La curiosité est un défaut mortel et Amélie en a fait les frais.
Contrainte d'oublier ce qui, des mois après, hante encore ses nuits, la jeune femme tente, tant bien que mal, de se reconstruire et de laisser le passé là où il est.
Mais alors qu'el...
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L'eau froide s'infiltrait dans mes poumons sans que je ne puisse lui faire barrage. Je sentais le liquide sombre se déverser en moi, me remplir jusqu'à m'étouffer, mais je n'avais pas l'intention de lui céder.
Pas aujourd'hui.
Je continuais de m'enfoncer dans les abysses du canal avec la seule force de mes bras et le battement douloureux de mes pieds jusqu'à ce que sa voix me parvienne en écho. Elle m'encerclait sans que je ne puisse saisir ce qu'elle susurrait tout bas, mais j'aurais pu le reconnaître entre mille tant elle avait chatouillé mes oreilles ces huit derniers mois.
C'était sa manière à lui de me guider dans le noir quand toutes les étoiles autour de moi étaient éteintes.
Il finissait toujours par m'entraîner au même endroit, dans un espace vide que j'avais ironiquement surnommé la clairière, mais qui en réalité ressemblait davantage à un tombeau. Le sien, son nouveau chez lui, là où personne d'autre que moi ne pouvait venir lui rendre visite.
Je sentais son aura m'envelopper d'une force bienveillante. J'avais tellement envie de croire que tout ça était réel que je fermais mes paupières pour mieux me souvenir et lorsque je les ouvrais à nouveau, il était là, à quelques mètres de moi, son corps flottant entre le ciel et l'enfer de cette prison cristalline.
J'avais dû revenir plusieurs fois ici avant de trouver le courage de l'approcher et quand, enfin, je l'avais fait, je l'avais vu, tel qu'il était maintenant. Coincé entre deux mondes, pâle comme la mort, froid comme la glace, avec au fond de ses pupilles, un brin d'espoir hurlant à l'agonie.
Ce n'est que plus tard que j'ai compris la raison de ma venue ici. J'étais l'une des dernières personnes à l'avoir vu en vie et surtout, j'étais la seule qui continuait à l'entendre.
Ce lien, qui nous unissait même dans la mort, n'était pas anodin, c'était un signe.
Il fallait que je l'aide.
Déterminée, je plongeais dans sa direction et pressais sa main contre la mienne. A chaque fois, le contact avec sa peau froide m'électrisait un peu plus intensément.
La rencontre de nos deux chairs faisaient bien plus que de provoquer une étincelle, elle réunifiait le monde des morts et des vivants, bouleversait l'ordre naturel des choses.
Et pour ça, nous allions connaître un sort encore plus tragique que la mort. Pour ça, nous allions être maudits, condamnés à errer dans ce canal sans jamais en trouver la sortie.
Parce qu'en voulant sauver Niall, je croquais dans la pomme et me liais avec le serpent. Je volais un pouvoir qui me dépassait, celui de décider, qui, ici-bas, devait vivre ou mourir.
