La curiosité est un défaut mortel et Amélie en a fait les frais.
Contrainte d'oublier ce qui, des mois après, hante encore ses nuits, la jeune femme tente, tant bien que mal, de se reconstruire et de laisser le passé là où il est.
Mais alors qu'el...
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— Je crois que ce verre est assez propre, Amélie. Ça doit bien faire cinq minutes que tu t'acharnes à le faire briller.
Je levais la tête de l'évier en manquant de lâcher tout ce que j'avais dans les mains. Postée derrière le comptoir, Rubis me lorgnait d'un air curieux. Elle avait ramené ses longs cheveux auburn en une queue-de-cheval qui lui retombait dans le bas du dos.
— Ouais, j'essayais de... Enfin tu vois, faut chouchouter cette vieille vaisselle...
Rubis secoua la tête de gauche à droite, à croire qu'elle avait un radar à mensonges implanté dans le crâne.
— Je crois surtout que t'essayes d'éviter la jeune fille qui s'est assise au fond. Elle arrête pas de te regarder depuis avant.
Je fis mine d'être surprise, mais le regard de la belle brune me décontenança et je perdis tous mes moyens.
— Ouais, en fait, c'est assez gênant, on s'est pas vraiment reparlé depuis que...et je sais pas trop ce que je pourrais lui dire maintenant.
Après l'incident, je n'avais pas eu d'autre choix que d'ériger des murs entre moi et les autres. Ce n'était pas tant pour me protéger moi, mais plutôt, ceux qui m'étaient proche et que je risquais de mettre en danger si ma langue fourchait.
Mindy faisait partie de ces personnes dont j'avais dû m'éloigner du jour au lendemain, sans même donner d'explications. Je n'avais pas été là pour la soutenir quand le blond avait disparu, ni même pour fêter nos résultats du baccalauréat et le début de nos nouvelles vies d'étudiante. Je m'étais contentée de rester en retrait, parce que je savais qu'au moment où elle poserait les yeux sur moi, je verrais le blond au fond de ses pupilles et je craquerais.
Pour elle non plus, je n'avais pas été une amie digne de ce nom, pour personne en fin de compte. J'avais simplement compté les jours jusqu'à ce que la fin du lycée arrive et nous sépare tous. C'était beaucoup plus simple comme ça, de partir sans avoir à dire aurevoir.
Mais la recroiser ici, aujourd'hui, après tout ce temps et surtout après ce que j'avais fait, ou plutôt, ce que je n'avais pas fait, me laissait perplexe.
— Ecoute, je sais que c'est difficile pour toi avec ce qui est arrivé à Niall, reprit Rubis en s'appuyant contre le comptoir, mais tu pourras pas vivre éternellement comme ça, dans ta bulle, en marge du monde...
Tout ce que Rubis savait de l'affaire, c'était ce qu'elle en avait lu dans les journaux et ce que j'avais bien voulu lui dire, mais malgré ça, elle arrivait toujours à trouver les bons mots. Plus d'une fois elle avait séché mes larmes dans les vestiaires sans me demander d'explications en retour et je lui en étais reconnaissante.
