les traits du visage d'Amélie et je ne pouvais désormais pas m'empêcher de la voir partout où je posais les yeux. Cette photo d'elle m'avait retourné le cerveau.

 Il fallait que je me ressaisisse ! Ce n'était pas franchement le moment d'être candide. 

J'étais impitoyable, cruel, sadique, j'étais le traqueur. 

J'étais un monstre, un barbare sans cœur. 

Je resserrais ma prise sur le guidon en me répétant cette litanie débile qui, contre toute attente, m'aidait à rester dans mon rôle. J'avais mis plus de huit mois à confectionner ce masque dur et froid, il était hors de question que je laisse de bons sentiments le détruire. Il était hors de question que je la laisse accaparer mes pensées. 

Je venais de dépasser le panneau de sortie d'agglomération et j'en profitais pour faire vrombir le moteur de ma moto. Bientôt, les champs d'orge et d'or remplacèrent les allées goudronnées autour de moi. 

La chaussée était large, les virages traîtres et malgré le danger qui me guettait, je me laissais aller en roue libre sur les sillages de cette route que je connaissais par cœur. 

Ces quelques minutes d'égarement faisaient parties intégrantes de mon nouveau quotidien, elles étaient un souffle de vie, de mort aussi. Dans le calme de la nuit, mes ruminations me rappelaient sans cesse que mes repères n'étaient plus que des souvenirs et mes proches, des fantômes.

Red Lightning Strike | Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant