𝑪𝒉𝒂𝒑𝒊𝒕𝒓𝒆 𝟗 - 𝑻𝒓𝒂𝒗𝒂𝒊𝒍 𝒅'𝒆́𝒒𝒖𝒊𝒑𝒆

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Je me garais contre la façade mauve avant de gravir les quelques marches menant aux vestiaires.

Mes mouvements activèrent les plafonniers et mon regard s'arrêta sur l'horloge fissurée suspendue au-dessus des porte-manteaux muraux. J'avais dix minutes d'avance, un détail qui, je l'espérai, me ferait gagner des points dans l'estime du vieil Armand. Ça n'avait pas été facile de le convaincre de me prendre à l'essai, alors, il fallait que j'assure. 

J'enfilais mon tablier et vis que celui d'Amélie était encore suspendu à côté du mien. Mon corps se raidit en repensant aux larmes de rage qui avaient dévalé ses joues la veille. Qui étais-je pour lui infliger ça ? Je lui avais tout pris de sa vie d'avant, même son sourire et de ses yeux rieurs, il ne restait qu'une ombre, celle de mes démons. 

Mes doigts effleuraient son prénom, brodé au fil jaune dans le tissu sombre lorsque je vis une enveloppe nacrée dans la poche avant.

La curiosité l'emporta sur tout, même sur ma prudence. Je m'emparais de la missive avant de venir me figer en découvrant les quelques mots qui la noircissaient. Ils organisaient une fête pour Niall. Une vague de tristesse m'envahit jusqu'à remplir mon cœur et mes mains devinrent moites sur le papier glacé. 

Si seulement j'avais pu soulager cette culpabilité qui me rongeait l'âme, l'envoyer balader le temps d'une journée... 

Des pas retentirent dans le vestibule et bientôt, la porte des vestiaires s'ouvrit. J'eus juste assez de temps pour glisser la lettre dans mon tablier. 

Monsieur Armand se tenait devant moi avec son antique costume marron. Il me salua d'une poignée de main. Sa fine moustache et ses petites lunettes lui donnaient vraiment des airs de papi gâteau. 

Vu qu'il n'y a pas foule à cette heure-ci, je vais vous demander de nettoyer la réserve. Je compte sur vous pour que ça brille, hein ! Travail d'équipe, ajouta-t-il les pouces levés.

Je remarquais seulement maintenant qu'Amélie se tenait derrière lui et à en croire le regard assassin qu'elle m'adressait, elle n'avait aucune envie de récurer cette pièce avec moi. 

Mais je ne pouvais pas lui en vouloir, pas après tout ce que je lui avais fait endurer.

La mort, le deuil, autant de souffrances indélébiles qui se lisaient sur son visage. Elle était comme moi désormais, marquée d'une cicatrice éternelle que même le temps ne pourra pas adoucir. 

Une cicatrice du cœur. 

— Je vais chercher les seaux. 

Sa voix fluette me ramena sur Terre. Combien de temps j'étais resté comme ça, à la reluquer ?  Trop longtemps à en croire sa grimace. 

Red Lightning Strike | Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant